Une saine “respiration laïque” ne peut conduire à un intégrisme laïque contraire à la liberté d’expression.

Encore faut-il savoir ou vouloir bien respirer ! Dans le domaine des rapports et des systèmes sociaux  on sait que   la liberté est  à la fois la respiration de la conscience et l’oxygène vital qui aère et ventile cette conscience  (Cf.https://www.cnrtl.fr/definition/respiration#:~:text=f%C3%A9m.-,RESPIRATION%2C%20subst.,de%20respirer%2C%20mani%C3%A8re%20de%20respirer.).

En réalité en tant que physiologiste et à l’instar de Catherine Kintzler on affirmera  sans ambage qu’en matière de laïcité la fonction respiratoire est essentielle et qu’une  société démocratique de progrès ne peut s’en passer sauf de faire le choix des effets délétères de l’anoxie … voire ceux définitifs de  l’asphyxie.  

Selon le propos de C.Kintzler,  philosophe de référence en la matière(DDV-682; mars 2021), la laïcité et sa bonne pratique républicaine résultent de l’articulation harmonieuse de  deux principes ; la neutralité et la liberté d’expression . Il s’agit  » D’une part,  ce qui participe de l’autorité publique (législation, institutions publiques, école publique, magistrats, gouvernement…) s’interdit toute manifestation, caution ou reconnaissance en matière de cultes, de croyances et d’incroyances – c’est le principe de laïcité stricto sensu. De l’autre, partout ailleurs y compris en public, dans l’infinité de la société civile (la rue, les moyens de transport, les espaces commerciaux…) et bien entendu dans l’intimité, la liberté d’expression s’exerce dans le cadre du droit commun.”(https://www.leddv.fr/analyse/la-dualite-du-regime-laique-20210305

Déjà  en 2015, elle écrivait dans Le Monde : » le régime laïque installe une dualité qui traverse la vie de chacun et rend concrète une respiration redoutée par l’intégrisme. D’une part, le principe de laïcité proprement dit applique le minimalisme à la puissance publique et à ce qui participe d’elle : on s’y abstient de toute manifestation, caution ou reconnaissance en matière de cultes, de croyances et d’incroyances. Mais d’autre part ce principe d’abstention, ce moment zéro, n’a de sens qu’à libérer tout ce qu’il ne gouverne pas : l’infinité de la société civile, y compris les lieux accessibles au public, jouit de la liberté d’expression et d’affichage dans le cadre du droit commun. Sans cette dualité, la laïcité perd son sens. » (https://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/30/contre-l-integrisme-choississons-la-respiration-laique_4566781_3232.html)

 C. Kintzler le martelait  en 2018: »Le régime de laïcité est difficile à comprendre, car il articule deux principes. D’une part l’idée selon laquelle ce qui participe de l’autorité publique s’abstient au sujet des croyances et incroyances – c’est le principe de laïcité stricto sensu. Mais il ne faut pas oublier l’autre aspect, qui donne sens au principe précédent et qui est conditionné par lui : partout ailleurs y compris en public, c’est la liberté d’expression qui s’exerce dans le cadre du droit commun. La méconnaissance (parfois volontaire) de cette dualité entraîne des malentendus et des dérives (Cf.C. Kintzler : « La respiration laïque permet à chacun d’échapper au lissage de sa vie » (Le Figaro, 9 jan. 18) 

 
Quelles que soient les difficultés pour se faire entendre en la matière-tout particulièrement en cette période de joutes électorales,  C. Kintzler revient à la charge  fort à propos ( nous saluons sa démarche courageuse) par la mise en ligne  ce 18 avril 2022 dans son blog revue Mezetulle de l’article intitulé  :

 

 La dualité du régime laïque

L’expression « intégrisme laïque » a-t-elle un sens ?

Les visiteurs de ce site et parmi eux les amoureux de la laïcité pourront en prendre connaissance en cliquant ici

Il y apparaît, en bon accord avec ce qui précède, que : « La laïcité de l’association politique construit un lien disjoint des liens communautaires existants ; elle installe un espace zéro, celui de la puissance publique, laquelle s’abstient en matière de croyances et d’incroyances et se protège des croyances et incroyances. Mais le régime laïque ne se réduit pas au seul principe de laïcité ; il repose sur une dualité. D’une part ce qui participe de l’autorité publique (législation, institutions publiques, école publique, magistrats, gouvernement…) s’interdit toute manifestation, caution ou reconnaissance en matière de cultes, de croyances et d’incroyances – c’est le principe de laïcité stricto sensu. De l’autre, partout ailleurs y compris en public, dans l’infinité de la société civile (la rue, les moyens de transport, les espaces commerciaux…) et bien entendu dans l’intimité, la liberté d’expression s’exerce dans le cadre du droit commun. Sans cette dualité, qui produit ce que j’appelle la respiration laïque, la laïcité perd son sens ».

A l’évidence, il s’agit d’assurer la continuité de cette fonction respiratoire.
 
Que Catherine Kintzler soit chaleureusement remerciée pour nous autoriser ce nouvel emprunt.