Périls sectaires en 2022 ou « Les lumières à l’ère numérique »

A force de pandémie, de complotismes divers  et de préoccupations électoralistes on les avait oubliés… Cependant dès le 17 octobre   2021 Marianne titrait sous la plume de Thomas Rabino :

« Ubérisation, Youtube, bienveillance des élites… Les habits neufs du péril sectaire »

et rappelait que : “Passées au second plan depuis la crise sanitaire, les dérives sectaires persistent et même mutent à bas bruit. Un livre enquête signé par notre collaborateur Jean-Loup Adénor et par le journaliste Timothée de Rauglaudre le démontre implacablement. Au terme d’une année d’enquête, les  deux journalistes posent une question qui résonne comme un constat : « La République a-t-elle déposé les armes face au phénomène sectaire ? »

L’ampleur et la gravité  de ces dérives faisant fi de la Raison , de la Science et du Progrès social apparaissent dans un résumé publié par Decitre  pour présenter l’ouvrage  :

“Enquête inédite sur les dérives sectaires d’aujourd’hui. Près d’un demi-million de Français vivent aujourd’hui sous emprise sectaire, souvent au péril de leur intégrité physique et mentale. Pourtant, depuis dix ans, la puissance publique a baissé la garde face à un phénomène toujours plus fragmenté et difficile à cerner. De la scientologie aux Témoins de Jéhovah en passant par l’anthroposophie, connue pour ses écoles alternatives, des mouvements historiques sont devenus de véritables multinationales, parfois assez influentes pour faire pression sur la sphère politique.En parallèle, une myriade de nouveaux mouvements ont proliféré sous des formes plus pernicieuses, tirant profit eux aussi de la vulnérabilité des personnes : gourous évangéliques promettant richesse ou guérison miraculeuse, pseudo-thérapeutes foisonnant sur les réseaux sociaux,  » antivax  » intégristes ou New Age… A travers un état des lieux alarmant étayé par des dizaines de témoignages de victimes de quinze mouvements différents, cette enquête inédite démontre l’ampleur du phénomène sectaire en France et la complaisance croissante des élites économiques et politiques.” ( URL :https://www.decitre.fr/livres/le-nouveau-peril-sectaire-9782221255322.html)

Déjà  L’Humanité du 20 juin 2009 donnait l’alerte :  « D’après le dernier rapport de la MIVILUDES, la France compterait aujourd’hui environ 600 mouvements sectaires, contre 200 il y a quinze ans. Comment expliquer cette hausse ? Qu’en est-il donc aujourd’hui ?”.   L’Humanité posait la question de savoir comment lutter contre la prolifération des mouvements sectaires (URLhttps://www.humanite.fr/node/419248).

Une douzaine d’années plus tard , La Croix du  12 janvier 2022 titrait  :

Rapport Bronner : « Le Covid-19 a révélé des formes de complotisme dans certaines franges catholiques »

“Chargée par l’Élysée d’étudier la propagation des discours complotistes, la commission Bronner rend aujourd’hui son rapport. Auteurs du Nouveau Péril sectaire (1), les journalistes Jean-Loup Adenor et Timothée de Rauglaudre racontent comment la pandémie de Covid-19 et la vaccination ont mis en lumière le complotisme dans certains milieux minoritaires chrétiens (URL:https://www.la-croix.com/Debats/Rapport-Bronner-Le-Covid-19-revele-formes-complotisme-certaines-franges-catholiques-2022-01-12-1201194438)

Qu’en est- il du côté de la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires ), d’autant que ses missions paraissent bien cadrées  et définies par un décret de 2002. Il s’agit de :

-observer et analyser le phénomène des mouvements à caractère sectaire dont les agissements sont attentatoires aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales ou constituent une menace à l’ordre public ou sont contraires aux lois et règlements ;

-favoriser, dans le respect des libertés publiques, la coordination de l’action préventive et répressive des pouvoirs publics à l’encontre de ces agissements ;

-développer l’échange des informations entre les services publics sur les pratiques administratives dans le domaine de la lutte contre les dérives sectaires ;

-contribuer à l’information et à la formation des agents publics dans ce domaine ;

-informer le public sur les risques, et le cas échéant les dangers, auxquels les dérives sectaires l’exposent et de faciliter la mise en œuvre d’actions d’aide aux victimes de ces dérives ;

-participer aux travaux relatifs aux questions relevant de sa compétence menés par le ministère des affaires étrangères dans le champ international.

L’état annuel du phénomène sectaire est publié dans un rapport, et sa mission d’information l’amène aussi à publier des guides spécifiques ;cf. fr.wikipedia.org/wiki/Mission_interministérielle_de_vigilance_et_de_lutte_contre_les_dérives_sectaires)

Qu’en est-il du rapport Bronner mentionné?: 

On sait que « Le Président de la République a reçu mardi 11 janvier 2022 la commission « Les Lumières à l’ère numérique » présidée par Gérald Bronner qui lui a remis son rapport.; cf.

Composée de 14 membres, universitaires, journalistes, associatifs, historiens, cette commission s’est penchée sur le défi posé par Internet pour notre démocratie et notre accès à l’information. Elle a procédé à une centaine d’auditions dont l’ensemble des représentants des grandes plateformes numériques mais aussi des lanceurs d’alertes comme Frances Haugen.

Ce travail s’inscrit dans la continuité d’actions engagées pour réguler les grandes plateformes d’Internet et civiliser ces espaces publics, notamment en luttant contre le développement de la haine sur les réseaux sociaux »;cf.l’URL :https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2022/01/11/remise-du-rapport-de-la-commission-bronner

 Cependant  et malgré l’importance des travaux réalisés; le compte n’y est pas  et la Ligue des Droits de l’Homme communiquait  sur ce point dès le  27décembre 2021  :

“D’après le site internet de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), sur la base du travail réalisé par les commissions d’enquête parlementaires, notamment à partir des informations émanant des services de renseignement, on peut estimer aujourd’hui en France à 500 000 le nombre d’adeptes de mouvements sectaires et à 60 000 à 80 000 le nombre d’enfants élevés dans un contexte sectaire. Le phénomène est d’importance et dans ces temps de crises et de pandémie, il continue de progresser sournoisement dans des formes renouvelées.

Depuis vingt ans, l’Etat dispose, avec la Miviludes et son équipe dédiée, d’un outil unique pour évaluer et suivre le risque de dérive sectaire et agir contre sa propagation avec des succès significatifs. Cependant l’engagement de la puissance publique doit être à la hauteur des enjeux et des menaces.

Si sa dimension interministérielle a été formellement maintenue après la décision du gouvernement en 2021 de la retirer de l’autorité directe du Premier ministre, son positionnement désormais comme service du ministère de l’Intérieur sous la responsabilité du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) reste regrettable et pointe ses limites.    

L’extension et la diversification constatées des phénomènes sectaires méritent un effort public significatif, des moyens identifiés accrus tant en nombre de fonctionnaires affectés à plein temps sur ses missions, qu’en budget de fonctionnement pour permettre un travail efficace de terrain en lien avec tous les acteurs concernés et à l’écoute des victimes.

Au vu des budgets prévus par la loi de finances 2022, le compte n’y est pas. Le million d’euros affecté en 2021 aux soutiens des associations engagées à la lutte contre les dérives sectaires est a minima à reconduire face aux besoins croissants. De plus, sauf à obérer sa capacité d’action, les moyens humains et financiers directement affectés à la Miviludes sont très insuffisants pour corriger les sous-effectifs actuels, renforcer ses services et permettre un meilleur fonctionnement.

Parce qu’il est urgent de se mobiliser, les organisations signataires demandent au gouvernement de corriger sa copie et de donner plus de forces à la lutte contre les dérives sectaires; cf. l’URL :https://www.ldh-france.org/miviludes-le-compte-ny-est-pas/)

 Il est donc tout à fait légitime  de s’interroger de nouveau sur l’évolution du fléau  sectaire dans notre société et sur les moyens à mettre en oeuvre pour l’endiguer . Il s’agit pour le moins de rester informé  et c’est ce qui est proposé aux lecteurs de ce site qui pourront consulter en cliquant ici un article à ce sujet publié dans Golias News du 3 mai 2022 sous la plume de Philippe Ardent.  Il est intitulé :

 

“Enquête sur le nouveau péril sectaire”

 

et révèle que :« Si l’Eglise catholique disparaissait, qu’adviendrait-il à sa place ? Le marché des nouvelles propositions religieuses est en plein essor. L’enjeu financier est énorme, mais entre spiritualité frelatée sinon délirante, gourous en roue libre et emprises en tous genres, les dommages collatéraux risquent d’être énormes. Actuellement, 500 000 personnes seraient « concernées » par le phénomène d’emprise sectaire selon la Miviludes, Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. » 
Que Christian Terras, Rédacteur en chef à Golias soit remercié d’autoriser ce nouvel emprunt .