La laïcité dans tous ses états Commentaire de l’émission « Répliques » du 12 novembre 22 par André PERRIN
Les méfaits de la pédophilie ecclésiale et du cléricalisme.
par
“L’Église a instauré la loi du secret qui dépasse le silence entourant le fonctionnement de ses institutions. Elle savait que le secret fait partie intégrante du mode opératoire des prêtres pédophiles. L’Eglise a nié et minimisé l’ampleur des agressions sexuelles sur mineurs tant en nombre, qu’en gravité, en contournant, et déviant la notion de crime en choisissant de parler plutôt de pédérastie et d’homosexualité. L’Église a appliqué de manière inconsidérée le pardon, en ne plaçant pas l’abus sexuel comme un crime. L’Église ne pourra en finir avec la pédophilie, tant qu’elle attirera en son sein des individus immatures psychiquement et sexuellement, et tant qu’elle continuera à entretenir et à développer, dans le modèle clérical, le fantasme de la toute puissance divine. C’est l’archaïsme de l’Église qui favorise les abus sexuels et spirituels, car ces deux types d’abus sont la conséquence d’un même rapport malsain du pouvoir et du sacré. L’Église n’en finira avec les abus sexuels et spirituels que lorsqu’elle s’ouvrira à la démocratie, et qu’elle fera sa réforme notamment dans le domaine de la sexualité. Elle en finira avec ces maux, lorsque son fonctionnement interne cessera de renforcer les tendances à l’immaturité psychologique et spirituelle de ses clercs…” (Cf. l’article de Christian Terras en cliquant ici . Il est également accessible à l’URL : https://www.goliaseditions.fr/2021/10/05/rapport-sauve-comment-leglise-catholique-a-instaure-la-loi-du-secret/
Plus récemment le 2 novembre 2022, Golias a fait paraître, dans le prolongement de cet article fondateur, un ouvrage collectif écrit sous la direction de Christian Terras et intitulé :
« Rapport Sauvé : l’évangile de la honte »
Selon Golias, “L’Église a appliqué de manière inconsidérée le pardon, en ne plaçant pas l’abus sexuel comme un crime. L’Église ne pourra en finir avec la pédophilie, tant qu’elle attirera en son sein des individus immatures psychiquement et sexuellement, et tant qu’elle continuera à entretenir et à développer, dans le modèle clérical, le fantasme de la toute puissance divine. C’est l’archaïsme de l’Église qui favorise les abus sexuels et spirituels, car ces deux types d’abus sont la conséquence d’un même rapport malsain du pouvoir et du sacré. L’Église n’en finira avec les abus sexuels et spirituels que lorsqu’elle s’ouvrira à la démocratie, et qu’elle fera sa réforme notamment dans le domaine de la sexualité. Elle en finira avec ces maux, lorsque son fonctionnement interne cessera de renforcer les tendances à l’immaturité psychologique et spirituelle de ses clercs » URL : https://www.golias-editions.fr/produit/rapport-sauve-levangile-de-la-honte/
On rappellera à ce propos que si :
– Evangile équivaut en matière de foi chrétienne, à « Bonne Nouvelle, annonce du salut du monde offert en Jésus-Christ; vie et enseignement du Christ par les Apôtres »
– Honte peut signifier un « Trouble de l’âme causé par la crainte du déshonneur », la honte est quelquefois la conscience d’une action qui dégrade l’homme dans sa propre estime ; elle peut être aussi la crainte de recevoir un blâme mérité ou non, la vexation d’être désapprouvé, et par conséquent elle peut se soumettre soit aux préjugés dominants soit aux lois morales permanentes, aux exigences de l’honnêteté ou à celles des usages (voyez Trench, Synonymes du Nouveau Testament, paragraphe XIX).
– Le pape François lui-même clamait sa honte : après avoir fait part (mardi )de son « immense chagrin », le souverain pontife a exprimé mercredi « sa honte », à la suite de la publication d’un rapport accablant sur la pédocriminalité au sein de l’Église de France. Dévoilées par une commission indépendante, les conclusions de l’enquête estiment à 216 000 le nombre de mineurs sexuellement agressés par des clercs ou religieux en France depuis 1950. Cf.l’URL : https://www.france24.com/fr/france/20211006-p%C3%A9docriminalit%C3%A9-au-sein-de-l-%C3%A9glise-j-ai-honte-dit-le-pape-fran%C3%A7ois
Quoi qu’il en soit , Il est assuré que l’intitulé retenu par Golias qui, sur le plan de la foi chrétienne, peut revêtir un caractère oxymorique est de nature à susciter tant l’intérêt que l‘indignation du bon sens commun.
Pour clore ce nouveau chapitre de turpitudes ecclésiales on rappellera que l’Eglise ne pourra s’exonérer des taches indélébiles de la pédophilie érigée en système qu’en s’ouvrant aux vertus et à la pratique de la démocratie . Les citoyens émancipés et épris de liberté de ce pays appellent de leurs vœux un tel changement .
Faut-il enfin rappeler que :
1. Avoir honte de changer , c’est avoir honte d’être humain,
2.Le sage a honte de ses défauts mais n’a pas honte de s’en corriger,
3. Ne pas avoir honte de sa faute, c’est la commettre deux fois,
Transcendantale, la laïcité est ou n’est pas !
L’adjectiver nuit à son essentialité
au sein de
nos institutions républicaines.
Parmi les termes de la langue française celui de « laïcité» est connu pour faire l’objet de qualifications extrêmement variées, celles-ci reflétant les choix philosophiques, spirituels (ou) politiques tant d’adeptes- nouveaux venus dans le champ de la laïcité- que de faux amis du principe républicain sous-tendu.
Le terme laïcité vient du grec laïcos (λαϊκὸς), lui-même issu de laos (λαὸς), « qui est du peuple ». Il désigne le cadre juridique d’une société qui refuse la tutelle d’une religion sur les affaires publiques et qui respecte la liberté de conscience, les lois des hommes primant sur celles des religions. Ainsi la laïcité est-elle la condition première de la démocratie : affaiblir l’une revient à fragiliser l’autre. Cf.http://publictionnaire.huma-num.fr/notice/laicite/
Baubérot J., 2008, Une laïcité interculturelle.Le Québec, avenir de la France ?, La Tour-d’Aigues, Éd. de l’Aube. Baubérot J., 2015, Les 7 laïcités françaises, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l’homme. Briand A., 1905a, Rapport fait le 4 mars 1905 au nom de la commission relative à la séparation des Églises et de l’État et de la dénonciation du Concordat chargée …
publictionnaire.huma-num.fr
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-La laïcité est un principe démocratique en tant qu’elle prend en compte la multiplicité des aspirations individuelles ;
-La laïcité est un principe républicain en tant qu’elle prend en compte l’unité nécessaire du corps social autour de valeurs et principes de la République.” Cf. https://www.actu-juridique.fr/administratif/libertes-publiques-ddh/le-principe-de-laicite-une-invention-francaise-ignoree/
Ceci étant posé on découvrira ci-dessous quelques unes des épithètes usitées pour qualifier la laïcité; celle qui est censée avoir cours dans toutes nos institutions républicaines . On peut ainsi à l’envi voir affubler laïcité de qualificatifs aussi divers que :
“Ouverte, inclusive, à la française, française, nouvelle, tout court, plurielle , positive, négative, restrictive , stricte , séparative, apaisée, identitaire, d’ouverture, de fermeture, de progrès, simple, dure, orthodoxe, néo-républicaine, aménagée, accommodée, républicaine, instrumentalisée, édulcorée, militante, de combat, anticléricale, dégradée, advenant, advenue, rigide, intransigeante… » (liste non exhaustive, ndlr ! )
A l’instar de J-P Brighelli ( In Liberté, Egalité, Laïcité, Hugo DOC, 2015)on considérera ici qu’adjectiver la laïcité revient à la trahir en la faisant dissoudre dans le « grand bain des communautarismes et des religions. » et qu’à force de l’aménager , de l’ouvrir et de lui donner une géométrie variable afin de l’accommoder aux lubies des diverses communautés, elle se trouve vidée de son sens » ;
Il s’agit donc de revenir à une laïcité sans adjectif car, selon H. Pena Ruiz, le mot (intraduisible) et lui seul est en l’occurrence suffisant ! De surcroît comme l’écrit Caroline Fourest IN Génie de la Laïcité ; (Grasset, 2016) « la laïcité n’a ni à s’ouvrir, ni à se fermer, ni à s’accommoder, ni à s’arc bouter. Elle doit simplement rester fidèle à son histoire et à l‘esprit de ses fondateurs ».
« Ni capitulation, ni persécution » disait Ferdinand Buisson !
La laïcité qui fut donc qualifiée de positive par certains vient de faire l’objet d’une nouvelle mise au point dans un article de Catherine Kintzler intitulé :
Publié dans Mezetulle le 30 octobre 2022 ledit article souligne que :
« En parlant de « laïcité positive » le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye reprend un terme fréquemment utilisé pour réclamer à la laïcité – qu’on juge rigide et trop intransigeante – des « accommodements », une « ouverture »1. Ce terme, que Nicolas Sarkozy avait cru bon de promouvoir à plusieurs reprises2, suggère par lui-même l’aspect politique qui gouverne son emploi. L’adjectif « positive » induit en effet un champ sémantique où prendrait place, à l’opposé, une « laïcité négative » qu’il s’agirait de combattre, de réduire et peut-être même d’effacer3. Mais la thèse d’une « laïcité négative » ne tient pas debout : car la laïcité a posé plus de libertés que ne l’a jamais fait aucune religion. On n’a pas à demander à la laïcité d’être « positive » : c’est aux religions qu’il appartient de le devenir en renonçant à leurs prétentions à l’exclusivité intellectuelle et politique.
Examinons donc ce que certains appellent hâtivement un concept : la notion de « laïcité positive ». De quelque côté qu’on la prenne, on débouche sur un vide intellectuel »
Les visiteurs de ce site pourront consulter, en cliquant ici, l’article de Catherine Kintzler.
On retiendra , à l’instar de Caroline Forest , que le génie de la laïcité réside dans le fait que c’est la seule lumière capable de nous éloigner de l’obscurantisme. Selon elle :
-la laïcité (non qualifiée) nous protège ;protégeons la !
-la laïcité nous permet de nous aimer ; aimons la passionnément et faisons la aimer !
Que Catherine Kintzler soit chaleureusement remerciée de nous autoriser à reproduire et à représenter son article original.
Constitutionnaliser la laïcité
Déjà en 2017, Catherine Kintzler proposait d’inscrire dans la Constitution de notre République, les principes de la loi de 1905 (https://www.mezetulle.fr/constitutionnaliser-3-principes-de-loi-de-1905/) dans un article intitulé :
Constitutionnaliser 3 principes de la loi de 1905
On lira la suite en se rendant à l’adresse : :https://www.slate.fr/story/138932/constitutionnaliser-loi-1905.
Catherine Kintzler précisait d’emblée : « Vouloir constitutionnaliser un texte législatif, c’est considérer que ce texte dit quelque chose de fondamental sur la nature de l’association politique » . Puis elle poursuivait : « Supprimer de l’article premier de la Constitution une proposition difficile à comprendre et y insérer à la place trois propositions claires inspirées des deux premiers articles de la loi du 9 décembre 1905 permettrait de préciser le caractère «laïque» et «indivisible» de la République. »
Sa contribution s’achevait ainsi : « La conséquence la plus spectaculaire de cette proposition est l’abandon des dispositions particulières en vigueur provisoirement en Alsace-Moselle et dans certains territoires ultra-marins. Un tel abandon, qui devrait se faire progressivement en respectant les droits des personnels religieux actuellement rétribués par l’État, réunifierait la République «indivisible». Mais la vertu principale du texte ainsi modifié apparaît si on suppose cette étape acquise: expliciter la laïcité de la République par un minimalisme fondateur et libérateur ».
On comprend aisément que des juristes puissent s’approprier et investir une telle problématique et que l’on peut donc découvrir à ce propos un article tel celui de Mathieu Touzeil-Divina publié en 2018 et intitulé :
« Un principe latitudinaire et non constitutionnel de laïcité ? »
Il s’agit d’un chapitre de l’ouvrage : « La territorialité de la laïcité » de Mouannès Hiam que l’on pourra consulter à : La territorialité de la laïcité [en ligne]. Toulouse : Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, 2018 (généré le 31 octobre 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/putc/5675>. ISBN : 9782379280719. DOI : https://doi.org/10.4000/books.putc.5675.
Il y apparaît notamment que : « l’objectif poursuivi est simple : il s’agit d’exposer (sinon de rappeler) qu’à de nombreuses reprises (encore aujourd’hui) le principe pourtant dit constitutionnel de laïcité s’est effacé et s’efface encore derrière une Loi, un règlement voire un usage comme si la valeur normative et dite suprême de ce dernier s’effaçait ou était – selon les territoires – à géométrie variable : latitudinaire. Les exceptions, qui déconstruisent le principe, s’avèrent alors historiques et, d’un point de vue formel, généralement législatives même si quelques usages ne le sont même pas . Enfin, force est de constater que la plupart (mais non la totalité) des exceptions sont surtout – ce que l’Histoire explique – dues à des traditions ou à des pratiques issues du Concordat . »
Si les joutes électorales sont passées, la constitutionnalisation de la laïcité n’est point intervenue . Aussi n’est-il pas surprenant de voir réapparaître la question dans notamment ufal-INFO, le magazine de l’Union des Familles Laïques sous la forme d’un article de Charles Arambourou en date du 29 octobre 2022 intitulé :
Constitutionnaliser la laïcité ? Oui, mais pas n’importe comment.
Selon l’auteur : « Le média en ligne Opinion internationale du 16 octobre 2022, date anniversaire de l’assassinat de Samuel Paty, a publié un appel, accompagné d’une proposition de loi constitutionnelle
On lira cependant avec intérêt le texte de Charles Arambourou en cliquant ici .
Que les responsables de ufal-Info qui nous ont autorisé à le reproduire pour le représenter sur ce site en soient chaleureusement remerciés.
Turpitudes cléricales (suite) et miscellanées ecclésiales de l’automne 2022.
Les visiteurs intéressés pourront consulter , en cliquant ici, le fichier PDF correspondant.
Pour sauvegarder notre Ecole Républicaine : Refonder et non Réformer
Condorcet, l’instruction publique et la naissance du citoyen,
Quatrième édition de l’ouvrage de Catherine Kintzler (Minerve, 2022)
En 2016, Marie Perret concluait un article paru dans Humanisme 2016/1 (N° 310), 112-113 dévolu à la 3è édition de l’ouvrage de Catherine Kintzler par ce propos :« Parce que Condorcet fut un grand intellectuel et un intellectuel qui n’eut pas peur de descendre dans l’arène politique pour dissiper les préjugés et lutter contre toutes les formes d’obscurantismes, y compris les plus insidieuses, la lecture ou la relecture de l’ouvrage de Catherine Kintzler est plus que jamais revigorante. » Cf. https://www.cairn.info/revue-humanisme-2016-1-page-112.htm
Minerve, éditeur de la 3è édition, la présentait ainsi : « Troisième édition, revue et corrigée ; parce qu’il s’interroge sur les effets de la liberté politique, Condorcet construit le concept de l’école républicaine. Faute de lumières et de pensée réflexive, un peuple souverain est exposé à devenir son propre tyran, et le progrès n’est pour lui qu’un processus d’étouffement ; il ne peut être vraiment libre que par la rencontre avec les objets du savoir désintéressé formant l’humaine encyclopédie.
Il appartient à la puissance publique d’organiser une telle rencontre afin que chacun soit capable de se soustraire à l’autorité d’autrui et de s’engager sur le chemin de sa propre perfectibilité. L’égalité prend alors sa forme la plus accomplie : l’excellence et la distinction des talents”. « Lire Condorcet, c’est reprendre possession d’une théorie de l’école profondément ancrée dans une philosophie de la liberté. La puissance de la pensée classique est d’une grande actualité : elle permet de mesurer combien les « réformateurs », depuis des décennies, se sont acharnés à éloigner l’école d’une telle hauteur de vue.”
On ne manquera pas de rappeler ici d’autres analyses publiées à cette époque car elles soulignent le caractère fondateur du LIVRE de Catherine Kintzler . Ainsi :
1. Celle de Nadia Fartas ( Hypothèses,2016) sous l’intitulé révélateur : « Condorcet, l’instruction publique et la naissance du citoyen, de Catherine Kintzler : le droit à l’égalité, le droit à la connaissance » (URL : https://commencer.hypotheses.org/397). On y relève notamment : « l’ouvrage que Catherine Kintzler consacre au philosophe et mathématicien est capital par les éclairages conceptuels qu’il vise. Il s’avère particulièrement précieux pour qui veut appréhender d’un point de vue philosophique les débats et les problèmes actuels… ».
2.Celle de l’Union Rationaliste (Cahier Rationaliste n°639, 2015 ) qui tout en remerciant Catherine Kintzler de lui avoir permis de reproduire cette réflexion extraite de son blog Mezetulle.net reprenant un article paru dans Marianne du 6 au 12 novembre 2016, dossier consacré à “Condorcet, le professeur de liberté” mettait en exergue que: « l’ouvrage consacré au philosophe et mathématicien est capital par les éclairages conceptuels qu’il vise. Il s’avère particulièrement précieux pour qui veut appréhender d’un point de vue philosophique les débats et les problèmes actuels qui portent sur la citoyenneté, l’identité, ou la transmission. La raison, le progrès, l’égalité et le citoyen prennent consistance sous l’angle de la théorie de l’Instruction publique conduite par Condorcet »
Dans un texte d’une densité rarement égalée en la matière on relève, pour la part qui nous concerne plus directement :
« Le concept d’instruction publique a pour fonction philosophique d’assurer l’articulation entre la souveraineté populaire et la légitimité des décisions issues de cette souveraineté. Il s’agit bien de l’instruction en ce sens que la question de l’erreur y est décisive”.
« Trois idées accompagnent continuellement cette théorie de l’instruction publique :
-Aucune réalité sociale n’a par elle-même de légitimité et ne peut se présenter comme fin politique. Il faut à une collectivité humaine quelque raison plus forte que sa propre existence de fait pour s’arroger le droit de faire des lois et d’être obéie.
-Le seul motif légitime pour lequel on puisse exiger l’obéissance et la soumission d’un être humain devant une décision est la probabilité qu’a cette décision d’être nécessaire et d’être vraie. Cette probabilité doit et peut s’établir. Aucun homme ne peut être tenu par une erreur.
-L’évitement de l’erreur étant la condition essentielle de la liberté, il est nécessaire d’instruire chacun. Ce qui soulève la question : de quoi faut-il instruire, dont dépend la question : comment instruire ? »cf. l’URL : https://union-rationaliste.org/condorcet-linstruction-publique-et-la-pensee-politique/
4. Pour finir, l’analyse de l’ouvrage présentée par la FNAC en 2015 retient aussi l’atten tion : « La laïcité est une idée à la fois simple et difficile – ce n’est pas incompatible. C’est paradoxalement sa pauvreté (son minimalisme) qui en fait la puissance. Il ne sert à rien de dire qu’elle est abstraite : son efficacité concrète s’apprécie à la quantité de liberté qu’elle rend possible. C’est ce qu’on essaie de montrer en examinant les questions « de terrain » qui ont jalonné les deux dernières décennies, entre autres : qu’est-ce que l’extrémisme laïque ? Comment la laïcité a-t-elle été offerte en cadeau à l’extrême droite ? L’interdiction du masque intégral est-elle d’inspiration laïque ? La liberté des cultes requiert-elle un soutien public ? Une entreprise peut-elle revendiquer la laïcité ?Y a-t-il une « spiritualité laïque » ? Autant d’occasions pour l’auteur de tester une théorisation générale et d’élargir la réflexion par des échappées philosophiques sur la nature du lien politique, les formes de la liberté, la notion de communauté, l’identité, la notion de position critique, le statut de la culture, celui de la morale et de la perfectibilité » (Cf. L’URL : https://livre.fnac.com/a6573962/Catherine-Kintzler-Penser-la-laicite
Sur ces bases consolidées, les visiteurs de ce site pourront consulter, en cliquant ici , l’annonce de la 4è édition de cet ouvrage essentiel, annonce faite par l’auteure elle-même le 30 septembre 2022 , dans son Blog revue Mezetulle. L’article en question s’intitule :
« Condorcet, l’instruction publique… » de CK, 4e édition
Que Catherine Kintzler soit assurée de notre profonde reconnaissance pour son soutien porté par la qualité de sa pensée et de ses écrits et pour nous autoriser à les reproduire sur ce site.
Refonder l’Ecole de la République
Consulter le fichier PDF en cliquant ici
La religion de la laïcité Il faut cesser de croire que la laïcité garantit l’égalité des sexes
Agir et lutter pour la sauvegarde de l’Ecole ; institution publique, gratuite, obligatoire et laïque
En l’absence de volonté politique affirmée en ce sens il s’agit , pour mieux les combattre , de connaître les démarches de ses détracteurs, contempteurs et autres nostalgiques cléricaux et réactionnaires qui s’exprient dans tous les medias. En d’autre termes, il est urgent de rester bien informé des projets déconstructionnistes, promoteurs de la décadence de l’Ecole, de prendre la mesure du mal , de s’y opposer et de prôner la refondation de l’Institution.
Pour y contribuer, les visiteurs trouveront ici une sorte de florilèges de textes récents concernant ce domaine, produits par d’éminents pédagogues , politologues et autres « journalistes spécialisés » et quelques articles fondateurs pour la refondation nécessaire.
1. En juin 2022 Natacha Polony ,consacrant un éditorial à la question, écrivait : » Pour l’heure, aucun programme politique ne semble avoir pris la mesure de l’effondrement qui se joue et que les Français ressentent dans leur chair, dans celle de leurs enfants. Entre ceux qui projettent de poursuivre les délires pédagogiques, ceux qui rêvent de « rationaliser » encore à coups de fermetures d’établissements et de coupes budgétaires, rien ne laisse entrevoir la refondation des institutions de la nation. » (Marianne, 9-15 juin 2020). Elle notait par ailleurs, dans le même journal, le 9 septembre 2010 : « Si nous voulons que notre école n’ajoute pas au malheur du monde, quand elle devrait au contraire contribuer à le combattre, il faut (sans doute) retrouver cette certitude que le savoir libère les hommes en les inscrivant dans une continuité, celles des hommes qui les ont précédés, et dans une communauté, celle de la société dont ils partagent les valeurs. »
2. Pendant ce temps Anne Coffinier sur le site « créer son école », rien de moins, site d’ une association apolitique et aconfessionnelle loi 1901 à but non lucratif qu’elle a fondée en 2005 et qu’elle préside depuis lors, l’ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm et de l’Ecole Nationale d’Administration, fait valoir que : «l’observation des modèles éducatifs étrangers et l’étude de l’histoire l’ont convaincue que l’essor des écoles libres hors contrat pourrait beaucoup apporter aux enfants et à la France». Créer son école se donne pour but de renouveler le paysage éducatif en facilitant, aux côtés des écoles publiques et sous contrat, l’émergence et le développement de structures éducatives innovantes (en particulier des classes et écoles hors contrat), qui aident le système éducatif à gagner en justice et en efficacité)(sic ! ndlr). Adepte des écoles dites indépendantes, Anne Coffinier considère que l’Ecole -selon le modèle de la 3è République et des Républiques suivantes- est morte sachant que le gouvernement reconnaît que l’école républicaine n’est plus à la hauteur tout en interdisant l’école à la maison et pénalisant les écoles indépendantes dont le succès pourtant ne cesse de croître » Cf. l’URL :https://creer-son-ecole.com/qui-sommes-nous/#mission.
3. En parallèle Adélaïde Motte dans un article intitulé : »LOCALES, BILINGUES, D’EXCELLENCE : LES ÉCOLES INDÉPENDANTES ONT LE VENT EN POUPE » publié le 15 septembre 2022 proclame que « La rentrée est l’occasion de voir de nouvelles écoles « hors contrat », dites aussi indépendantes, sortir de terre et proposer des pédagogies différentes, adaptées à des enfants porteurs de handicap, donnant plus de place au bilinguisme ou à la nature ou, tout simplement, portant vers l’excellence. Malgré les différents coups de butoir gouvernementaux, le nombre de ces établissements continue à croître ». Cf.l’URL : https://fr.irefeurope.org/publications/articles/article/locales-bilingues-dexcellence-les-ecoles-independantes-ont-le-vent-en-poupe/
4. De son côté Jean-Paul Brighelli, , dans son ouvrage intitulé « La Fabrique du crétin – Vers l’apocalypse scolaire » publié aux éditions l’Archipel en mars 2022 revient sur l’effondrement du niveau scolaire en France. Selon l’analyse de l’ouvrage par Babelio : « Pourquoi l’Éducation nationale a-t-elle autorisé les dérives successives qui ont amené à l’apocalypse scolaire ? Quinze ans après La Fabrique du crétin (160 000 ex vendus), Jean-Paul Brighelli poursuit la réflexion et dresse un bilan alarmiste, sans langue de bois dela mort programmée de l’école. L’École de la transmission des savoirs et de la formation des citoyens est à l’agonie. Elle accomplit aujourd’hui ce pour quoi on l’a programmée voici un demi-siècle : adaptée aux nécessités du marché, elle fabrique à la chaîne une masse de consommateurs semi-illettrés et satisfaits d’eux-mêmes. Soucieuse d’élaborer enfin l’égalité promise par la République en nivelant par le bas, elle a réussi à détruire ce que la France avait mis deux cents ans à élaborer ».
En réalité, Jean-Paul Brighelli revient au chevet de l’École et la trouve plus mal en point que jamais. Collège unique, pédagogism méthode globale, regroupement familial, laïcité à géométrie variable… les causes sont nombreuses, et l’action du ministre Jean-Michel Blanquer – dont il dresse aussi un bilan contrasté – n’a pu empêcher la déroute, surtout en temps de Covid.
Aujourd’hui, l’École est au pied du mur : elle sera » soit l’instrument d’une dissolution dans l’individualisme et le communautarisme, soit l’outil d’une résurrection « . Est-il trop tard pour réagir ? » Cf. l’URL : https://www.babelio.com/livres/Brighelli-La-fabrique-du-cretin-tome-2/1405475
Pourquoi l’Éducation nationale a-t-elle autorisé les dérives successives qui ont amené à l’apocalypse scolaire ? Quinze ans après La Fabrique du crétin (160 000 ex vendus), Jean-Paul Brighelli poursuit la réflexion et dresse un bilan alarmiste, sans langue de bois.
www.babelio.com
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L’ancien professeur de français prétend qu’on « a fait de l’école d’excellence à la française quelque chose qui n’est même pas en milieu de tableau, quelque chose d’absolument dérisoire » et déclare« toute réforme de l’école ne portera ses fruits que 10 ou 15 ans plus tard. Il faut avoir un projet politique global sur la longue durée, ce qui n’est pas du tout dans les gènes(sic ! ndlr) du système actuel où l’on navigue à vue en donnant des primes aux uns et aux autres ». Selon lui ; «L’École de la République n’a pas dysfonctionné: elle accomplit ce pour quoi on l’a programmée…»
5. On glose aussi largement sur les vertus de l’IEF pour « instruction en famille » sachant toutefois que : « à la suite de la promulgation de la loi n° 2021-1109 du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République, il ne pourra être dérogé à l’obligation de scolarisation obligatoire dans un établissement scolaire public ou privé de l’ensemble des enfants soumis à l’obligation d’instruction (enfants âgés de trois à seize ans), que sur autorisation délivrée par les services académiques, pour des motifs tirés de la situation de l’enfant et limitativement définis par la loi. »(Cf.https://www.education.gouv.fr/l-instruction-dans-la-famille-340514)
6. On rappelle aussi, à ceux qui l’ignorent, l’existence de différents courants d’éducation alternative : Montessori, Steiner-Waldorf, Freinet, Education démocratique, Forest school, Homeschooling, Ecole alsacienne… Cf. l’URL : https://www.educationalternative.fr/ecoles-alternatives/
7. On mentionnera enfin, pour mémoire, l’omniprésence des écoles hors contrat ( M-E Pech, Marianne, 15-21 septembre 2022, 1331,32-33) , celle des écoles privées confessionnelles dites libres sous contrat. Tout ceci pour ceux qui feignent d’en douter : la liberté de l’enseignement existe en France et d’aucuns ont su l’exploiter pour occulter le bien commun et constituer une sorte d’auberge espagnole éducative qui n’a pas tardé à engendrer l’illettrisme ( environ 2,5 millions de français y sont confrontés !) , à surcreuser les inégalités et à provoquer l’effondrement de l’école émancipatrice de la République. Etait-ce le but recherché pour faire triompher l’obscurantisme ?
8. Il n’est pas question ici d’être exhaustif sur une matière aussi foisonnante et disparate qui ne manque pas de renvoyer au proverbe des Femmes Savantes de Molière : « qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » . Ce serait rendre un fier service aux destructeurs de l’Ecole publique et à ceux dont le projet fin, selon certains, consisterait à déstabiliser la République et ses institutions.
On se plaira plutôt à souligner, s’il en est encore temps, que dès 2016, Christian Gaudray intitulait l’éditorial du journal d’information de l’union des familles laïques (ufal INFO) :
« La République au péril de son école »,
un titre prémonitoire de notre présente indignation . Les visiteurs de ce site pourront en prendre connaissance, en cliquant sur Document 1 . A l’époque il s’agissait de tenter de circonscrire une ambition pour l’école de demain ; l’urgence de cette tâche demeure et ne cesse de s’accentuer ; lescommentaires précédents en attestent largement.
Dans le même journal Jean-Marie Kintzler et Marie Perret présentaientt une table d’orientation pour « mieux comprendre les débats sur l’école » (voir leur article de 4 pages en cliquant successivement sur Document 2.1, 2.2, 2.3 et 2.4.
En l’état actuel des lieux il est clair qu’ils n’ont pas été entendus. Il importe de le rappeler . Ils notaient « l’école va mal, aussi est-elle l’objet d’inévitables affrontements . Faisons un effort de prise de distance; mettons entre parenthèses les passions qui attisent et alimentent le conflit. On fera alors un premier constat : les débats se laissent schématiser à un système bipolaire, à un conflit entre deux conceptions de l’école. D’un côté les partisans du modèle adaptatif, de l’autre ceux du modèle républicain ».
On voit bien l’urgence qu’il y a d’agir pour que l’Ecole publique ne s’arrête jamais et pour que le pouvoir politique se donne les moyens ,dans une option délibérément républicaine, d’arrêter son délitement, pour la préserver comme un trésor national, de façon à la renforcer, la moderniser, la réorganiser si nécessaire afin de lui conserver sa valeur sociale et son pouvoir émancipateur .
C’est notre bien commun conçu et mis en oeuvre par ses pères fondateurs, un bien venu de loin arraché aux griffes des cléricaux et des réactionnaires . Ne cédons pas sous les coups de ses contempteurs de tous horizons et sous leurs allégations outrancières.