A propos de la mise en berne du drapeau national sur les bâtiments publics pour les obsèques du pape François.

Ça  va mieux en  le disant et en  l’écrivant (même à contretemps) :  les bâtiments publics sont les temples de la République  et non ceux de la foi. Il n’y avait donc aucune  raison légitime pour que le drapeau  qu’ils arborent fièrement  soit mis en berne pour cet évènemement. La France laïque ne se trouvait pas en deuil !

 Certes comme souligné par Stéphane Duguet (Public Sénat, 23 avril 2025)  « la mise en berne des drapeaux fait polémique jusqu’au Sénat… »

 Il précise dans un article que :

Les drapeaux seront mis en berne samedi à l’occasion des funérailles du pape François. Un choix défendu par certains élus et critiqué par d’autres au nom de la laïcité. François Bayrou lui-même avait critiqué ce choix en 2005.

Les drapeaux hissés sur les bâtiments publics seront descendus à mi-hauteur ou attachés par un ruban noir samedi à l’occasion des funérailles du pape FrançoisUne décision prise par l’Elysée assure-t-on à Matignon qui avait annoncé la mise en berne des drapeaux à l’Agence France Presse.

Mais ce choix ne passe pas auprès de plusieurs responsables politiques de gauche comme Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, Manuel Bompard, coordinateur national de la France Insoumise ou encore les députés écologiste Alexis Corbière et socialiste Jérôme Guedj.

« Obligation d’indifférence »

« Cette décision est honteuse », écrit sur X le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, par ailleurs membre du groupe d’amitié France-Vatican. « Je ne me sens pas représenté par la République française quand elle estime de son devoir d’honorer souverain pontife », regrette-t-il auprès de Public Sénat. Pour le vice-président du Sénat, la laïcité impose une « obligation d’indifférence » à l’égard de toutes les religions.

Mais au Palais du Luxembourg la plupart de ses collègues interrogés ne sont pas choqués. « C’est aussi un chef d’Etat », rappelle le sénateur socialiste Rémi Féraud. « La France est laïque mais son histoire est catholique. Je ne crois pas qu’il y ait de mise en danger de la laïcité », ajoute un autre sénateur PS. Dominique de Legge, le président Les Républicains (LR) du groupe d’amitié France-Vatican, est du même avis : « On ne peut pas rendre hommage et regretter un geste qui traduise de façon tangible cet hommage ».

Bayrou opposé à la même décision en 2005

D’autres avancent aussi le fait que ce n’est pas la première fois que la France met ses drapeaux en berne pour un chef d’Etat étranger et une autorité religieuse. « La reine Elizabeth II était aussi cheffe de l’Eglise d’Angleterre que je sache », appuie Loïc Hervé, sénateur centriste. « Le contraire me choquerait » indique même la sénatrice LR Marie Mercier. En revanche, la vice-présidente du groupe d’amitié France-Vatican estime qu’un « deuil national ne collerait pas parce que ce n’est pas une personnalité nationale ».

Ce ne sera d’ailleurs pas la première fois que les drapeaux seront mis en berne après la mort d’un pape. La France l’avait fait après le décès du pape Jean-Paul II en 2005, année du centenaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. A l’époque, cette décision avait été sévèrement critiquée par l’actuel Premier ministre François Bayrou. L’ancien président de l’UDF jugeait que cette décision « ne correspond pas à la distinction qu’il faut faire entre convictions spirituelles et choix politiques nationaux ». Un de ses proches contacté par Public Sénat assure qu’aujourd’hui « ça ne pose un problème à personne, ni au gouvernement ni au président de la République au regard de ce qu’était le pape François tourné vers les plus démunis ».

Pour rendre hommage au pape François, Gérard Larcher, le président du Sénat, a signé le registre de condoléances de la Nonciature apostolique, le lieu de représentation du Vatican en France. « Au nom du Sénat sincères condoléances à la communauté catholique de France et à l’Église universelle » a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. Une prise de position officielle au nom de l’institution que déplore le vice-président communiste du Sénat Pierre Ouzoulias : « Je ne lui ai pas donné mandat pour qu’il aille signer le registre de condoléances du pape ».

Tout ceci ne laisse rien augurer de bon lorsque d’aucuns se préparent à  célébrer sans faiblesse ni compromission le 120è anniversaire de la Loi de Séparation des Eglises et de l’Etat.

Il ne s’agissait point de respecter  on ne sait quelle « obligation d’indifférence » mais seulement de continuer à respecter toutes les différences.

Les visiteurs intéressés pourront consulter à ce propos une tribune publiée dans l’hebdomadaire Marianne  reprise sur le site de Unité Laïque.  Ladite tribune est accessible  à l’URL  :