Les premières promotions de normaliennes à l’ENF de Nantes
Catégorie : cabinet des curiosités
Lorsque la promotion ETINCELLE, ENG Quimper 54-58, célébrait le soixantenaire de son entrée à l’Ecole normale…
La saga des pensionnaires du Cours Complémentaire de Huelgoat (F-29690)
En souvenir de Jean Gestin
Apprentissage de l’autonomie du sport chez les normaliens quimpérois (Addendum)
Dans la série “André Le Goff raconte” Souvenirs du Birinik bigouden
Max raconte ses exploits de jeunesse : Une relation précoce et momentanée au tabac .
Anciens élèves-maîtres, nostalgiques de la « petite reine »…
Les deux protagonistes en question, amoureux inconditionnels de « la petite reine », invitent les visiteurs de ce site à consulter le récit de leurs exploits cyclistes respectifs accomplis-sans concertation préalable- à différents moments de leurs parcours d’enseignants. Leur cursus normalien, effectué au début de la seconde moitié du 20è siècle ne les préparait pas particulièrement à une utilisation ludique ou sportive de la bicyclette. En effet leurs enfances s’étaient déroulées dans les campagnes finistériennes au moment de l’occupation allemande où pour des raisons stratégiques ( ?) les vélos en bon état de marche avaient « disparu » de nos contrées. Ce n’est qu’à partir de la Libération qu’il leur fut donné d’ expérimenter les joies de la bicyclette au moyen de nouvelles machines (aux marques restées dans les mémoires telles Stella, Mercier, Glorius, Gitane ou de celles retrouvées, parfois comme par enchantement, après la fuite de l’occupant…Mais il faut bien le reconnaître, à l’époque la bicyclette demeurait un objet précieux que l’on ne confiait pas facilement aux enfants. On était encore loin des plans vélos et autres activités cyclistes développées dans les écoles et les collectivités à la faveur de divers plans citoyens et écologiques de développement durable. On parle désormais du vélo de fonction mis à disposition des travailleurs en entreprise , vélo devenu un vecteur de décarbonation (quel vocabulaire !) des déplacements des salariés.
Mais la popularité de leur « petite reine » tient aussi au développement du sport cycliste initié qu’il fut par le Tour de France (inventé en 1903) et popularisé par un magazine tel « Miroir Sprint »créé en 1946 par d’anciens Résistants et dont les images furent fondatrices pour nos deux protagonistes et nombre de leurs comparses. Certes ledit journal glorifait la vision mythique des champions exemplaires des routes du Tour de France suscitant engouement, vocations cyclistes et cyclopédestres. Ce n’était point le temps de l’assistance électrique c’était celui des « jarrets bien garnis » « construits à dure enseigne ».
On renverra les visiteurs à l’évocation poétique de la « petite reine » en les orientant vers l’adresse du Petit Braquet (Cf. https://www.lepetitbraquet.fr/chron24_Michaux.html)
et : https://www.lepetitbraquet.fr/bicyclette-et-poesie.html.)
Ils y apprendront avec Aristide Bruant que :
« Le bicycliste a le cerveau tranquille,
Bon estomac, excellent appétit,
Loin des tracas et du monde imbécile,
Il est toujours frais de corps et d’esprit.
Pédalons donc tous autant que nous sommes,
Tournons, virons, courons dur et longtemps,
La bicyclette améliore les hommes,
Et l’on vivra bientôt jusqu’à cent ans. »
Et avec Jean Mélis que :
« Je sais que toi, ma petite reine,
Ma compagne fidèle et docile,
Comprenais que hors du domicile
On pouvait oublier soucis et peine.
Toujours tu seras au fond de mon cœur
Et ensemble dans notre garage
Nous évoquerons notre jeune âge
Et retrouverons un peu de bonheur.
Tu n’es qu’une simple bicyclette
Mais nous pourrons toujours nous comprendre,
Nous aimer et converser ensemble
D’une façon simple et muette. »
Mais … « petite reine » de quoi, au juste ?
Cette expression remonte au XIXe siècle et tire son origine dans l’histoire des Pays-Bas, au temps du règne de Wilhemine d’Orange Nassau . En effet en 1890, en succession à Guillaume III, la reine, âgée de 10 ans à peine, est à la tête de l’Etat néerlandais.
« Quelques années plus tard, la Presse française en visite, souligna la drôle habitude qu’avait la reine de se déplacer à vélo dans le royaume. C’est ainsi que l’expression «la petite reine à bicyclette » fut reprise par de nombreux journaux français et l’expression « la petite reine » fut adoptée par l’ensemble de la population pour désigner la bicyclette. Wilhemine deviendra une icône non seulement dans l’histoire de son pays mais aussi dans l’histoire de la bicyclette française ! Mais les visiteurs intéressés trouveront une définition plus complète en se rendant à l’adresse :https://www.sudouest.fr/archives/tour-de-france-2023-pourquoi-le-velo-est-il-surnomme-la-petite-reine-15882253.php. où on remonte à l’histoire de Wildemine en passant par celles du poète Edmond Haraucourt et du journaliste sportif Pierre Giffard,inventeur du Paris-Brest-Paris de 1200km en 1905 !
Ce sont donc les contributions originales de nos deux compères de l’ENG de Quimper qui nous ont orienté vers ces aspects historiques et parfois romantiques de l’histoire de la « petite reine ». Nous leur savons gré de nous avoir permis d’évoquer ces effets collatéraux ayant imprégné durablement tant nos scolarités normaliennes que nos cursus professionnels.
Les visiteurs pourront consulter les deux fichiers suivants d’un simple clic gauche .Ils nous sont parvenus dans l’ordre de leur présentation :
Fichier 1. Les cyclo randonneurs par André Le Goff.
Fichier 2. Souvenirs vélocipédiques par Pierre Guinamant, agrémentés d’ un crobar de Max.
Que nos amis André Le Goff et Pierre Guinamant soient chaleureusement remerciés pour leurs nouvelles contributions.
Pierre-Jakez Hélias notre Professeur, ethnologue de cœur.
Il était naturel que la mémoire de celui qui fut notre vénéré professeur de français à l’Ecole normale d’Instituteurs de Quimper et l’importance de son œuvre pour représenter l’âme et la langue bretonnes puissent donner lieu à de nombreuses parutions sur ce site .
C’est une publication récente de Fañch Broudic, parue le 6 février 2024 dans son blog revue www.langue-bretonne.org qui a largement ouvert nos perspectives en la matière et nous l’en remercions chaleureusement. Ladite publication faisait suite à la disparition à 101 ans de Jean Malaurie, ancien Directeur de recherches au CNRS, devenu titulaire de la chaire d’ « Anthropologie et écologie arctiques » à l’EHESS et fondateur de la mythique collection «Terre humaine». Jean Malaurie en effet, géographe-physicien devenu ethno-historien mondialement connu, avait découvert non seulement l’œuvre de P-J. Hélias mais aussi l’homme sage, quêteur et éveilleur de mémoire qu’il fut.
Nous rappellerons tout d’abord la teneur des hommages qui furent rendus à Jean Malaurie et à son oeuvre emblématique. Ainsi s’exprimaient à ce propos :
–Romain Huret,président de l’EHESS :
https://www.ehess.fr/fr/hommage/hommage-jean-malaurie
« L’EHESS a appris avec une profonde tristesse la disparition du géographe et anthropologue Jean Malaurie, explorateur du Grand Nord, le 5 février 2024.En 1990, les éditions Plon publient un livre sobrement intitulé Pour Jean Malaurie. De Jacques Le Goff à Claude Lévi-Strauss, le sommaire se lit comme une cartographie française des sciences sociales des années d’après-guerre. C’est dire l’exceptionnel apport du fondateur du Centre d’études arctiques à la recherche, et ces quelques lignes ne feront que l’esquisser. Formé à la géographie et à la géomorphologie, il découvre ces terres lointaines en 1948 lors d’une expédition conduite par Paul-Emile Victor. À vingt-quatre ans, il se passionne pour un terrain qu’il cartographiera avec patience tout au long de sa vie. Sur place, au contact des populations, il forge une méthode, empruntant à toutes les sciences sociales dans une féconde pratique interdisciplinaire. Son premier livre, Les Derniers Rois de Thulé (1955), en fait la brillante démonstration. Cette publication marque également la naissance de la collection « Terre Humaine » aux éditions Plon. Le directeur de recherche au CNRS rejoint notre établissement dès 1975 avec une chaire intitulée « Anthropologie et écologie arctiques ». Dans nos murs, il peaufine sa méthode anthropo-géographique et son œuvre, inventive, attentive aux autres, ouverte à la diversité des mondes. En notre nom à toutes et tous, j’adresse mes plus sincères condoléances à ses proches et à sa famille. »
–France Info avait déjà souligné que le géographe-physicien “Jean Malaurie fut le premier homme au monde à avoir atteint le pôle géomagnétique Nord avec deux traîneaux ( le 29 mai 1951). Au cours de cette aventure, il découvre à Thulé une base militaire américaine pour bombardiers nucléaires ! Celui qui est devenu un ethno-historien mondialement connu s’élèvera contre cette implantation, réalisée sans avoir consulté la population locale. cf.(https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/13h15/13h15-du-samedi-11-juillet-2015_983339.htm)
–Samuel Etienne ( In le Dictionnaire prosopographique de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes) cf. https://prosopo.ephe.psl.eu/jean-malaurie) :
« la carrière de Jean Malaurie a été consacrée à des études de géomorphologie polaire (météorisation, structures dynamiques d’éboulis), d’anthropogéographie arctique dans un esprit animiste et à l’étude du développement des populations Inuit et nord-sibériennes. Le travail de recherche de Jean Malaurie commence en 1948 et 1949, à la suite de sa nomination, par son maître Emmanuel de Martonne (Académie des Sciences), en tant que géographe-physicien aux deux expéditions de Paul-Émile Victor sur la côte centre-ouest du Groenland (inlandsis et secteur déglacé). Fin 1949, Jean Malaurie démissionne, l’Académie des Sciences ayant décidé, par cohérence avec le programme antarctique, de supprimer toute étude des sociétés humaines au Groenland. L’hiver 1948-1949 et l’hiver 1949-1950, il effectue une mission solitaire CNRS dans le Hoggar à 2800 mètres d’altitude pour étudier la desquamation des roches et la géomorphogénie des éboulis dans un climat désertique aux données thermiques inverses du nord du Groenland. En 1950-1951, le directeur du CNRS charge Jean Malaurie d’une mission solitaire de géomorphologie et de géographie humaine à Thulé, dans le nord du Groenland. Le 29 mai 1951, au cours d’une mission de reconnaissance géomorphologique sur l’inlandsis, il est le premier homme à atteindre, en deux traîneaux à chiens, le pôle géomagnétique en compagnie de Kutsikitoq, son fidèle compagnon Inuit. « L’homme qui parle aux pierres », comme le désignent les Inuits, apprend petit à petit à écouter les réponses des roches, de la végétation, appuyant ses réflexions de géomorphologue naturaliste sur les relations qu’entretiennent les Inuits avec leur territoire, relations de parenté et de courtoisie vis-à-vis du monde animal, minéral, végétal, au cœur même de la pensée chamanique. Le 9 avril 1962, il défend à la Sorbonne une thèse principale de géomorphologie climatique et quantitative, et une seconde thèse dite complémentaire d’anthropogéographie démographique et d’étude animiste. Jusqu’en 1990, Jean Malaurie a assuré trente et une missions arctiques : Groenland, Arctique canadien, Alaska et Tchoukotka. En 1990, il est directeur scientifique de la première expédition franco-soviétique en Tchoukotka qui permettra d’étudier l’Allée des baleines, préalablement découverte par des archéologues soviétiques en 1976 et qui sera reconnue, après les travaux de Jean Malaurie sur l’esprit Yi-King de la répartition numérique des crânes de la baleine sur le littoral, comme un haut-lieu chamanique, une « Delphes de l’Arctique ».
-Monde des grandes écoles et universités : « Jean Malaurie est assurément un des très grands hommes de sa génération. Refusant le STO en 1942, il entre en Résistance à 21 ans. Revenu du maquis, magnétiquement, d’abord avec l’expédition Paul-Emile Victor, puis seul, dans des conditions de vie extrême. La rencontre des peuples de l’Arctique, ignorés jusque-là, modifiera considérablement cet esprit scientifique, Grand Officier de la Légion d’honneur depuis cette année. Alors que sa Lettre à un Inuit de 2022 est sur le point de paraître, il a accepté de donner au Journal des Grandes écoles une de ses très rares interviews. »Cf. https://www.mondedesgrandesecoles.fr/rencontre-avec-un-homme-ocean/
Quoi qu’il en soit il bénéficiait de la reconnaissance scientifique de l’ethnologue Jean Malaurie et c’est cet aspect de la notoriété de Pierre-Jakez Helias qui est mis en évidence par Fañch Broudic dans l’article intitulé :
« Quand l’ethnologue Jean Malaurie
a rencontré
la Bretagne de Pierre-Jakez Hélias »
que nous avons reproduit, avec son acco, de façon à le représenter sur le site asvpnf.com . Il est accessible directement en cliquant sur Document 1 ou en se rendant à l’URL : http://www.langue-bretonne.org/archives/2024/02/06/40198558.html
On notera que la rencontre intellectuelle entre Malaurie et Hélias a été mentionnée récemment dans un article rendant hommage à Malaurie paru dans Le Canard enchaîné du 14 février 2024 et dont la copie (Document 2 ) nous a été adressée par un fidèle lecteur de cet hebdomadaire, ancien élève de l’Ecole normale de Quimper ! On ne manquera pas plus de rappeler que Michel Troadec dans Ouest–France du 6 février 2024 soulignait : « De Jean Malaurie, Pierre-Jakez Hélias avait dit, dans les colonnes de ce journal en décembre 1978 : « Il a réalisé le tour de force de me faire écrire un livre… moi qui n’en avais jamais écrit.» avant d’ajouter : « Jean Malaurie a une façon d’autant plus convaincante de présenter les choses que sa façon de les voir est contraire à l’universitaire. » (Cf. https://www.ouest-france.fr/culture/livres/jean-malaurie-avait-decouvert-pierre-jakez-helias-51e82ece-c4ff-11ee-8011-b976796527e7)