C’est le 18 avril 1863 que Napoléon, « par la grâce de Dieu et la volonté nationale »,Empereur des français, à tous présents et à venir, décrèta : « Avons sanctionné et sanctionnons, promulgué et promulguons ce qui suit : LOI (Extrait du procès-verbal du Corps législatif) Le Corps législatif a adopté le projet de loi dont la teneur suit :
Art. 1. – Toute commune de cinq cents habitants et au -dessus est tenue d’avoir au moins une école publique de filles, si elle n’en est pas dispensée par le conseil départemental en vertu de l’article 15 de la loi du 15 mars 1850.Dans toute école mixte tenue par un instituteur, une femme nommée par le préfet, sur la proposition du maire, est chargée de diriger les travaux à l’aiguille des filles. Son traitement est fixé par le préfet, après avis du conseil municipal.
Art. 2. – Le nombre des écoles publiques de garçons ou de filles à établir dans chaque commune est fixé par le conseil départemental, sur l’avis du conseil municipal. Le conseil départemental détermine les écoles publiques de filles auxquelles, d’après le nombre des élèves, il doit être attaché une institutrice adjointe… »
Les visiteurs trouveront la suite du texte de cette loi en se rendant à l’adresse :
https://www.education.gouv.fr/loi-sur-l-enseignement-primaire-du-10-avril-1867-11000
On rappellera cependant le libellé des articles 20 et 21 de ladite loi :
Art. 20. – Tout instituteur ou toute institutrice libre qui, sans en avoir obtenu l’autorisation du conseil départemental, reçoit dans son école des enfants d’un sexe différent du sien, est passible des peines portées à l’article 29 de la loi de 1850.
Art. 21. – Aucune école primaire, publique ou libre, ne peut, sans l’autorisation du conseil départemental, recevoir d’enfants au-dessous de six ans, s’il existe dans la commune une salle d’asile publique ou libre.
Victor Duruy était ministre de l’Instruction publique à l’époque… Ceci ne réglait pas, loin s’en faut, la question de l’enseignement des filles. Ainsi quelques mois avant la déclaration de la Guerre de 1870 Jules Ferry , alors député républicain, déclarait lors d’une conférence :
« Réclamer l’égalité d’éducation pour toutes les classes, ce n’est faire que la moitié de l’œuvre, que la moitié du nécessaire, que la moitié de ce qui est dû ; cette égalité, je la réclame, je la revendique pour les deux sexes… La difficulté, l’obstacle ici n’est pas dans la dépense, il est dans les mœurs. »
Ce n’est qu’à compter des évènements fondateurs de 1870 -1871, que se produisirent des progrès dans l’organisation de l’enseignement des filles alors que s’ouvrait la voie de la 3è République et de ses lois scolaires.
En 1870 pendant le siège de Paris ; les maires de Paris, Étienne Arago puis Jules Ferry réunissent une commission mixte de l’enseignement. Cette commission examine entre autres les questions de gratuité, et les réformes à apporter à l’enseignement primaire et secondaire des filles et des garçons. À cette commission siègent les deux premières femmes bachelières de France, Julie-Victoire Daubié et Emma Chenu…
Au moment de la Commune de Paris, côté Communards, le souci majeur est celui de la nécessité de laïciser l’éducation : deux tiers des filles scolarisées le sont dans des écoles publiques appartenant aux congréganistes, le reste étant dans des écoles dites « libres », le plus souvent laïques, où les professeurs ne prêtent pas un serment d’obéissance à l’Empire. Édouard Vaillant, le délégué à l’Instruction publique, s’attache alors à laïciser les institutrices républicaines .
Sous l’impulsion du ministre de l’éducation de la 3è République Jules Ferry, les lois scolaires de 1881-1882 instituent également pour les filles le même enseignement primaire que les garçons, avec une mise à égalité concernant l’instruction. Elles transforment l’école publique, en instituant au niveau élémentaire la gratuité, l’obligation d’instruction de 6 à 13 ans et la laïcité, sans établir de différence entre les filles et les garçons. Ces mesures législatives ont pour effet d’inculquer les bases du calcul, de l’écriture, de la lecture à l’ensemble des filles.
Cependant on estime qu’à Paris le tiers des ouvrières des années 1920 n’est pas scolarisé jusqu’à la limite imposée de 13 ans. La mixité est prohibée même si la loi Goblet du 30 octobre 1886, , ouvre la possibilité d’écoles mixtes à classe unique pour les hameaux ou communes de moins de 500 habitants, sous condition d’autorisation du Conseil départemental.
En ce qui concerne la formation des enseignants, le 9 août 1879, la loi Paul Bert fait obligation à chaque département de créer une école normale de filles — comme une école normale de garçons, d’ailleurs —, c’est-à-dire une école pour former des institutrices ! » (d’après https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l%27%C3%A9ducation_des_filles_en_France)
Deux adhérents de notre Association qui ont souhaité conserver l’anonymat ont mis à notre disposition des photos de leurs archives personnelles datant de 1934 prises dans une école publique de filles de Plonéour-Lanvern (F-29720 ) à un moment où les lois scolaires de la 3è République et la loi de Séparation de 1905 portaient leurs fruits. Elles témoignent de l’état des lieux il y a bientôt 90 ans et du chemin parcouru depuis en la matière. On rappellera ici que les Institutrices présentes sur ces photos avaient été formées pendant l’entre-deux guerres à l’Ecole Normale d’Intitutrices de Quimper. On peut aisément imaginer le véritable « sacerdoce » que représentait pour elles le fait d’exercer leur métier dans une Ecole de Filles telle celle de Stang ar Bacol sise en la Commune de Plonéour-Lanvern.
Que nos deux adhérents soient remerciés pour leur contribution reconstituant quelques éléments matériels attachés au prolongement de la vie normalienne dans cette école de village .
Le diaporama relatif à l’histoire de l’Ecole de Stang ar Bacol que l’on pourra consulter en cliquant ici a été mis en forme par Laurence Cohuet. Qu’elle en soit chaleureusement remerciée.