Pourquoi la Gauche française est-elle à la dérive ?

“La Gauche” i.e. les partis et associations s’en réclamant fut  considérée, depuis l’avènement de la 3è République, comme incarnant(et défendant activement)  mieux qu’aucun autre courant de pensée les principes de tolérance et de  laïcité républicaines et les institutions y afférent , notamment l’Ecole publique. Ceci  semblait constituer  une doxa irréfragable jusqu’à ce que lesdits mouvements  ne se trouvent, sans doute, par la volonté  de  contempteurs  divers (venus ou non de ses rangs),  en voie  de disparition. 

Les résultats des élections présidentielle et législatives de l’année 2022 en témoignent largement . En parallèle et c’est bien naturel, paraissent  des  ouvrages tentant de faire l’exégèse  de ces déchéances coupables. Des éléments explicatifs pourraient résider dans l’effet boomerang  provoqué  soit  par les gesticulations et actions d’ une “gauche” dressée contre les Lumières   soit par celles d’ une gauche qui, trahissant   le peuple de France , s’oppose au progrès et à la justice sociale.  C’est ce qui ressort des recensions de tels ouvrages  effectuées par Philippe Foussier  et publiées  dans  Mezetulle, le bloc revue de Catherine Kintzler .

Comment, devant  des réalités si préoccupantes, ne pas revenir à des  principes fondateurs à cet égard  tels qu’ils furent exprimés au début du 20è siècle  par  Jean Jaurès et d’en tirer le meilleur tant pour les nécessaires refondations du présent que pour celles de l’avenir ? .  Jaurès indiquait entre autres  :

  – Tout recul et toute somnolence de la République a été une diminution ou une langueur de la Laïcité.  (Jean Jaurès, discours de Castres, 30 juillet 1904)

 – C’est à nous de fatiguer le doute du peuple par la persévérance de notre dévouement. 

 – Un des principaux obstacles au progrès social, c’est l’esprit de découragement d’une trop grande partie des exploités eux-mêmes. ( Jean Jaurès, Chambre des Députés, 19 juin 1906)
 
– Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots.(Congrès socialiste international, septembre 1900)

 – La République doit être laïque et sociale mais restera laïque parce qu’elle aura su être sociale

 

 

Dès 2020, Stéphanie  Roza rapportait  dans un  des ouvrages cités dans cet article,  des éléments nouveaux “pour analyser cette offensive considérable menée par la Gauche française ou ce qui est considéré comme la représentant contre l’héritage des Lumières, la raison, le progrès, l’universalisme, et même tout simplement l’humanisme. Pour sortir de cette logique, elle proposait de se ressourcer auprès de Jaurès, qui représente selon elle « la matrice idéologique la plus féconde pour affronter les problèmes de notre temps ». Quelle que soit la recette, si la gauche continue à s’éloigner des Lumières et a fortiori à les condamner, elle n’aura bientôt plus de gauche que le nom. Le triomphe de ses adversaires sera total.” (URL. https://www.mezetulle.fr/la-gauche-contre-les-lumieres-de-stephanie-roza-lu-par-p-foussier/«  )

 

Dans ce contexte, au printemps 2022,  on pouvait lire dans le quotidien   La Croix  : « Le principal problème de la gauche, c’est que les milieux populaires ne votent plus pour elle » ce quotidien rendant compte d’un entretien accordé par Rémi Lefebvre, professeur de science politique à Lille,  bon connaisseur de la gauche française. À l’occasion de la sortie de son livre Faut-il désespérer de la gauche ?  et à trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, il expliquait comment les responsables politiques de gauche n’ont pas su retrouver une place dans l’échiquier politique (URLhttps://www.la-croix.com/debats/le-principal-probleme-gauche-cest-milieux-populaires-votent-elle-2022-03-22-1201206321)

 
 
Au lendemain de l’élection présidentielle du printemps  2022, le journaliste Renaud Dély analyse la manière dont la gauche a trahi le projet des Lumières et les idéaux du progrès dans un ouvrage intitulé « Anatomie d’une trahison. La gauche contre le progrès « .

 

Il y note : « Quand Emmanuel Macron a moqué le « modèle amish » à propos de ceux qui refusaient le déploiement de la 5G, était-il si éloigné de la réalité ? La gauche n’aurait-elle pas bel et bien trahi le progrès, si cher à ses pères fondateurs ?Au fil de l’ouvrage, Renaud Dély dissèque la métamorphose d’un camp qui se détourne de ses idéaux et se fourvoie dans des combats hermétiques. Entre dérives identitaires, repli communautaire, rejet du patriotisme et conversion au catastrophisme, cette famille politique fondatrice de la République tourne le dos à l’avenir et se referme sur des certitudes désuètes, déconnectées du réel et de l’époque. L’indignation lui tient lieu de réflexion. Privilégiant l’invective et le sectarisme au dialogue et à la nuance, cette gauche de l’entre-soi exclut aujourd’hui tout, jusqu’à elle-même. La gauche en France n’est plus. Au lendemain de l’élection, il y a urgence à en mener l’autopsie, dans l’espoir de la voir un jour opérer son indispensable résurrection ».(URL.https://www.editionsobservatoire.com/content/Anatomie_dune_trahison)

 La gauche  dite de pouvoir (ou de gouvernement?) se serait-elle réfugiée dans le confort de l’irrationnel? C’est l’une des questions existentielles posées ; elle reste comme d’autres sans réponse. Pendant ce temps toutes les organisations de gauche  s’étiolent  abandonnant le peuple de France aux dérives les plus diverses,  de mauvais augure pour  le devenir de la république et de la justice sociale.

 On peut ainsi lire dans Tribune juive,une analyse dévolue à l’ouvrage de Renaud Dély : » Pour comprendre la genèse de la crise idéologique que traverse la gauche française, à l’origine des ruptures et recompositions en cours. Comment elle s’est laissée peu à peu gouverner par l’émotion plutôt que par la raison, comment elle a cédé au règne de l’indignation et de l’excommunication, bref, comment la gauche, faute de pouvoir le changer, a tourné le dos au réel, par démission ou par illusion, pour se réfugier dans un confortable repli identitaire qui comble l’aspiration à la pureté idéologique d’un noyau militant, mais l’éloigne durablement du pouvoir. Une évolution qui vient de loin et s’achève par un tournant historique: l’effacement de la social-démocratie au profit d’une gauche radicale et souverainiste. »

(URL.tribunejuive.info/2022/05/07/renaud-dely-anatomie-dune-trahison-la-gauche-contre-le-progres/)

 Les visiteurs de ce site pourront consulter  en cliquant ici la recension  de l’ouvrage de R. Dély lu par Philipe Foussier publiée dans Mezetulle le 10 juillet 2022  . Elle s’intitule :

 

 Le livre de Renaud Dély « Anatomie d’une trahison. La gauche contre le progrès »

lu par

 Philippe Foussier

« La gauche à la dérive »

Ils  y pourront aussi prendre connaissance de la recension de l’ouvrage de Stéphanie Roza (2020)  par  le même auteur.

Que Catherine Kintzler soit  sincèrement remerciée de nous autoriser ces  nouveaux emprunts .