JEAN BAUBÉROT
(5 OCTOBRE 2021)
BLOG : LAÏCITÉ ET REGARD CRITIQUE SUR LA SOCIÉTÉ (LE CLUB DE MÉDIAPART)
Le 5 octobre 2021 , avant la publication du rapport Sauvée, Jean Baubérot faisait état des “problèmes de laïcité” posés par la pédocriminalité dans l’Eglise catholique. Informé par la presse des attendus probables dudit rapport, cet auteur écrivait notamment : » Au-delà des fautes morales et des souffrances des victimes, dont des membres d’autres Eglises, d’autres religions et de nombre d’institutions séculières peuvent également avoir été responsables, c’est la position catholique sacralisant les clercs, prétendant que ceux-ci sont différents, par nature, des laïcs que ces « affaires », selon moi, mettent structurellement en question ».
Avec son accord, nous avons reproduit son article pour le représenter sur ce site. Les visiteurs pourront le consulter en cliquant ici.
L’on pourra aussi se rendre compte que si l’on érige la lutte contre l’obscurantisme et tous les cléricalismes en élément constitutif majeur de la laïcité républicaine à la française il y a, dans la signification à donner au rapport Sauvée et aux démarches ayant conduit à son élaboration, une « leçon de laïcité donnée paradoxalement à l’Etat laïque et à ses institutions par une organisation religieuse”. L’Etat saura-t-il en tirer le meilleur parti tout en affirmant les principes fondateurs de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 ? Ceux-ci demeurent d’une pertinence et d’une actualité flagrantes!
Dans l’attente on maintiendra ici sans faiblesse que la tolérance de l’autre et de ses libertés (dans le respect de la dignité humaine et de l’ordre public) est la clé de la fraternité. On notera aussi que la laïcité qui la prolonge n’est aucunement devenue « le masque de l’exclusion intolérante des confessions religieuses », en reprenant l’expression de Gilles Gourbin(2016) Cf.https://doi.org/10.4000/leportique.288 .
Notre laïcité, celle qui est la raison d’être de ce site, reste celle conçue par Ferdinand Buisson et instaurée par la loi de 1905. Dans ses rapports avec l’Etat elle se fonde sur deux principes fort judicieusement rappelés par G. Gourbin (ibid.) à savoir :
1. »L’abstention absolue de la puissance publique en matière de croyance. Par conséquent, la laïcité rejette l’idée d’une religion officielle, y compris d’une religion civile, à la manière de Rousseau, de Robespierre ou de Comte : il ne saurait y avoir, dans une république laïque, un culte de l’être suprême ou une adoration de saints républicains. »
2. « L’exclusion absolue de toute communauté, identifiée et assumée comme telle, dans l’élaboration de la loi. Autrement dit, la loi ne doit être que l’expression de la volonté générale exprimée par les citoyens, quelles que soient ensuite les modalités de cette expression. »
Que Jean Baubérot et l’Association des Amis de la Vigie de la Laïcité soient remerciés de nous avoir autorisé à reproduire et à représenter l’article mentionné.