Penser, écrire , orthographier : les points sur les i !

 L’expression ”écriture inclusive” fait actuellement grand bruit dans les medias au point où d’aucuns bien inspirés pourraient être tentés  d’en tirer profit et  de prendre des vessies pour des lanternes en matière d’expression écrite voire d’expression orale. Qu’en est-il aussi du côté de ceux qui ont la charge d’enseigner notre langue nationale ?  On sait ,d’après “agence de communication Mots-Clés” que “En réponse aux inégalités persistantes entre les femmes et les hommes, que ladite agence édite et diffuse le premier Manuel d’écriture inclusive ! L’écriture inclusive désigne l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques qui permettent d’assurer une égalité de représentations des deux sexes. Après plusieurs mois de travail, Mots-Clés a formalisé ce manuel d’écriture inclusive, disponible gratuitement et jusque la fin de l’année au téléchargement libre sur www.ecriture-inclusive.fr. Ce manuel a été l’occasion de formaliser trois conventions simples et de proposer l’introduction dans la langue française d’un nouveau signe de ponctuation : le point milieu.

TROIS CONVENTIONS: :
• Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres
• User du féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par ordre alphabétique, l’usage d’un point milieu, ou le recours aux termes épicènes
• Ne plus employer les antonomases du nom commun « Femme » et « Homme »

Il s’agit en réalité de féminiser certains termes de notre langue nationale considérant que cette démarche est de nature à contribuer  à l’exercice de la parité entre les femmes et les hommes dans l’exercice de leurs métiers ou fonctions tant dans les entreprises que dans les institutions publiques ou privées.”(d’après ? https://www.motscles.net/ecriture-inclusive)

 

  Cette féminisation censée révolutionner notre société a donné lieu à une circulaire dont les termes semblent   sans appel publiée au Bulletin Officiel de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports le 6 mai 2021. On y relève notamment que :« Au moment où la lutte contre les discriminations sexistes implique des combats portant notamment sur les violences conjugales, les disparités salariales et les phénomènes de harcèlement, l’écriture inclusive, si elle semble participer de ce mouvement, est non seulement contre-productive pour cette cause même, mais nuisible à la pratique et à l’intelligibilité de la langue française…Une langue procède d’une combinaison séculaire de l’histoire et de la pratique, ce que Lévi-Strauss et Dumézil définissaient comme « un équilibre subtil né de l’usage ». En prônant une réforme immédiate et totalisante de la graphie, les promoteurs de l’écriture inclusive violentent les rythmes d’évolution du langage selon une injonction brutale, arbitraire et non concertée, qui méconnaît l’écologie du verbe. »(Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française et Marc Lambron, directeur en exercice de l’Académie française, le 5 mai 2021). 

 Le ministre signataire  souligne cependant et c’est de bon aloi en pareilles circonstances : »L’égalité entre les filles et les garçons, prélude de l’égalité entre les femmes et les hommes, doit être construite, promue et garantie par l’École de la République. Constitutive d’une réelle égalité des chances, elle est en effet indissociable de la promesse républicaine d’émancipation de chaque individu… »( https://www.education.gouv.fr/bo/21/Hebdo18/MENB2114203C.htm)

 Dans les faits on parle désormais  de  « langage épicène, de rédaction épicène, de rédaction non sexiste, de parité linguistique, de langage neutre, de langage ouvert, d’écriture inclusive et de langage non sexiste ou dégenré  qui désignent différentes règles et pratiques cherchant à éviter toute discrimination sexiste par le langage ou l’écriture (d’après  Wikipedia :https://fr.wikipedia.org/wiki/Langage_%C3%A9pic%C3%A8ne)

Cela se fait à travers le choix des mots, la syntaxe, la grammaire ou la typographie. Deux visées coexistent, d’une part ne plus invisibiliser les formes féminines et d’autre part neutraliser la binarité de genre. Un style épicène tend à éviter une discrimination, perçue comme étant forcée par les normes imposées de la langue, entre les genres masculin et féminin. Il permet également d’éviter un androcentrisme marqué par l’utilisation dite générique de la forme grammaticale masculine, en employant par exemple le terme « les étudiants » pour se référer à un groupe mixte, neutre, ou dont le genre n’est pas pertinent.

Le terme « épicène » est parfois utilisé pour se référer à d’autres formes plus inclusives, comme la féminisation des titres, noms de métier et fonction, l’accord de proximité ou en nombre, les abréviations marquant « le genre à l’intérieur d’une même séquence graphique (tiret, point médian, milieu, bas, parenthèses) », la double flexion ainsi que la neutralisation et l’épicénation de la langue, qui peuvent permettre d’éviter le mégenrage des personnes transgenres ou non-binaires.

Le langage épicène sous la forme d’une écriture inclusive utilisant des points et tirets en fins de mots est notamment l’objet de critiques en raison des difficultés qu’il apporte aux dyslexiques et aux personnes aveugles et malvoyantes dépendantes de logiciels d’aides à la lecture qui ne sont pas programmés pour lire une telle écriture.” (D’après Wikipedia  : https://fr.wikipedia.org/wiki/Langage_%C3%A9pic%C3%A8ne)

Tout ceci étant posé il paraît nécessaire de rappeler que ces nouvelles pratiques , qu’il faudra bien enseigner, ne   permettront   de résoudre qu’une toute petite partie des problèmes posés à notre société en la matière. Il faudra bien continuer de penser avec des mots et de l’apprendre , des mots pour ouvrir des portes et s’émanciper et qu’en toute hypothèse il faudra disposer de mots pour penser et pour bien penser. Comme le disait Boileau : » Avant donc que d’écrire, apprenez à penser ! » alors que plus récemment le philosophe Alain notait que » l’art d’écrire précède la pensée ». Quoi qu’il en soit on s’accordera à dire bien après E. Delacroix que « l’art d’écrire est avant tout de se faire comprendre ». Aussi et pour revenir à l’essentiel il ne  paraît pas opportun  de faire inutilement augmenter l’entropie liée au fonctionnement de notre langue nationale tant dans sa forme orale que dans sa forme écrite au moins pour la mémoire  des locuteurs  à qui on faisait porter  (par le passé des bonnets d’âne  pour leurs dysorthographies !

C’est ainsi que l’on renverra les visiteurs de ce site  à l’analyse de certains des problèmes posés telle que proposée par la philosophe Catherine Kintzler dans un article où elle démontre avec beaucoup de sagacité  et d’humour les pièges  et les limites de l’écriture inclusive  tels qu’ils peuvent ressortir  de l’écriture de l’expression courante ‘Bisous à tous deux  » qui vient parfois conclure  certains de nos échanges courriels .

  Cet article est  intitulé  :

 

L’écriture « inclusive » séparatrice : mise à jour du dossier, juillet 2021

Faites le test « Bisous à tous deux »

par

 Catherine Kintzler

 

Mezetulle, le 13 juillet 2021

Il est accessible en cliquant ici ou à l’URL suivante  :

: https://www.mezetulle.fr/lecriture-inclusive-separatrice-faites-le-test-bisous-a-tous-deux/

  Que Catherine Kintzler soit remerciée pour cette nouvelle contribution ô combien salutaire !