Les visiteurs trouveront ci-dessous une série de citations qui défrayaient la chronique… il y a quatre-vingt-dix ans.
LE CLERICALISME
L’enseignement clérical : « II inocule aux jeunes intelligences la vieillesse des préjugés ; il ôte à l’enfant l’aube et lui donne la nuit, et il aboutit à une telle plénitude du passé, que l’âme y est comme noyée, y devient on ne sait quelle éponge de ténèbres, et ne peut plus admettre l’avenir ». Victor Hugo.
« Les jeunes gens qui sortent des séminaires ne sont pas plus moraux que ceux qui sortent des collèges ; ils sont moins francs, moins énergiques. Le duc d’Aumale. Correspondance I, p. 177.
« Je ne veux pas des Pères de la Foi (les Jésuites) encore moins qu’ils se mêlent de l’Instruction publique pour empoisonner la jeunesse par leurs ridicules principes ultramontains » Napoléon 1er.
« Tant qu’il y aura un pays à cheval sur le Syllabus, un clergé esclave du Pape qui est lui-même l’homme lige des jésuites, c’est le devoir des citoyens de tenir leurs enfants à l’écart et de dire à ces hommes « N’approchez pas ! » Ou l’enseignement sera laïque, ou il faut désespérer de le voir national. » Edmond About.
« Le parti clérical Parti funeste, parti envahissant, dévorant, insatiable, ingrat de sa nature, parce qu’il croit que tout lui est dû ! Tant plus vous lui accordez, tant plus il prend ; tout ce que vous lui avez donné n’est point une satisfaction pour lui : c’est un point de départ pour exiger davantage.» Sainte-Beuve, poète, critique, académicien.
(D’après Le Citoyen du jeudi 12 mai 1927 n° 19, 20è année)
LA LAÏCITÉ
L’Etat laïque
On s’est servi d’une expression très fausse, à mon avis, et très inconvenante quand on a dit : « L’Etat est athée. » Non, certainement l’Etat n’est point athée, mais l’Etat est laïque pour le salut de toutes les libertés que nous avons conquises. F. Guizot, ministre des Affaires Etrangères,
(Discours à la Chambre des pairs, 25 avril 1844)
La loi doit être indépendante de toute religion.
Lamartine
L’Etat a le devoir de rester indifférent au milieu des doctrines religieuses, car il leur doit à toutes une égale protection.
Jules Ferry
La religion ne doit pas être plus nationale que la conscience. L’Etat ne peut pas se faire arbitre de ce qu’il faut croire ou ne pas croire.
Paul Deschanel
Une République cléricale serait une calamité. Un régime a ses principes et ne peut vivre que de ses principes. Quand vous prétendez ôter à la République cette raison de vivre, avouez-le tout de suite, c’est sa mort que vous demandez. Le calcul est bon : car il ne serait plus long ni difficile d’en finir avec elle. Une République cléricale ! Une République coulée dans le moule du Syllabus. Je vous demande à vous-même, qui donc tiendrait à son existence? Ce ne sont pas les anciens républicains à coup sur! Cette parodie sacrilège des croyances de toute leur vie ne pourrait leur inspirer que de l’horreur. Ce serait encore moins les cléricaux. N’ont-ils pas pris soin de nous avertir qu’il ne fallait garder de la République que l’enseigne? Alors,dites-le moi. Qu’est-ce qui empêchera un beau jour de décrocher l’enseigne ? La maison sera toute prête et le monarque choisi par la théocratie pourra coucher chez, lui.
Louis Hémon
L’Ecole laïque
Laïcité, dans la pensée des républicains dignes de ce nom, signifie non pas tolérance — il ne s’agit pas de nous tolérer les uns les autres — mais liberté, respect, union de tous, indépendamment de ce qu’ils pensent et de ce qu’ils croient.
Paul Deschanel. (Discours de Bordeaux, avril 1910).
Le pilier d’airain
M. Buffet : « Passez-nous les lois scolaires et nous vous passerons la République ». Jules Ferry : « C’est trop cher, Messieurs, nous ne ferons pas ce marché. Que serait la République, si elle n’était pas la grande éducatrice de la démocratie? L’école nationale doit rester l’école laïque, neutre et gratuite, parce qu’elle est l’école nationale. C’est là notre pilier d’airain. »
Jules Ferry.
L’instituteur n’a ni à enseigner la religion ni à la combattre. L’école publique ne peut être ni confessionnelle, ni anticonfessionnelle.
Paul Deschanel
L’Ecole laïque et ses Maîtres
Citoyens, si nous avons enregistré pour la République tant de belles, tant d’éclatantes victoires, oui, c’est votre œuvre« citoyens, c’est entendu, mais c’est aussi l’œuvre patiente de celles et de ceux qui nous ont préparé ces générations nouvelles, dans cette infinité de petits temples de la Concorde que la République a placés en pleine lumière au cœur de chaque commune, où elle a voulu des intelligences actives et bienveillantes qui ont appris aux enfants de France le mystère charmant de la Fraternité.
E.Herriot. (Discours de Nice, octobre 1925),
L’Ecole laïque a gagné la Guerre
Les classes qui ont pris part à la guerre étaient les classes comprises entre la classe 89 incluse et la classe 1919 (incluse). Les soldats compris dans ces classes avaient été écoliers au cours des années scolaires comprises entre 1874-1875 et 1904-1905. Or, au cours de ces trente années, la proportion des élèves de l’enseignement primaire public (garçons) avait été exactement de 81,1 pour cent. Donc, parmi les mobilisés, il y avait exactement un peu plus de 4 soldats sur 5 qui sortaient de l’école laïque. Autrement dit, les quatre cinquièmes des soldats français qui ont gagné la guerre avaient été formés par notre enseignement public.
Albert Bayet.
(D’après Le Citoyen du jeudi 12 mai 1927, n° 19, 20è année)