Le substantif laïcité et le triptyque emblématique de la devise républicaine.

“La devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité » est née de la Révolution de 1789. Mais c’est seulement à partir de 1848 qu’elle devient la devise officielle de la République.

L’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 déclare que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Principes à valeur constitutionnelle, ils sont protégés et limités dans des cas strictement encadrés par la loi

La fraternité est absente de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Elle apparaît pour la première fois dans les textes en novembre 1848, puis dans les Constitutions de 1946 et 1958.Cette notion renvoie à la solidarité (aides sociales, par exemple) et au « vivre ensemble » (tolérance, respect de l’autre).

La fraternité a longtemps été considérée comme une simple valeur morale contrairement aux principes de liberté et d’égalité.

Le Conseil constitutionnel a consacré la « valeur constitutionnelle du principe de fraternité » dans une décision sur le délit de solidarité envers les migrants.” (Cf. l’URL :https://www.vie-publique.fr/dossier/276089-liberte-egalite-fraternite)

 “Les principes fondamentaux de la République se traduisent par des droits intangibles, à la fois politiques et sociaux, qui ont été reconnus aux citoyens par les différents régimes républicains. 

L’article 1er de la Constitution s’inscrit dans ce cadre puisqu’il proclame que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale« .

« Une République indivisible » : aucune partie du peuple, ni aucun individu, ne peut s’attribuer l’exercice de la souveraineté nationale. Seul le peuple exerce cette souveraineté par la voie de ses représentants (ex : les députés) ou du référendum. L’unité et l’indivisibilité garantissent une application uniforme du droit sur l’ensemble du territoire national.

Le caractère laïque de la République découle à la fois du principe de la liberté de croyance et du principe d’égalité des citoyens devant la loi et implique la séparation des Églises et de l’État. Aucune religion n’a ainsi de statut privilégié au sein de la République et chaque individu se voit garantir la liberté de ses opinions et de sa foi.

Le caractère démocratique de la République implique le respect des libertés fondamentales et la désignation des différents pouvoirs au suffrage universel (ouvert à tous les citoyens majeurs), égal (chaque électeur dispose d’une voix) et secret (chacun vote librement à l’abri de toute pression).

Enfin, le caractère social de la République résulte de l’affirmation du principe d’égalité. Il s’agit de contribuer à la cohésion sociale et de favoriser l’amélioration de la condition des plus démunis.”(Cf. l’URL:https://www.vie-publique.fr/fiches/19562-quels-sont-les-principes-fondamentaux-de-la-republique-francaise)

 Ainsi le terme de laïcité est apparu, comme l’indiquent   P. Baudouin et S. Bessis  (2010) « plus tard renforcer la trinité première, il pose la question différemment, certains s’interrogeant sur sa capacité à s’adapter au phénomène nouveau de la diversité culturelle qui imprègne la société française, au même titre que l’ensemble des sociétés européennes. Tout le monde, en principe, aspire à plus de liberté, d’égalité, de fraternité. Il est en revanche des franges non négligeables de la population qui ne s’accommodent pas de la laïcité et qui s’essayent à sortir la religion du domaine privé pour restaurer sa place dans l’espace public. Leur contestation est d’autant plus vive que la laïcité telle qu’elle est entendue en France est une spécificité qu’elle ne partage  pas » nécessairement -et c’est bien dommage- avec tous les pays européens et bien d’autres  pays dans le monde ( cf. l’URL: https://www.cairn.info/revue-apres-demain-2010-1-page-24.htm ).

 Cependant le renforcement noté par ces auteurs, considéré ici  comme nécessaire et salutaire à différents égards, ne semble pas de nature -au moins sur le plan formel- à remplacer le   triptyque L,E,F par un algorithme à quatre éléments (L,E,F,L) introduisant une rupture dans le classement des  valeurs signifiées, les 3 premières s’adressant aux citoyens de la République la dernière  relevant des principes essentiels  de la Constitution.

 Cette situation a interpellé la philosophe  de la Laïcité, Catherine Kintzler, qui vient de publier le 16 décembre 2021 dans son Blog-revue Mezetulle une mise au point à ce sujet . Elle éclaire tant sur  la valeur symbolique des composants du triptyque que  sur celle du principe fondateur de laïcité  et conduit cette auteure à conclure  que l’adjonction du terme de laïcité  à notre devise  ne peut être d’actualité.

 Les visiteurs intéressés par ce débat et surtout par sa signification fondamentale et politique  pourront consulter l’article  de C. Kintzler  . Il s’intitule :

Faut-il ajouter « Laïcité » à la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » ?

Ils  pourront  y accéder en cliquant ici ou en se rendant à l’URL :https://www.mezetulle.fr/liberte-egalite-fraternite-laicite/

 
Que Catherine Kintzler soit remerciée de nous autoriser à reproduire cette   contribution .