La controverse autour de l’oeuvre de Condorcet ,le dernier philosophe des Lumières

Présente dans la littérature ayant trait à l’oeuvre de ce Révolutionnaire, la controverse se trouve réactivée suite à une émission portant sur le transhumanisme dans laquelle s’exprimait Michel Onfray… Cet auteur aurait prêté à Condorcet des écrits à caractère eugéniste ce qui ne manque pas de susciter un commentaire documenté de Catherine Kintzler dont les études condorcétiennes font autorité.

Ceci conduit à préciser d’emblée les notions de transhumanisme et d’eugénisme, afin de tirer le meilleur des modalités du débat engagé et de leurs significations. Quoi qu’il en soit , on considérera ici, à l’instar de Condorcet lui-même que « toute société qui n’est pas éclairée par des philosophes est trompée par des charlatans » !

Ainsi selon Wikipedia :

Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer la condition humaine par l’augmentation des capacités physiques et mentales des êtres humains et de supprimer le vieillissement et la mort. Le mouvement transhumaniste se préoccupe des dangers comme des avantages que présentent de telles évolutions.

Ainsi, le transhumanisme est parfois considéré comme un posthumanisme ou encore comme une forme d’activisme caractérisé par une grande volonté de changement et influencé par les idéaux posthumanistes. En France, ce mouvement est principalement représenté par l’Association française transhumaniste. Il existe des groupes de réflexion, comme Neohumanitas, en Suisse, qui encouragent la réflexion et la discussion sur les conséquences socio-éthiques de l’utilisation des biotechnologies sur l’être humain et qui abordent certains enjeux du transhumanisme. Un grand nombre d’approches transhumanistes différentes sont reflétées au sein même de ces différents groupes.

La perspective transhumaniste d’une humanité transformée a suscité de nombreuses réactions, tant positives que négatives, émanant d’horizons de pensée très divers. Francis Fukuyama a ainsi déclaré, à propos du transhumanisme, qu’il s’agit de l’idée la plus dangereuse du monde, ce à quoi un de ses promoteurs, Ronald Bailey, répond que c’est, au contraire, le « mouvement qui incarne les aspirations les plus audacieuses, courageuses, imaginatives et idéalistes de l’humanité »7.

Certains auteurs  pensent que l’humanité serait déjà transhumaine, grâce aux progrès considérables des derniers siècles, et en particulier des dernières décennies, surtout sur le plan médical. Cependant, l’humanité actuelle ne le serait pas d’une manière consciente. Par conséquent l’humanité ne saurait être qualifiée de transhumaniste.

Le transhumanisme repose sur les progrès de la médecine, de la technologie, de l’informatique, de la robotique et de tout ce qui peut s’apparenter aux sciences et à l’intelligence artificielle. (Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Transhumanisme)

L’ eugénisme est « l’ensemble des méthodes et pratiques visant à sélectionner le patrimoine génétique des générations futures d’une population en fonction d’un cadre de sélection prédéfini ». Il peut résulter d’une politique étatique mais aussi d’une somme de décisions individuelles prises par les futurs parents, dans une société où primerait la recherche de l’« enfant parfait », ou du moins « indemne de nombreuses affections graves ».

Le terme eugenics a été employé pour la première fois en 1883 par le scientifique britannique Francis Galton, dont les travaux participèrent à la constitution de la mouvance eugéniste. Mené par des scientifiques et des médecins, l’eugénisme qui se met en place au tournant du xxe siècle milite pour une politique d’éradication de caractères jugés handicapants ou de développement de caractères jugés bénéfiques. Son influence sur la législation s’est traduite principalement dans trois domaines : la mise en place de programmes de stérilisation contrainte, là où la culture dominante le permettait, un durcissement de l’encadrement juridique du mariage et des mesures de restriction ou de promotion de tel ou tel type d’immigration.

À partir du 14 juillet 1933, le régime nazi adopte une loi visant à éradiquer les maladies héréditaires par l’euthanasie d’enfants handicapés. Dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, l’eugénisme a été largement abandonné, bien que certains pays occidentaux (les États-Unis, le Canada et la Suède) aient continué à pratiquer des stérilisations forcées. En 1983, Singapour a mis en place, ainsi que la Chine, un système qualifié d’eugéniste.

Dans la période contemporaine, les progrès du génie génétique et le développement des techniques de procréation médicalement assistée ouvrent de nouvelles possibilités médicales (diagnostic prénataldiagnostic préimplantatoire…) qui nourrissent les débats éthiques sur la convergence des techniques biomédicales et des pratiques sélectives.

L’éventuelle résurgence d’une forme d’eugénisme, après des décennies de promotion des droits de l’homme, se heurte à des critiques en dehors du débat éthique. En particulier, l’eugénisme négatif apparaît comme une violation des droits humains fondamentaux, qui incluent le droit de reproduction. D’autre part, l’eugénisme peut aboutir à une perte de diversité génétique, perturbant artificiellement des millions d’années d’évolution humaine… (Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A9nisme)

Ces éléments étant rappelés on pourra consulter la mise au point de Catherine Kintzler publiée dans son Blog revue Mezetulle, le 22 janvier 2023. Il s’intitule :

« Michel Onfray « lecteur » de Condorcet »

Le débat s’engage entre philosophes selon les termes suivants :

« Michel Onfray était invité de l’émission « Le Grand Rendez-vous CNews-Europe1 » le 1er janvier 20231. Interrogé notamment sur le transhumanisme, il affirme que Condorcet aurait avancé des propositions eugénistes dans la dernière partie (Dixième époque) de l’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, et suggère à cette occasion que Condorcet se rangerait alors aux côtés des « plus radicaux des Jacobins » :

« […] ce propos [i. e. l’homme nouveau de Saint Paul] est même repris par la Révolution française et par les plus radicaux des Jacobins, et il y a même des propositions eugéniques sur ce sujet-là avec Condorcet – Condorcet c’est formidable, c’est le progrès, etc. – lisez le dernier tableau des Progrès historiques de l’esprit humain [sic] de Condorcet, il parle d’eugénisme […] »2. [M. Onfray s’en prend ensuite à Diderot]. Ces deux points sont susceptibles de vérification .

C’est ce que ne manqueront pas de faire les visiteurs de ce site en cliquant ici . Ils en tireront les enseignements qui s’imposent .

Quoi qu‘il en soit, il est opportun sinon nécessaire de renvoyer les lecteurs à l’ouvrage fondateur de Catherine Kintzler dévolu à Condorcet et intitulé :

Condorcet, l’instruction publique et la pensée politique

 

par 

Catherine Kintzler,

Mezetulle, 18 octobre 2015

URL :https://www.mezetulle.fr/condorcet-linstruction-publique-et-la-pensee-politique/

A l’époque C. Kintzler écrivait : « Je propose ce texte au moment où paraît la troisième édition de mon Condorcet, l’instruction publique et la naissance du citoyen (Paris : Minerve, 2015, nouvelle édition revue, avant-propos de 2015).Durant la Révolution française, Condorcet construit sa théorie de l’instruction publique parce qu’il s’interroge sur les effets de la liberté politique. Faute de lumières et de pensée réflexive, un peuple souverain s’expose à devenir son propre tyran, et le progrès n’est pour lui qu’un processus d’étouffement : il ne peut être libre que par la rencontre avec les objets du savoir désintéressé formant l’humaine encyclopédie. Il appartient à la puissance publique d’organiser cette rencontre afin que chacun puisse se soustraire à l’autorité d’autrui et s’engage sur le chemin de sa propre perfectibilité. L’égalité prend alors sa forme la plus accomplie : l’excellence et la distinction des talents. »

Au final, et pour se libérer des soupçons de pensée eugéniste de Condorcet , on pourra remettre en exergue deux de ses pensées célèbres :

« Il faut douter même de la nécessité de douter de tout »

Les amis de la vérité sont ceux qui la cherchent et non ceux qui se vantent de l’avoir trouvée »

Et de continuer à chercher !