Le retour du tragique

« On peut empêcher de parler, on ne peut empêcher de penser »

 Le  tragique récurrent de l’Histoire  se trouve une fois de plus  illustré depuis plusieurs semaines par l’invasion de l’Ukraine par l’armée de la Fédération de Russie et par la guerre en cours avec son cortège de souffrances et de malheurs. La Paix et la Raison sont de   nouveau bafouées.  

« Les événements tragiques qui marquent notre actualité nous incitent à rendre hommage à ceux qui aujourd’hui sont pris dans la guerre et combattent avec un courage indicible pour leur liberté, notamment en Ukraine. Le recours aux traces et aux textes de l’Antiquité permet de mettre en perspective et dans la longue durée l’expérience de la guerre, celle de la désolation et de la résignation qui l’accompagnent, et celle des sursauts parfois héroïques qu’elle provoque. » (cf.https://eduscol.education.fr/odysseum/la-guerre-et-le-retour-du-tragique-dans-lhistoire)

Selon Philmag, »l’idée de tragédie de l’histoire entre dans l’imaginaire collectif en 1979, lorsque Jean-Paul Sartre et Raymond Aron se rendent à l’Élysée pour demander à Valery Giscard d’Estaing d’accueillir en France les « boat people » vietnamiens. Ils réclament 3 000 visas, le président leur en concèdera 1 000. Aron lâchera ces quelques mots à la suite de l’entrevue : « Ils ont oublié que l’histoire est tragique. » L’historien et philosophe s’en expliquera deux ans plus tard, dans Le spectateur engagé (1981) : « J’ai écrit souvent que Giscard d’Estaing, qui est un homme très intelligent, très instruit, est en même temps un homme irénique, c’est un homme de la paix. Quand vous écoutez ses discours, vous avez toujours le sentiment que tout peut s’arranger par négociations, compromis, en étant raisonnable. À peu près jamais, il ne donne le sentiment qu’il y a, dans le monde où nous sommes, des conflits probablement inexpiables, qu’il y a le risque, le danger des tragédies. »

« Quel sens Aron donne-t-il au mot tragédie ? Dans ses Mémoires(1983), il écrit : « L’histoire de l’humanité est jonchée de cultures mortes, parfois même évanouies de la mémoire des vivants. L’histoire fut tragique pour les Indiens, pour les Incas, pour les Aztèques. Qui en doute ? » 

La tragédie vient de ce que l’inévitable semble pouvoir advenir. L’histoire a un caractère absurde et contingent, où la possibilité d’un déferlement de violence, d’une résurgence insensée du mal n’est jamais dépassée : « Tragique, la nécessité de fonder la sécurité sur la menace de bombardements nucléaires ; tragique, le choix entre l’accumulation d’armes classiques et la menace nucléaire ; tragique, la destruction de vieilles cultures par la civilisation industrielle. » Chez Aron, la tragédie se démarque de son sens grec et théâtral originel – celui d’un destin conduisant inexorablement vers la mort. Il s’agit plutôt d’un déchirement de l’histoire qui n’a proprement aucun sens. Nous ne pouvons que « faire avec » le mal. ! »  (Cf. l’URL; https://www.philomag.com/articles/le-tragique-de-lhistoire-pourquoi-macron-reprend-cette-expression
 
Nous avons  en effet de nouveau retrouvé le chemin de la mort et n’avons pas su préserver la paix… S’agit-il d’un nouveau  pas sur la voie du déclin du courage ? En l’absence de réponse on ne peut, en l’occurrence, qu’opposer sans espoir le visage de   « l’impassible dictateur »  à celui « ouvert  du président-comédien devenu chef de guerre »…

Ce constat accablant revêt sans nul doute un caractère particulier en cette période  dite des Pâques chrétiennes , ce qui transparaît dans l’article de Joseph Thomas paru le 14 avril 2022 dans Golias News. Il est intitulé :

 

 « Retour du tragique en ce temps de Pâques »

Il fait apparaître  avec lucidité et réalisme  que l’on   » avait chanté, sur bien des tons, l’assurance d’une mondialisation humaniste universelle ! Et nous voilà bousculés, alertés par des jeux d’alliance rappelant les heures les plus graves. Menaces nucléaires. Raidissement. Logique imperturbable. La guerre comme une évidence. L’actualité rappelle au « retour du tragique ».

L’article complet  de J.Thomas est accessible en cliquant ici.

 
Que Christian Terras, Rédacteur en chef  de Golias soit remercié de nous permettre ce nouvel emprunt.