Les Curés et la Liberté de l’Ecole

M. Eon, avocat général, à la Cour de Cassation et Conseiller général d’Ille-et-Vilaine, vient de publier la lettre suivante dans le Républicain de St-Malo.
Ils vont bien les curés. Qui donc écrivait un jour, qu’on ne devait la liberté qu’à la liberté !

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Archidiocèse de Rennes St-Ouen-de-Rouërie
Paroisse de St-Ouen-la-Rouërie*

ce samedi

Père et mère Legrand,

Ma surprise a été grande de savoir que vous avez enlevé votre petite fille de l’école Sainte-Marie et cela sans motif, sans raison. Vous êtes indépendants et non fonctionnaires comme d’ autres, aussi je veux mettre sous vos yeux les conséquences de votre démarche malheureuse : 1° D’abord pour ce fait, vous vous excluez de la réception des sacrements de l’Eglise l’un et l’autre ; 2° Vous exposez votre enfant à ne pas recevoir la science religieuse et compétente pour sa vie chrétienne ; 3° Vous avez le devoir de rendre les livres que vous avait prêtés l’Ecole Ste-Marie dont je suis responsable ; 4° Du même coup vous vous fermez la bourse de tous les honnêtes gens dont vous avez usés (sic) jusqu’ à ce moment : 5° Enfin vous devez savoir que le dimanche votre enfant n’a pas le droit à la tribune de l’église réservée aux enfants de l’Ecole libre, et par faveur, aux enfants de fonctionnaires. C’est vous dire que la surveillance vous incombe totalement.

De tous ces points, il faut conclure que vous eussiez bien fait de prendre conseil de vos meilleurs amis, sans écouter ceux qui vous promettent monts et merveilles le plus souvent sans y tenir.

Rien n’est encore perdu si vous voulez écouter la voix de votre conscience et revenir sur votre décision hâtive et malheureuse ; et vous sauverez ainsi votre honneur et votre consolation pour le temps et l’éternité.

Je vous salue, Votre pasteur,

Signé : R. BREVAULT
Curé de St-Ouen-la-Rouërie.
D’après le Citoyen n°7 (5è année, 15 février 1913)
*Saint-Ouen-la-Rouërie (35460), petite commune au nord-est de l’Ille-et-Vilaine.