Qu’il soit tout d’abord chaleureusement félicité avec son collègue Guy Ropars pour la distinction dont ils font l’objet. Elle est, pour le premier, le couronnement d’un parcours universitaire exemplaire où sa confiance inébranlable dans les vertus de la Science -telle qu’elles lui furent enseignées à l’école normale- n’a jamais été démentie .
Mais comment les deux chercheurs sont-ils passés de la physique des LASERS à la recherche sur la DYSLEXIE qui correspond à un trouble de l’apprentissage du langage écrit et notamment de la lecture? La dyslexie n’est pas une maladie, c’est un handicap. Elle fait partie, avec la dysphasie, la dyspraxie ou la dyscalculie, des troubles spécifiques des apprentissages. Ce trouble peut concerner des enfants normalement scolarisés ne présentant ni problème sensoriel (audition, vision), ni déficience intellectuelle, ni lésion neurologique. En revanche, ces enfants souffrent d’un trouble du langage écrit avec un retard de lecture d’au moins 18 mois. La dyslexie peut entraîner, au delà des difficultés d’apprentissage de la lecture, des problèmes sociaux, de comportement ou d’anxiété.
La question se pose donc de savoir comment une telle expérience et ses accomplissements dans le domaine de la physique sur les lasers pouvait-elle être mise à profit pour aider les enfants dyslexiques d’âge scolaire. A l’évidence la démarche scientifique impliquait un cheminement difficile dans un environnement déjà largement investi tant par la recherche en sciences médicales ( ophtalmologie, génétique , neurologie … ) que par la recherche en sciences de l’éducation.
Il s’agit selon Franck Ramus , chercheur au CNRS, d’affronter un enjeu majeur de société puisqu’aussi bien : » la dyslexie développementale est un trouble spécifique des apprentissages qui touche environ 3 à 7% de la population, et qui est défini comme un trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture, ne pouvant être expliqué exclusivement par une faible intelligence, une scolarisation inadaptée, ou des troubles sensoriels ou neurologiques avérés. Les recherches antérieures ont montré que les personnes dyslexiques ont des déficits cognitifs spécifiques, qui ont une base cérébrale et une composante génétique. »
Le cerveau dyslexique – DYSBRAIN Le cerveau dyslexique. Le projet vise à mieux comprendre les bases cérébrales et génétiques de la dyslexie développementale, en utilisant l’IRM à très haut champ magnétique et les techniques de pointe de séquençage du génome.
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) « vise à améliorer significativement notre compréhension de la dyslexie aux niveaux cognitif, cérébral et génétique, et à essayer d’élucider les mécanismes par lesquels des gènes influencent le développement et l’architecture cérébrale, de telle manière à engendrer des déficits cognitifs qui perturbent l’apprentissage de la lecture. Pour ce faire il utilise les méthodes de la psychophysique, la magnétoencéphalographie, l’IRM à très haut champ magnétique et les techniques de pointe de séquençage du génome. »
L’approche réalisée par Albert le Floch et son collègue Guy Ropars, si elle ne permet pas d’idendifier les composantes cérébrales du dyslexisme ( ce n’en était sans doute pas le but) elle a conduit à mettre en évidence, au moyen d’un fovéascope que seule l’imagination créatrice d’un physicien peut concevoir , des structures rétiniennes particulières intervenant dans l’expression des troubles observés à l’apprentissage de la lecture. Ceci conduisait à l’observation majeure d’une asymétrie droite-gauche des centroïdes de la tâche de Maxwell des fovéas chez des adultes avec et sans dyslexie. Pour confirmer et étayer cette découverte, il resterait sans doute à mener les expériences complémentaires chez des « échantillons » d’enfants d’âge scolaire.
C’est dans le prolongement de cette découverte majeure que A. Le Floc’h et G. Ropars eurent l’idée lumineuse de moduler la lumière pour « tromper le cerveau et faire en sorte qu’il soit capable de faire le bon choix » lorsque ceci s’impose comme dans le processus de la lecture (ou et) celui de l’orthographe. C’était la voie d’accès toute tracée à la « lampe magique » pour aider les enfants dyslexiques à apprendre à lire et aux applications industrielles correspondantes.
Les visiteurs intéressés par cette belle page d’histoire qui vient de s’écrire à notre porte pourront accéder, en cliquant ici, à un ensemble de liens permettant d’illustrer ces étapes décisives dans une découverte dont l’importance pour notre société et l’ensemble de l’humanité n’échappera à personne.
On rappellera enfin avec Franck Ramus que » quand bien même on résoudrait le problème des enfants dyslexiques, cela ne résoudra pas le problème plus général de l’illettrisme, qui n’est effectivement pas médical, mais largement social et pédagogique, et sur lequel beaucoup de travail reste à faire « .