Savoir nommer les choses essentielles : Définition de la laïcité par Ferdinand Buisson (1911)
Les visiteurs pourront consulter en cliquant ici ce texte fondateur paru il y a 110 ans dans le Nouveau Dictionnaire de Pédagogie et d’Instruction primaire (Editions Hachette). Il conserve toute sa lisibilité et son actualité en 2021. Selon F. Buisson le néologisme était nécessaire car « aucun autre terme ne permettait d’exprimer sans périphrase la même idée dans son ampleur « . On était bien loin des sept laïcités françaises de Jean Baubérot (2015)! (cf. https://journals.openedition.org/lectures/18666 )
Il est rappelé, à la suite de Anne-Claire Husser (2014), que : « Ferdinand Buisson joua un rôle majeur dans la définition du cadre de la laïcité scolaire française il y a plus d’un siècle, à une époque où il n’était pas encore question d’enseigner le fait religieux à l’école mais plutôt de ramener les religions dans la sphère privée pour affirmer l’indépendance des institutions publiques à l’égard des Églises. Nommé directeur de l’instruction primaire par Jules Ferry en 1879 et ayant continué à exercer ces fonctions durant près de dix-sept années, Buisson présida non seulement à la mise en place des grandes lois scolaires dans les années 1880, mais il contribua plus largement à façonner l’école laïque de la fin du 19è siècle et du début du 20è par son action administrative, son implication dans la formation des maîtres, sa présence au sein des grandes associations républicaines comme la ligue de l’enseignement ou la ligue des droits de l’homme ainsi que par sa réflexion pédagogique. »cf.(https://www.cairn.info/revue-histoire-monde-et-cultures-religieuses-2014-4-page-29.htm)
Le décret et l’arrêté Berthelot du 18 janvier 1887 .
Faisant suite à la Loi Goblet du 30 octobre 1886 de laïcisation de l’école publique , ils constituent les actes réglementaires de la réorganisation de l’enseignement primaire qui en résulte. Ils sont pris par Marcellin Berthelot (chimiste et physiologiste végétal) devenu ministre de l’Instruction publique le 11 décembre 1886. Ce dernier dédiait ses démarches scientifiques et philosophiques au « culte de la vérité pure ».
Les visiteurs intéressés pourront consulter ces textes fondateurs en suivant les liens :
1. Grévy Jules. 18 janvier 1887. Décret organique de l’enseignement primaire. In: La petite enfance à l’école, XIXe-XXe siècles. Paris : Institut national de recherche pédagogique, 1982. pp. 190-195. (Bibliothèque de l’Histoire de l’Education, 1);
https://www.persee.fr/doc/inrp_0000-0000_1982_ant_1_1_3582
2. 44. 18 janvier 1887 : Arrêté ayant pour objet l’exécution de la loi organique de l’enseignement primaire. In: L’enseignement du Français à l’école primaire – Textes officiels. Tome 2 : 1880-1939. Paris : Institut national de recherche pédagogique, 1995. pp.
127-140. (Bibliothèque de l’Histoire de l’Education, 5);
Leur attention est plus particulièrement attirée sur les articles 89 …100 de l’arrêté, art. relatifs aux écoles normales primaires.
Loi Goblet : loi de laïcisation du personnel enseignant, loi de séparation de l’église et de l’école publique. (30 octobre 1886)
» La Loi portant sur l’organisation de l’enseignement primaire du 30 octobre 1886, dite » Loi Goblet » (d’après le nom du ministre de l’Instruction publique de l’époque) est une des grandes lois éducatives françaises. Elle prolonge les Lois Jules Ferry en confiant à un personnel exclusivement laïque l’enseignement dans les écoles publiques. Elle remplace les instituteurs religieux des congrégations enseignantes. Elle redéfinit aussi l’organisation de l’enseignement primaire. Elle renforce l’intervention de l’État dans l’organisation de l’enseignement élémentaire et en fonctionnarisant les instituteurs ».
D’après Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_Goblet.
Cette Loi de 1886 constitue un point de repère essentiel dans le processus de laïcisation en marche depuis 1880. Grâce à elle « la République a pu achever la réforme scolaire et affirmer le droit de la liberté contre le privilège de l’Église » : « l’école neutre assure pour l’avenir le triomphe définitif de la démocratie ».
Les visiteurs intéressés pourront consulter , en cliquant ici, un document comportant :
A. Un texte de présentation générale de la Loi Goblet,
B. Des extraits du rapport Ferrouillat de transmission au Sénat du projet de Loi de Jules Ferry ,
C. La transcription du texte intégral des 68 articles, tels qu’ils furent publiés au JO du 31 octobre 1886,
D. La reproduction de la caricature relative à la promulgation et à la mise en application de cette Loi, publiée dans Le Grelot du 7 novembre 1886.
L’Ecole Jules-Ferry (EJF): Ecole normale de l’Enseignement colonial (1902-1912)
D’une pérennité limitée cette école, sans murs, avait vocation à former des « instituteurs coloniaux » ou missionnaires laïques devant exercer dans les école publiques des colonies françaises et dans les écoles de la Mission Laïque Française (MLF)à l’étranger.
Dans les colonies, l’enseignement officiel ne fut organisé qu’à une date relativement récente. Il varie avec les lieux et les circonstances. Il est donné tantôt par un personnel recruté sur place, tantôt par un personnel emprunté aux cadres de la métropole, et régi, soit par les décrets des 16 juin 1899 et 4 février 1906, soit par le décret du 30 octobre 1902, suivant qu’il s’agit, ou non, des instituteurs.
L’initiateur de la MLF fut Pierre Deschamps (1873-1958) , Directeur de l’Enseignement à Madagascar. Association créée en 1902, elle avait vocation à « maintenir et étendre l’influence française dans nos colonies et à l’étranger », en propageant l’enseignement laïque. Ses Statuts, votés le 2 juin 1902, stipulaient notamment :
-Pour la formation des instituteurs et des institutrices qui se destinent à
l’enseignement, soit dans les écoles publiques des colonies, soit dans les
établissements créés ou encouragés par la Mission laïque, il est fondé à Paris une
École normale, relevant directement de l’Association et appelée École Jules-Ferry.
-L’enseignement qui y est donné est conçu de manière que les futurs instituteurs
coloniaux puissent être à la fois des éducateurs au courant des conditions de
pédagogie indigène, et des auxiliaires éclairés de l’oeuvre colonisatrice ; aussi son
programme comprend, en outre de l’étude des méthodes de l’enseignement
colonial, des cours d’agriculture coloniale, de médecine pratique, de langues
indigènes, de travaux techniques ; il est essentiellement tourné vers les applications
pratiques, en vue de l’action immédiate.
Le premier directeur e l’EJF fut Laurent Devina, lui-même Directeur de l’Ecole normale primaire d’Auteuil. Les cours, donnés 7 jours sur 7 dans les locaux de la MLF aux instituteurs et institutrices sélectionnés, duraient 10 mois. La promotion 1904-1905 fut baptisée « Promotion Paul Bert ».
Cette politique de formation d’instituteurs « coloniaux » ne fut pas reconduite à la fin de la Grande Guerre.
Les visiteurs intéressés pourront consulter, à ce propos, l’article de Gérard Vigner écrit en 2015 :
Gérard Vigner : « L’École Jules-Ferry, école normale de l’enseignement colonial: une formation pour apprendre à enseigner dans les colonies(1902-1912) », in :
Documents pour l’Histoire du Français Langue Etrangère ou Seconde( SIHFLES), 55, 2015, 57-82, accessible à l’URL suivante :
http://journals.openedition.org/dhfles/4273
L’extension considérable de l’espace colonial français à la fin du XIXe siècle, conduit les autorités françaises à créer en 1894 un ministère des Colonies, chargé de donner cohérence à l’action politique et administrative de la France dans ses colonies. La même année est fondée l’École coloniale dont la mission sera de former les administrateurs et les magistrats ayant …
journals.openedition.org
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Que le rédacteur en chef de Documents SIHFLES soit remercié de nous avoir autorisé à orienter les visiteurs vers le lien donnant accès à l’article mentionné.
Reconstruire la République laïque!
Tel est l’intitulé du manifeste qui fut publié le 4 novembre 2020 par 23 Associations dont on trouvera la liste ci-dessous. On y affirmait :
-que l’Ecole Laïque et Républicaine est et demeure le creuset de la République,
-qu’aucun accommodement circonstanciel ne permet de substituer l’interconvictionnalité à la laïcité,
-qu’au lieu de prôner l’écriture de nouvelles lois aux titres fallacieux il importait d’enfin constitutionnaliser la loi du 9 décembre 1905,
-qu’il était essentiel de former des maîtres pour en refaire les hussards noirs de la République laïque et non des animateurs prêchant un « vivre ensemble » inconsistant,
-que la laïcité reste le principe émancipateur des temps présents.
Les visiteurs intéressés pourront consulter, en cliquant ici, le manifeste en question .
Il fut validé par 23 associations regroupées au sein d’ un Collectif Laïque National ( cf. le lien :contact@collectif-laique-national.org).
La déclaration internationale sur la laïcité au 21è siècle !
Signée en 2005 par 250 intellectuels de 30 pays différents, lors du centenaire de la Loi de Séparation de 1905, elle fut rédigée pour la majeure partie par Roberto Blancarte (Mexique) ,Micheline Milot (Canada) et Jean Baubérot (France). Quinze ans après, elle conserve une pleine actualité et mérite d’être remise à l’ordre du jour de façon à la rendre universelle.
Constituée d’un préambule et de 4 titres couvrant 18 articles dévolus à la laïcité, elle en énonce les principes fondamentaux , se propose comme référentiel des Etats de droit, définit les débats sociétaux qui en relèvent et souligne son intérêt pour relever les défis du 21è siècle.
Au-delà de la Séparation des Eglises et des Etats et de la neutralité de ceux-ci, la laïcité y apparaît comme institutrice non seulement de libertés comme la liberté de conscience mais aussi d’égalité entre tous le citoyens quelles que soient leurs distinctions de foi et de convictions
Les visiteurs de ce site pourront consulter le document 1 correspondant au texte élaboré en 2005.
Ce texte donna lieu à des remarques et commentaires y compris de la part de certains de ses signataires . On pourra s’en rendre compte en visualisant le document 2 présentant un article paru à ce propos dans le Journal Le Monde du 9 décembre 2005.
Puisse cette déclaration contribuer à éviter les » crispations et phobies »(Jean Baubérot) qui entourent le plus souvent la recherche de solutions pertinentes aux défis actuels de nos sociétés.
Document 1. Déclaration universelle sur la laïcité au 21è siécle.
Document 2. Déclaration universelle sur la laïcité : quelques commentaires.
9 décembre 2020 Célébrons le 115 è anniversaire de la Loi de Séparation des Eglises et de l’Etat et Exigeons sa mise en application sur tout le territoire de la République.
Dans le contexte des évènement dramatiques ayant récemment ébranlé les fondements mêmes de nos préceptes républicains et celui des menaces incessantes relatives aux libertés fondamentales acquises au débit de la 3è République les visiteurs pourront consulter, en cliquant ici un article explicite sur les enjeux et défis du moment à cet égard.
Intitulé » La loi de 1905 a 115 ans » et rédigé par Pascal Langlois militant au CREAL (Comité de Réflexion et d’Action Laïque de Seine Maritime), il interpelle sur les dangers d’une revision du texte de la Loi au prétexte d’avant-projets aux libellés aussi énigmatiques que : « loi sur les séparatismes » , « loi confortant les principes républicains » ou autres n’ayant pour vocation que de semer la confusion.
Il s’agit, plus simplement, de réclamer, selon des cheminements démocratiques, des moyens accrus pour faire appliquer la Loi de 1905 avec toute la rigueur nécessaire de façon à faire respecter ses dispositions sur la police des cultes (Titre V, Art. 25 à 36), l’incitation à la haine et toutes les discriminations.
Que Pascal Langlois soit remercié pour sa contribution fondatrice et pour nous avoir autorisé à la reproduire en vue de sa mise en ligne sur ce site.
La réponse indignée et pleine d’humanisme de notre Doyen Pierre Hénaff à la décapitation sauvage de Samuel PATY
Ancien élève-maître de la Promotion EN AVANT à l’ENG de Quimper (1942-1945), notre grand ami P. Hénaff , atterré par l’évènement, nous fait part de son témoignage tout imprégné des vertus de la Science et du Rationalisme aux racines de sa liberté d’expression et de son humanisme qu’il ne cesse d’exercer sans relâche.
Il nous incite à observer que l’Homme ne tire que rarement de leçon(s) de l’histoire récente et nous renvoie aux fameux propos de Voltaire selon lesquels :
-« La tolérance n’a jamais excité de guerre civile alors que l’intolérance a couvert la terre de carnages ».
-« Le fanatisme est un monstre qui ose se dire le fils de la religion ».
Ainsi à l’instar de P. Hénaff et de son cursus hors normes, il paraît opportun de rappeler, en pareilles circonstances, l’adage de Balzac :
« Pour l’homme, le passé ressemble singulièrement à l’avenir. Lui raconter ce qui fut, n’est-ce pas presque toujours lui dire ce qui sera ? ».
Les visiteurs de ce site ne manqueront pas de consulter, en cliquant ici, le factum de notre collègue . Qu’il soit chaleureusement remercié pour sa contribution éclairée.
Ferdinand Buisson , l’apôtre de la Laïcité et de l’Ecole laïque
« C’est bien de proclamer la République tous les quatre matins, encore faut-il que nous devenions républicains dans notre comportement moral »disait Ferdinand Buisson (1841-1932), grand oublié de notre histoire contemporaine alors que ce père fondateur de la laïcité et de l’école laïque a profondément marqué de son empreinte tant la deuxième moitié du 19è que la première du siècle suivant . Comment peut-on dès lors se contenter ,comme dans le Grand Larousse illustré (Edition Prestige, 2016), d’une quinzaine de mots de notre langue pour rapporter sur la vie et l’oeuvre de cet homme illustre?
Normalien agrégé, philosophe, inspecteur général, plume de Jules Ferry, mais surtout directeur de l’enseignement primaire pendant dix-sept ans, inventeur de la laïcité, rédacteur des lois scolaires, artisan de la séparation de l’Église et de l’État, dreyfusard fondateur de la Ligue des droits de l’homme. Parlementaire de la République, il prononça à la Chambre le premier discours en faveur du vote des femmes en 1910 . Il partagea le Prix Nobel de la Paix en 1927 avec le professeur allemand Ludwig Quidde . Il dédia cette distinction aux instituteurs et institutrices de France pour qu’ils puissent œuvrer au rapprochement des peuples par l’éducation des enfants au sein de l’école laïque.
Sans conteste, Il fut le grand entrepreneur du chantier laïque de la Troisième République considérant qu’un peuple ne pouvait être souverain que si le citoyen était éclairé.
Il rêvait d’une école où, à l’exemple de l’instituteur esprit libre répondrait en écho l’élève devenu lui aussi une individualité pensante et qui rayonnerait à son tour : « Va, petit missionnaire de l’école laïque, rapporte à tes parents tes cahiers, tes livres, tes images et les beaux récits d’histoire et de morale que tu auras entendus du maître »- écrivait-il !
Dans ce contexte, il était opportun que ce site lui ouvre largement ses rubriques. Les visiteurs intéressés pourront ainsi accéder successivement aux fichiers joints en cliquant sur les 4 annonces suivantes :
Document 1. Qui est Ferdinand Buisson ?,
Document 2 . Buisson Ferdinand; biographie Maitron,
Document 3. Ferdinand Buisson par Ph. Meirieu,
Document 4. Cercle Ferdinand Buisson; conférence de Cl. Stora.
L’ouverture du Premier Congrès Pédagogique des Instituteurs et Institutrices de France (1881).
Cet évènement fondateur eut lieu à Paris le 19 avril 1881; le discours d’ouverture étant prononcé par Ferdinand Buisson, à l’époque Directeur de l’Enseignement primaire au Ministère de l’Instruction publique. C’est Jules Ferry qui le désigna pour accueillir les délégués venus de toute la France représenter leurs collègues . Plusieurs notes de ce site ont déjà fait mention des modalités de préparation de ce Congrès en Finistère.
Les visiteurs intéressés pourront consulter, en cliquant ici, une transcription quasi complète de ce discours retrouvé dans les archives de la BnF (Gallica).