« L’enseignement public, gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’Etat. »
Petite sélection d’expressos du Café pédagogique (I)
1. La « Sainte Trinité » de trois priorités en une : « élever le niveau »
2. Erika Godde :qu’est-ce qu’un bon lecteur ?
4. Pas d’effets Jeux Olympiques pour l’EPS et le sport scolaire
Liberté d’expression, croyances et idéologies
Un triste anniversaire oublié ! « Ecole privée: l’autre grand tournant « libéral » de la gauche »
Il y a quarante ans-en la matière les années ne comptent pas- le gouvernement socialiste de Pierre Maurois et son ministre de l’Education Alain Savary- qui prétendaient instaurer un « grand service public unifié de l’Education nationale » se voyaient désaisis de leur projet de loi par le Président de la République François Mitterrand . Celui-ci cédai, sans ambages, à la pression exercée dans la rue par les partisans de l’Ecole dite libre c’est-à-dire l’école confessionnelle catholique (et en particulier lors de la manifestation parisienne du 24 juin 1984).
Au total on soulignera que depuis le vote des lois scolaires fondatrices de la 3è République et de la loi de Séparation de 1905,l’Ecole publique n’a cessé de faire l’objet des attaques frontales de toutes les forces réactionnaires de droite de ce pays associées à celles de la hérarchie de l’église catholique (voir entre autres les tristes repères constitués par le régime de Vichy et le vote de la Loi Debré en 1959). Mais en parallèle l’Ecole publique a également pâti des renoncements et autres tournants dits « libéraux » des partis de la Gauche républicaine, lorsqu’ils ont accédé au pouvoir… Le bilan désastreux qui en résulte est celui d’une Ecole publique « à la dérive » qu’il s’agit de reconstruire pour la rendre plus juste et plus efficace tout en la préservant des effets toxiques des cléricalismes. Tout un programme dont nous n’apercevons pas les prémices en ce mois de septembre 2024…
Les désillusions de la démocratie
« Un grand chantier républicain sur un champ de ruines ! »
Tel était le titre,sans doute volontairement provocateur, de l’article que publiait la philosophe lanceuse d’alerte Catherine Kintzler le 4 juillet 2024 sur son blog revue Mezetulle. L’épisode incongru des élections législatives ayant fait suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président de la République était en cours. L’ampleur du séisme politique qui en résulta n’était pas encore connue, en l’absence des résultats du scrutin du 2e tour.
Chronique d’évènements initiés par le « séisme » politique du 9 juin 2024 (XVIII)
Chronique d’évènements initiés par le « séisme » politique du 9 juin 2024 (XIV)
Contre la “montée” de l’antisémitisme en France
Il faisait observer que « depuis le 7 octobre 202,les juifs français sont confrontés à une multiplication des agressions et des actes de haine. Mais ce phénomène n’est pas uniquement lié à une nouvelle explosion du conflit au Proche-Orient : en réalité, l’antisémitisme, sous ses différents visages, s’est installé dans notre société. » (On sait que 1676 actes antisémites ont été recensés en 2023 contre 436 en 2022, 60 % portent atteinte aux personnes et non aux biens, et 12,7 % ont eu lieu à l’école )
Ce journal concluait : « Il revient aussi à l’ensemble de la société française de se remobiliser sur ses valeurs fondamentales, de rappeler encore et toujours, en particulier au moyen de l’éducation, que l’antisémitisme, au même titre que le racisme, est inacceptable. Il ne doit y avoir d’antisémitisme ni ordinaire, ni banalisé, ni inexorable. »
Cependant dans le même quotidien, Louise Couvelaire titrait le 21 juin 2024 dernier :
« A Courbevoie, après le viol et l’agression antisémite d’une jeune fille de 12 ans, l’émotion, la colère et la peur »
et pointait ,devant la gravité des faits, « un échec collectif « pour notre société et notre République.
Il est donc d’une urgence extrême, non seulement de revenir à l’éducation à la tolérance et aux bonnes pratiques de la laïcité mais aussi de sévir contre les incitations à la haine ne cessant de s’exprimer aux différents azimuts de l’échiquier politique.
C’est dans ce contexte délétère que nous saluons le billet courageux que Catherine Kintzler vient de publier dans son blog revue Mezetulle sous le titre :
« Un peu de musique contre l’antisémitisme »
Il contribuera, nous le souhaitons vivement, à changer la vie de ceux qui souffrent. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une belle leçon d’humanisme qui renvoie aux Lumières.
Les visiteurs pourront consulter (et écouter) l’article mentionné en cliquant ici.
Chronique d’évènements initiés par le « séisme » politique du 9 juin 2024 (XIII)
« L’enjeu des élections législatives de 2024 sur le futur de l’École et de l’éducation «
Le Café pédagogique, 26juin 2024
Dans cette tribune qu’il signe dans le Café pédagogique, le Collectif d’Interpellation du Curriculum (CICUR) appelle à se saisir de ces élections en s’engageant « pour une école de la culture commune pour toute notre jeunesse ». Il rappelle que les « gouvernements des présidences Macron ont poursuivi avec constance une politique scolaire régressive à deux niveaux. Dans les discours, par démagogie, ce fut la mise en scène d’un retour à un passé abusivement décrit comme édénique ». Quant au programme de l’extrême droite, il « est symptomatiquement similaire, en allant encore un peu plus loin dans l’autoritarisme et la rétrogradation » estiment les signataires. « Dans un tel contexte de crise, l’issue positive consiste à inventer en France une École juste, fournissant aux élèves les outils de compréhension des complexités du monde, leur permettant de s’y repérer et s’y engager ».
À l’évidence, dans le cadre de l’actuelle campagne législative éclair, le temps manque pour que l’Ecole soit traitée avec le soin dont elle a pourtant le plus grand besoin !
Deux constats s’imposent :
1. Les gouvernements des présidences Macron ont poursuivi avec constance une politique scolaire régressive à deux niveaux. Dans les discours, par démagogie, ce fut la mise en scène d’un retour à un passé abusivement décrit comme édénique. Dans la réalité, ce fut le renforcement sans complexe des fonctions de tri et d’injustice sociale de l’Ecole. Accroître les fractures scolaires, notamment dès le collège, produit de dangereuses frustrations dans la jeunesse qui, à juste titre, n’accepte plus l’hypocrisie d’un jeu « méritocratique ». Le programme de l’extrême droite est symptomatiquement similaire, en allant encore un peu plus loin dans l’autoritarisme et la rétrogradation !
2. L’injustice et l’archaïsme du système scolaire français sont une réalité ancienne et de plus en plus saillante. Le mythe du retour à une période idyllique antérieure vient en fait cacher les effets délétères des politiques menées : contestation des acquis de la démocratisation d’une institution cruciale pour la démocratie, mise à l’écart des enseignants traités en simples exécutants, désorientations des familles…
Dans un tel contexte de crise, l’issue positive consiste à inventer en France une École juste, fournissant aux élèves les outils de compréhension des complexités du monde, leur permettant de s’y repérer et s’y engager.
Aujourd’hui, l’agenda politique de l’Ecole devrait faire ce qu’il n’a jamais fait : la priorité devrait être centrée sur l’invention collective d’un nouveau curriculum ayant pour objectif central de conduire tous les élèves à l’appropriation d’une culture commune émancipatrice, définie en référence à ce qu’on sait de l’humain.
Certes l’architecture d’ensemble du système sera à remettre sur le métier, mais aussi la nature des savoirs et compétences à acquérir, en ces temps d’ébranlement des anciennes certitudes qui rendent plus que jamais indispensable la réflexion sur l’éducation publique et sur sa dimension planétaire, que les dérèglements contemporains font si fortement ressortir.
Pour suivre les travaux du CICUR : Interpellation curriculum | Collectif d’interpellation du curriculum CICUR (hypotheses.org)