Rappelons que certains des éléments condamnés dans cet article avaient déjà fait l’objet d’un communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme en date du 28 mars 2025 sous l’intitulé révélateur : »
On pourra prendre connaissance de ce document ci-dessous :
Cependant, le 19 mars 2025, le ministère a décidé d’annuler cette commande, invoquant des raisons pédagogiques. Le ministère a jugé que le livre n’était pas adapté à l’approche éducative attendue pour des élèves de 10-11 ans, notamment en raison des thématiques abordées, telles que l’alcool, les réseaux sociaux, et des réalités sociales complexes. Le choix de Jul fut de réaliser une version modernisée du conte. Par exemple, le père de la Belle, qui dans le conte buvait « quelques coups de vin », était représenté ivre, bouteille à la main, en train de chanter « Les Lacs du Connemara ». Jul a également choisi de représenter les filles du marchand par des personnages qui ne sont pas des « princesses blondes ».
Les motifs avancés par le ministère ne laissent pas d’interroger. Les contes pour enfants ont toujours abordé des thématiques dérangeantes. En outre, le ministère se fait manifestement des enfants une image bien naïve, puisque ceux-ci sont bien immergés dans la problématique des réseaux sociaux, et ce, très tôt. Le ministère aurait dû fournir des motifs beaucoup plus explicites. Faut-il en conclure, comme le pense Jul, que « La seule explication est (…) à chercher dans le dégoût de voir représenté des princes et des princesses qui ressemblent un peu plus à des écoliers d’aujourd’hui et peuvent s’habiller en survêtement, entre deux scènes avec des robes de princesses et du clavecin. À moins que la présence de personnages aux cheveux frisés et à la peau mate plutôt que de princesses blondes de contes de fées ne soit devenue insupportable à l’éducation nationale ? »
La ministre de l’Education a en effet déclaré à la presse : « Je ne suis pas sûre que ce soit forcément compréhensible que le père de la Belle soit un monsieur algérien (sic), qu’on voit dans des scènes où il est totalement ivre, il fait de la contrefaçon, est arrêté par des policiers ».
Les enfants, dont une partie est d’origine algérienne, n’ont donc manifestement pas le droit de pouvoir imaginer un personnage de conte en dehors d’un cadre complètement stéréotypé.
Enfin, on ne peut que s’étonner de cette décision d’annulation, alors même que la ministre avait signé une préface pleine de louanges, vantant « la touche malicieuse et le regard affûté » de Jul.
L’ASVPNF condamne avec force ces atteintes à la liberté d’expression et à la liberté pédagogique des enseignants du service public et renvoie avec humour au propos de Beaumarchais (1732-1799) dans Le Mariage de Figaro : « Pourvu que je ne parle ni de l’autorité, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, je puis tout imprimer librement, sous la direction, néanmoins, de deux ou trois censeurs. »
