Un cabinet de conseil bien rétribué à l’oeuvre au Ministère de l’Education Nationale

Selon Wikipedia, toujours informé , « Une société de conseil ou cabinet de consulting ou encore un cabinet de conseil est une entreprise qui emploie des consultants qui vendent des avis ou des recommandations sur ce qu’il convient de faire dans une organisation pour en améliorer un aspect. Les services de ces sociétés visent à améliorer le fonctionnement et la performance, actuels ou futurs, d’une organisation publique ou privée : entreprise, association, ministère, collectivité territoriale, syndicat, etc.

On y apprend aussi que « Le secteur du conseil apparaît particulièrement concentré : en 2017, les Big Four (KPMG, Deloitte, EY et PwC) pèsent pour 39% du chiffre d’affaires mondial du conseil, tandis que les 10 des plus grandes entreprises de conseil (les Big 4 ainsi qu’AccentureIBMMcKinsey, le BCG…) comptent pour 56% du chiffre d’affaires mondial du conseil1. » et qu’accessoirement : « De nombreuses réformes engagées en France ont engendré une demande croissante de conseil et d’assistance extérieure dans le Secteur public. Malgré des budgets serrés, la demande s’est développée pour les ministères, mais aussi les hôpitaux et les collectivités territoriales »

Mais il s’avère aussi et il ne pouvait en être autrement que : «  Les sociétés de conseil sont régulièrement accusées de causer du «  burnout » ( ???, ndlr) parmi leurs employés. Elles sont également critiquées pour la qualité, l’utilité ou l’intérêt de leurs prestations (un adage courant veut que le consultant « emprunte votre montre pour vous dire l’heure qu’il est ») ; une étude américaine met en avant que 70 % des plans de transformation échouent. A ce titre, l’existence des sociétés de conseil a même été qualifiée d’arnaque.

Au xxie siècle, les consultants sont également critiqués pour être un exemple de « bullshit job » (cf.David Graeber pour boulot à la con ; sic … ndlr)

En France, un rapport du Sénat pointe un interventionnisme généralisé des cabinets de conseil dans les décisions de l’État. En 2021, les dépenses de conseil de l’État ont dépassé le milliard d’euros ». (Cf.https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_de_consei).

Les questions subsidiaires sont celles de savoir – s‘agissant de nos services publics aussi bien conseillés- ce que sont devenus en pareille galère nos grands fonctionnaires serviteurs de l’Etat recrutés à cette fin et rétribués avec les deniers des contribuables. S’agissant de l’Education Nationale et de son Ecole on voit que l’irruption ( ???) dans le décor, des cabinets de conseil, a conduit (ou est associée) aux difficultés criantes d’une institution que d’aucuns qualifient de sinistrée. Faut-il croire à un manque per se de corrélation entre ces deux observations ?

Puisqu’il s’agit d’expériences – de surcroît très coûteuses- il faut rester dans le doute , avant d’en tirer des enseignements à caractère stratégique puisque c’était bien de cela dont il était question !…

Les visiteurs de ce site pourront déjà ,en attendant la suite, rester informés de réactions et commentaires publiés dans différents medias et qui, dans leur globalité, ne semblent pas de nature à rassurer ni le citoyen ni le contribuable…

Ils sont invités à prendre connaissance en cliquant ici (document 1) d’un article à ce propos publié dans Mezetulle le blog revue de Catherine Kintzler. Il s’intitule :

McKinsey

et

« les évolutions du métier d’enseignant »

Selon l’auteure, « il y a un an, le Sénat interrogeait le directeur associé senior de McKinsey France, « responsable du pôle Secteur public », au sujet d’un contrat commandé par le gouvernement sur « les évolutions du métier d’enseignant » (coût du contrat : 496 800 euros, quand même). Un tweet de Publi Sénat diffusait le 22 janvier 2022 une vidéo où ce responsable, dans sa réponse quelque peu balbutiante à la sénatrice Eliane Assassi, considère comme interchangeables les termes « secteur de l’enseignement » et « marché de l’enseignement ». Grâce à la persévérance d’un citoyen, on peut à présent lire trois des documents constituant le « rapport ». C’est édifiant, mais pas vraiment étonnant. »

 
*Les visiteurs seront d’autant plus édifiés en cliquant ici (document 2) pour découvrir un article de Lilia Ben Hamouda paru dans « Le café pédagogique » le 16 janvier 2023. Il est intitulé :

 
Prime au mérite : le rapport à 500 000 euros de McKinsey

Il y apparaît notamment que :« Près de 500 000 euros pour un rapport qui prône la rémunération au mérite. Très exactement 496 800 euros facturés par le cabinet McKinsey en 2020 au ministère de l’Éducation nationale pour la préparation d’un colloque qui n’a jamais eu lieu. Il s’agissait alors « d’accompagner la Direction Interministérielle de la Transformation Publique dans l’organisation d’un séminaire pour réfléchir à l’évolution du secteur de l’enseignement » avait répondu le directeur du cabinet de conseil américain à l’interpellation de la sénatrice PCF Eliane Assassi dans le cadre de la Mission d’enquête sur l’influence des cabinets de conseil du Sénat en, janvier 2022. Le colloque n’a jamais eu lieu, la crise sanitaire étant passée par là. Le cabinet a fourni un rapport d’un peu plus de 200 pages justifiant une rémunération différenciée des professeurs. Un rapport rendu public le 11 janvier dernier grâce au journaliste Marc Rees qui avait saisi la CADA (commission d’accès aux documents administratifs).

Tout ceci est accablant et ne manque pas d’aggraver les évolutions préoccupantes de notre système éducatif public que nous combattons régulièrement sur ce site.

Pour s’en convaincre, on pourra aussi suivre les liens suivants :

https://www.marianne.net/societe/education/blabla-et-neoliberalisme-a-gogo-ce-que-contient-le-rapport-de-mckinsey-sur-lecol

https://blog.educpros.fr/julien-gossa/2023/01/13/mckinsey-un-demi-million-de-copier-coller/

https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/retour-sur-les-enquetes-du-senat-1re-partie-affaire-mckinsey-la-concentration

https://www.lelibrepenseur.org/le-rapport-de-mckinsey-sur-lecole-ou-le-neoliberalisme-des-la-primaire/

https://www.sudeducation44.org/remuneration-au-merite-le-dernier-rapport-mckinsey/

https://frontpopulaire.fr/politique/contents/mc-kinsey-empoche-un-demi-million-deuros-dargent-public-pour-du-vent_co752820

https://www.snes.edu/article/rapport-mckinsey-sur-le-metier-denseignant-constats-de-carton-pate-mais-vrai-projet-neo-liberal/

Il y en a bien d’autres ; ils sont tous unanimes à condamner une pratique managériale peu compatible avec un fonctionnement démocratique et le progrès social notamment en milieu éducatif.

Pour conclure on reprendra à notre compte la déclaration de l’organisation syndicale mentionnée ci-dessus qui, pointant des problèmes méthodologiques majeurs dans les travaux de McKinsey, souligne : « la réalité et le quotidien des enseignants du XXIème siècle sont absents. Ne sont que très peu ou pas du tout traités : l’impact des effectifs d’élèves sur l’efficacité de l’enseignement ; l’évaluation de la charge de travail et du temps de travail et leurs effets sur la santé; l’(in)adéquation des moyens matériels et leur fiabilité ; les effets des carences de l’organisation du travail comme l’instabilité, les changements permanents, la succession de réformes sans concertation ni évaluation…La crise de recrutement (« rétention des talents » dans le texte) et la dégradation du bien-être enseignant, tout de même évoquée, se voient attribuer comme cause unique l’érosion de reconnaissance sociale de la profession. Et pour expliquer cette dernière un seul facteur est cité : les nouvelles formes d’accès au savoir… »

Bref la coupe est pleine alors que les 500000 euros  sont bien  sortis de notre trésorerie nationale !…

Viendrait-il à quelques uns de nos zélés grands fonctionnaires, technocrates et autres hommes de pouvoir l’idée de mener campagne outre-atlantique pour proposer- moyennant rétribution contractuelle confortable- stratégies de développement pour l’avenir ? La réponse est non ; il s’agirait pour sûr de menées impérialistes inacceptables…

Alors !

Nous remercions chaleureusement Catherine Kintzler et Lilia Ben Hamouda de nous avoir autorisé à reproduire, à partir de leurs sites respectifs, les deux articles présentés ci-dessus.