Agir et lutter pour la sauvegarde de l’Ecole ; institution publique, gratuite, obligatoire et laïque

En l’absence de volonté politique affirmée en ce sens il s’agit , pour mieux les combattre , de connaître les démarches de ses détracteurs, contempteurs et autres nostalgiques  cléricaux et réactionnaires qui  s’exprient dans tous les medias. En d’autre termes, il est urgent de rester bien informé des projets déconstructionnistes,  promoteurs de la décadence de l’Ecole, de prendre la mesure du mal , de s’y opposer  et de  prôner la refondation de l’Institution.

 Pour y contribuer, les visiteurs trouveront ici une sorte de florilèges de textes récents concernant ce domaine, produits par d’éminents pédagogues , politologues  et autres « journalistes spécialisés » et quelques articles fondateurs pour la refondation nécessaire.

 

1. En juin 2022 Natacha Polony ,consacrant un éditorial à la question, écrivait : » Pour l’heure, aucun programme politique ne semble avoir pris la mesure de l’effondrement qui se joue et que les Français ressentent dans leur chair, dans celle de leurs enfants. Entre ceux qui projettent de poursuivre les délires pédagogiques, ceux qui rêvent de « rationaliser » encore à coups de fermetures d’établissements  et de coupes budgétaires, rien ne laisse entrevoir la refondation des institutions de la nation. » (Marianne, 9-15 juin 2020). Elle notait par ailleurs, dans le même journal,  le 9 septembre 2010 : « Si nous voulons que notre école n’ajoute pas au malheur du monde, quand elle devrait au contraire contribuer à le combattre, il faut (sans doute) retrouver cette certitude que le savoir libère les hommes en les inscrivant dans une continuité, celles des hommes qui les ont précédés, et dans une communauté, celle de la société dont ils partagent les valeurs. » 

 

 2. Pendant ce temps Anne Coffinier sur le site « créer son école », rien de moins, site d’ une association apolitique et aconfessionnelle loi 1901 à but non lucratif qu’elle a  fondée en 2005 et qu’elle préside depuis lors, l’ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm et de l’Ecole Nationale d’Administration, fait valoir  que : «l’observation des modèles éducatifs étrangers et l’étude de l’histoire l’ont convaincue que l’essor des écoles libres hors contrat pourrait beaucoup apporter aux enfants et à la France». Créer son école se donne pour but de renouveler le paysage éducatif en facilitant, aux côtés des écoles publiques et sous contrat, l’émergence et le développement de structures éducatives innovantes (en particulier des classes et écoles hors contrat), qui aident le système éducatif à gagner en justice et en efficacité)(sic ! ndlr). Adepte des écoles dites indépendantes, Anne Coffinier  considère que l’Ecole -selon le modèle de la 3è République et des Républiques suivantes- est morte  sachant que  le gouvernement reconnaît que l’école républicaine  n’est plus à la hauteur  tout en interdisant l’école à la maison et pénalisant les écoles indépendantes dont le succès pourtant ne cesse de croître » Cf. l’URL :https://creer-son-ecole.com/qui-sommes-nous/#mission.

3. En parallèle  Adélaïde   Motte  dans un article intitulé  : »LOCALES, BILINGUES, D’EXCELLENCE : LES ÉCOLES INDÉPENDANTES ONT LE VENT EN POUPE » publié le 15 septembre 2022 proclame que « La rentrée est l’occasion de voir de nouvelles écoles « hors contrat », dites aussi indépendantes, sortir de terre et proposer des pédagogies différentes, adaptées à des enfants porteurs de handicap, donnant plus de place au bilinguisme ou à la nature ou, tout simplement, portant vers l’excellence. Malgré les différents coups de butoir gouvernementaux, le nombre de ces établissements continue à croître ». Cf.l’URL :  https://fr.irefeurope.org/publications/articles/article/locales-bilingues-dexcellence-les-ecoles-independantes-ont-le-vent-en-poupe/

 

4. De son côté Jean-Paul Brighelli, ,   dans son  ouvrage intitulé « La Fabrique du crétin – Vers l’apocalypse scolaire » publié aux éditions l’Archipel en mars 2022  revient sur l’effondrement du niveau scolaire en France. Selon l’analyse de l’ouvrage par Babelio :  « Pourquoi l’Éducation nationale a-t-elle autorisé les dérives successives qui ont amené à l’apocalypse scolaire ? Quinze ans après La Fabrique du crétin (160 000 ex vendus), Jean-Paul Brighelli poursuit la réflexion et dresse un bilan alarmiste, sans langue de bois dela mort programmée de l’école. L’École de la transmission des savoirs et de la formation des citoyens est à l’agonie. Elle accomplit aujourd’hui ce pour quoi on l’a programmée voici un demi-siècle : adaptée aux nécessités du marché, elle fabrique à la chaîne une masse de consommateurs semi-illettrés et satisfaits d’eux-mêmes. Soucieuse d’élaborer enfin l’égalité promise par la République en nivelant par le bas, elle a réussi à détruire ce que la France avait mis deux cents ans à élaborer ».

En réalité, Jean-Paul Brighelli revient au chevet de l’École et la trouve plus mal en point que jamais. Collège unique,  pédagogism méthode globale, regroupement familial, laïcité à géométrie variable… les causes sont nombreuses, et l’action du ministre Jean-Michel Blanquer – dont il dresse aussi un bilan contrasté – n’a pu empêcher la déroute, surtout en temps de Covid.

Aujourd’hui, l’École est au pied du mur : elle sera  » soit l’instrument d’une dissolution dans l’individualisme et le communautarisme, soit l’outil d’une résurrection « . Est-il trop tard pour réagir ? » Cf. l’URL : https://www.babelio.com/livres/Brighelli-La-fabrique-du-cretin-tome-2/1405475

  L’ancien professeur de français prétend qu’on « a fait de l’école d’excellence à la française quelque chose qui n’est même pas en milieu de tableau, quelque chose d’absolument dérisoire » et déclare« toute réforme de l’école ne portera ses fruits que 10 ou 15 ans plus tard. Il faut avoir un projet politique global sur la longue durée, ce qui n’est pas du tout dans les gènes(sic ! ndlr) du système actuel où l’on navigue à vue en donnant des primes aux uns et aux autres ». Selon lui ; «L’École de la République n’a pas dysfonctionné: elle accomplit ce pour quoi on l’a programmée…»

 

5. On glose aussi largement  sur les vertus de l’IEF pour «  instruction en famille » sachant toutefois  que : « à  la suite de la promulgation de la loi n° 2021-1109 du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République, il ne pourra être dérogé à l’obligation de scolarisation obligatoire dans un établissement scolaire public ou privé de l’ensemble des enfants soumis à l’obligation d’instruction (enfants âgés de trois à seize ans), que sur autorisation délivrée par les services académiques, pour des motifs tirés de la situation de l’enfant et limitativement définis par la loi. »(Cf.https://www.education.gouv.fr/l-instruction-dans-la-famille-340514)

6. On rappelle aussi, à ceux qui l’ignorent, l’existence  de différents courants d’éducation alternative : Montessori, Steiner-Waldorf, Freinet, Education démocratique, Forest school, Homeschooling, Ecole alsacienne… Cf. l’URL : https://www.educationalternative.fr/ecoles-alternatives/

 7. On mentionnera enfin, pour mémoire,  l’omniprésence des écoles hors contrat  ( M-E Pech, Marianne, 15-21 septembre 2022, 1331,32-33) , celle des écoles privées confessionnelles  dites libres sous contrat.  Tout ceci pour ceux qui feignent d’en douter : la liberté de l’enseignement existe en France et d’aucuns ont su l’exploiter pour occulter le bien commun et   constituer une  sorte d’auberge espagnole éducative qui n’a pas tardé  à engendrer l’illettrisme ( environ  2,5 millions de français y sont confrontés !) , à surcreuser les inégalités et à provoquer l’effondrement de l’école émancipatrice de la République.  Etait-ce le but recherché pour faire triompher l’obscurantisme ?

8. Il n’est pas question ici d’être exhaustif sur une matière aussi foisonnante et disparate  qui ne manque pas de renvoyer au proverbe des Femmes Savantes de Molière : « qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » . Ce serait rendre un fier service  aux destructeurs de l’Ecole publique et à ceux dont le projet fin,   selon certains, consisterait à déstabiliser la République et ses institutions.

On se plaira plutôt à souligner, s’il  en est encore temps, que dès 2016,  Christian Gaudray  intitulait l’éditorial  du journal d’information de l’union des familles laïques (ufal INFO) :

« La République au péril de son école »,

un titre prémonitoire de notre présente indignation . Les visiteurs de ce site pourront  en prendre connaissance, en cliquant sur Document 1 . A l’époque il s’agissait  de tenter de  circonscrire une  ambition pour l’école de demain ; l’urgence de cette tâche demeure et ne cesse de s’accentuer ; lescommentaires précédents en attestent largement.

Dans le même journal Jean-Marie Kintzler et Marie Perret présentaientt une table d’orientation pour « mieux comprendre les débats sur l’école » (voir leur article de 4 pages en cliquant  successivement sur Document 2.12.22.3 et  2.4.

En l’état actuel des lieux  il est clair qu’ils n’ont pas été entendus. Il   importe de le rappeler . Ils  notaient  «  l’école va mal, aussi est-elle l’objet d’inévitables affrontements . Faisons un effort de prise de  distance;  mettons entre parenthèses les passions qui attisent et alimentent le conflit. On fera alors un premier constat : les débats se laissent schématiser à un système bipolaire, à un conflit entre deux conceptions de l’école. D’un côté les partisans du modèle adaptatif, de l’autre ceux du modèle républicain ».

On voit bien l’urgence qu’il y a d’agir pour que l’Ecole publique ne s’arrête jamais et  pour que le pouvoir politique se donne les moyens ,dans une option délibérément républicaine, d’arrêter son délitement, pour la préserver comme un trésor national, de façon à la renforcer, la moderniser, la réorganiser si nécessaire afin de lui conserver sa valeur sociale et son pouvoir émancipateur .

C’est notre bien commun conçu et mis en oeuvre par ses pères fondateurs, un bien venu de loin arraché aux griffes des cléricaux et des réactionnaires . Ne cédons pas sous les coups de ses contempteurs de  tous  horizons et sous leurs allégations outrancières.