La laïcité se trouve au coeur de bien des débats actuels de notre société et de notre République . La 3è République joua un rôle essentiel dans son instauration au sein de nos institutions tout particulièrement l’Ecole publique.Ceci intervenait -faut-il le rappeler- cent ans après la Grande Révolution pendant laquelle des pères fondateurs tels Condorcet et Lakanal ouvrirent la voie du progrès…
Mais à quel prix ? Celui des luttes sans merci de la laïcisation où des républicains convaincus eurent raison de la réaction cléricale au moyen de la Loi . Elles purent compter sur la « généreuse obstination au bien » de Jules Ferry relayée par les instituteurs pionniers qui devinrent plus tard (en 1913), sous la plume de Charles Péguy, les hussards noirs de la République.
Au moment où dans certains milieux on se plaît à pointer la déconstruction voire la dérive de l’Ecole publique laïque et qu’on ne prête qu’une attention toute relative à la révélation quotidienne des abus divers – souvent criminels- perpétrés au sein de l’Eglise par ses prêtres, il semble opportun de tenter de reconstituer- au niveau local- les évènements qui présidèrent à la laïcisation.
En tirer des leçons devrait grandement aider à refonder des institutions à la dérive et à « édifier un monde nouveau » sur les précieux débris de l’ancien . C’est ce qui est souhaité et argumenté sur ce site dévolu à l’histoire et au devenir de l’Ecole publique et de ses maîtres .
Il s’agit ici de donner la transcription d’articles révélateurs et fondateurs à cet égard tels que l’on peut les découvrir dans la presse ancienne numérisée républicaine des débuts de la 3è République et de ses lois scolaires. L’Instruction publique était au coeur du débat tant au niveau parlementaire qu’au niveau du citoyen, les protagonistes étant nommément les Instituteurs et les « paladins » de la réaction cléricale.
Selon Jules Ferry lui-même: « L’Instituteur ne doit être en guerre avec personne. Il ne doit être un obstacle ou un rival ni pour les chefs spirituels de la commune ni pour les pouvoirs civils ; il doit se renfermer exclusivement dans son rôle d’éducateur, dans sa mission de travail, de gravité, de conciliation. En s’y maintenant avec sévérité, il acquerra plus d’autorité, de dignité et de crédit qu’en se jetant dans les luttes locales. »
Il poursuivait: » Instituteurs, voici votre lot, voici votre domaine ; ces enfants, dont vous devez nous faire, non seulement des hommes, mais des citoyens — des générations renouvelées par l’éducation intellectuelle, morale et physique, meilleures que les nôtres, plus complètes et plus viriles, qui ne seront ni frivoles, ni oublieuses et qui seront dignes de l’avenir que le sort tient en réserve pour notre chère patrie. »
Dans une circulaire diffusée à l’époque par le Ministère de l’Instruction publique dévolue à l’enseignement moral et civique on tenait des propos qui mériteraient d’être remis en exergue en 2023 : « L’enseignement moral est destiné à compléter et à relier, à relever et à ennoblir tous les enseignements de l’Ecole. Tandis que les autres études développent chacune un ordre spécial d’aptitudes et de connaissances utiles, celle-ci tend à développer l’homme lui-même,c’est-à-dire un cœur, une intelligence, une conscience. Cette éducation n’a pas pour but de faire savoir mais de faire vouloir , elle émeut plus qu’elle ne démontre ; devant agir sur l’être sensible, elle procède plus du coeur que du raisonnement ; elle n’entreprend pas d’analyser toutes les raisons de l’acte moral, elle cherche avant tout à le produire, à le répéter à en faire une habitude qui gouverne la vie. A l’école primaire surtout, ce n’est pas une science, c’est un art, l’art d’incliner la volonté libre vers le bien. »
C’est à ce genre de (re)découvertes que sont invités les visiteurs de ce site. Ils pourront y consulter un ensemble de 43 items extraits du Journal Le Finistère ( numérisé aux Archives du département du Finistère) dans ses parutions allant du 15 août 1882 au 30 décembre 1882. Le document final de 118 pages est accessible en cliquant ici.
Pour faciliter la consultation des articles retenant l’attention on pourra se référer au sommaire suivant :
1. Le concours d’admission à l’Ecole normale de 1882………………….page1
2. L’école neutre
3.L’instruction obligatoire(1)
3 bis.Le travail manuel
4. La visite de Ferdinand Buisson à Quimper
5. L’enseignement obligatoire (2)………………………………………………..page 13
6. La République et les Ecoles
7. L’enseignement obligatoire (3)
8 . Un instituteur laïque réhabilité
9. L’instruction obligatoire (3)
10. Au conseil départemental de l’Instruction publique……………….page 33
11.Turpitudes à l’école congréganiste
12. L’Ecole sans Dieu
13.Au Conseil d’Arrondissement de Morlaix
14. Au journal officiel
15.Circulaire Pape-Carpentier………………………………………………………page41
16. La loi athée
17. Encore l’instruction obligatoire (4)
18. Déclarations du Ministre de l’Instruction publique
19.Lakanal (1)
20. Lakanal(2)………………………………………………………………………………page53
21. La question du Concordat
22. La résistance à la loi d’Enseignement
23.L’enseignement secondaire des filles
24. Les cléricaux et la loi sur l’enseignement primaire
25. L’Histoire à l’Ecole primaire…………………………………………………page 69
26. L’Ecole supérieure des travaux manuels
27. Perversion du sens moral
28. Réouverture des cours d’adultes à Quimper
29. L’Instituteur congréganiste de Landivisiau
30. L’enseignement du catéchisme………………………………………………page 82
31. Les collèges communaux
32. Les emblèmes religieux à l’Ecole
33. La République et l’Eglise
34. République et religion
35. Les complicités du silence………………………………………………………page 93
36. Le chantier de construction de l’Ecole normale des Filles à Quimper
37. Questions d’enseignement
38.Emeute à Moëlan–sur-Mer
39.Les suites de l’affaire de Moëlan
40. Les Ecoles de hameau……………………………………………………………..page 110
41.L’abbé du Marhallach
42. Les Ecoles
43. La nomination des Directeurs et Directrices d’Ecole normale…