Transcendantale, la laïcité est ou n’est pas !

L’adjectiver nuit à son essentialité

au sein de

nos institutions républicaines.

Parmi les termes de la langue française celui de « laïcité» est connu pour faire l’objet de qualifications extrêmement variées, celles-ci reflétant les choix philosophiques, spirituels (ou) politiques tant d’adeptes- nouveaux venus dans le champ de la laïcité- que de faux amis du principe républicain  sous-tendu.

Le terme laïcité vient du grec laïcos (λαϊκὸς), lui-même issu de laos (λαὸς), « qui est du peuple ». Il désigne le cadre juridique d’une société qui refuse la tutelle d’une religion sur les affaires publiques et qui respecte la liberté de conscience, les lois des hommes primant sur celles des religions. Ainsi la laïcité est-elle la condition première de la démocratie : affaiblir l’une revient à fragiliser l’autre. Cf.http://publictionnaire.huma-num.fr/notice/laicite/

Apparu en France en 1871, le mot laïcité est défini comme une « conception politique impliquant la séparation de la société civile et de la société religieuse, l’État n’exerçant aucun pouvoir religieux et les Églises aucun pouvoir politique ». C’est le principe politique « qui permet à toutes les convictions existentielles de vivre en bonne intelligence les unes avec les autres, à partir de la conviction partagée de l’égalité pour tous du droit d’expression, comme bien commun ».Il y a, dans le principe politique de laïcité, une double dimension : démocratique et républicaine :

-La laïcité est un principe démocratique en tant qu’elle prend en compte la multiplicité des aspirations individuelles ;

-La laïcité est un principe républicain en tant qu’elle prend en compte l’unité nécessaire du corps social autour de valeurs et principes de la République.” Cf. https://www.actu-juridique.fr/administratif/libertes-publiques-ddh/le-principe-de-laicite-une-invention-francaise-ignoree/

Ceci étant posé on découvrira ci-dessous quelques unes des épithètes usitées pour qualifier la laïcité; celle qui est censée avoir cours dans toutes nos institutions républicaines . On peut ainsi à l’envi voir affubler laïcité de qualificatifs aussi divers que :

Ouverte, inclusive, à la française, française, nouvelle, tout court, plurielle , positive, négative, restrictive , stricte , séparative, apaisée, identitaire, d’ouverture, de fermeture, de progrès, simple, dure, orthodoxe, néo-républicaine, aménagée, accommodée, républicaine, instrumentalisée, édulcorée, militante, de combat, anticléricale, dégradée, advenant, advenue, rigide, intransigeante… » (liste non exhaustive, ndlr ! )

A l’instar de J-P Brighelli ( In Liberté, Egalité, Laïcité, Hugo DOC, 2015)on considérera ici qu’adjectiver la laïcité revient à la trahir en la faisant dissoudre dans le « grand bain des communautarismes et des religions. » et qu’à force de l’aménager , de l’ouvrir et de lui donner une géométrie variable afin de l’accommoder aux lubies des diverses communautés, elle se trouve vidée de son sens » ;

Il s’agit donc de revenir à une laïcité sans adjectif car, selon  H. Pena Ruiz, le mot (intraduisible) et lui seul est en l’occurrence suffisant ! De surcroît comme l’écrit Caroline Fourest IN Génie de la Laïcité ; (Grasset, 2016) « la laïcité n’a ni à s’ouvrir, ni à se fermer, ni à s’accommoder, ni à s’arc bouter. Elle doit simplement rester fidèle à son histoire et à l‘esprit de ses fondateurs ». 

« Ni capitulation, ni persécution » disait Ferdinand Buisson !

La laïcité qui fut donc qualifiée de positive par certains vient de faire l’objet d’une nouvelle mise au point dans un article de Catherine Kintzler intitulé :

 
Vous avez dit « laïcité positive » ?

Publié dans Mezetulle le 30 octobre 2022 ledit article souligne que :

« En parlant de « laïcité positive » le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye reprend un terme fréquemment utilisé pour réclamer à la laïcité – qu’on juge rigide et trop intransigeante – des « accommodements », une « ouverture »1. Ce terme, que Nicolas Sarkozy avait cru bon de promouvoir à plusieurs reprises2, suggère par lui-même l’aspect politique qui gouverne son emploi. L’adjectif « positive » induit en effet un champ sémantique où prendrait place, à l’opposé, une « laïcité négative » qu’il s’agirait de combattre, de réduire et peut-être même d’effacer3. Mais la thèse d’une « laïcité négative » ne tient pas debout : car la laïcité a posé plus de libertés que ne l’a jamais fait aucune religion. On n’a pas à demander à la laïcité d’être « positive » : c’est aux religions qu’il appartient de le devenir en renonçant à leurs prétentions à l’exclusivité intellectuelle et politique.Examinons donc ce que certains appellent hâtivement un concept : la notion de « laïcité positive ». De quelque côté qu’on la prenne, on débouche sur un vide intellectuel »

Les visiteurs de ce site pourront consulter, en cliquant ici, l’article de Catherine Kintzler.

On retiendra , à l’instar de Caroline Forest , que le génie de la laïcité réside dans le fait que c’est la seule lumière capable de nous éloigner de l’obscurantisme. Selon elle :

-la laïcité (non qualifiée) nous protège ;protégeons la !

-la laïcité nous permet de nous aimer ; aimons la passionnément et faisons la aimer !

Que Catherine Kintzler soit chaleureusement remerciée de nous autoriser à reproduire et à représenter son article original.