Les langues régionales ont récemment suscité des débats animés notamment au niveau parlementaire. Pendant ce temps qu’en est-il donc advenu de notre langue nationale?
Il est de bon aloi de rappeler notamment sur ce site que la maîtrise de la langue française se trouve au coeur de tous les apprentissages de la construction de la pensée et de la citoyenneté et que la prévention et la lutte contre l’illettrisme demeure une cause nationale. En clair on peut rappeler le propos du Ministère de l’Education nationale à cet égard :
« Savoir lire, écrire et parler le français conditionne l’accès à tous les domaines du savoir et l’acquisition de toutes les compétences. La langue française est l’outil premier de l’égalité des chances, de la liberté du citoyen et de la civilité : elle permet de communiquer à l’oral comme à l’écrit, dans diverses situations ; elle permet de comprendre et d’exprimer ses droits et ses devoirs. »
Encore faudrait-il connaître ce qui peut être exigé des locuteurs pour s’assurer qu’ils maîtrisent la langure française !… Peut-on en première approximation évoquer : “la capacité à lire et comprendre des textes variés, la qualité de l’expression écrite,la maîtrise de l’expression orale, l’apprentissage de l’orthographe et de la grammaire,l’enrichissement quotidien du vocabulaire “ . Tout un programme, au demeurant classique !
On pourra à ce propos consulter l’article de Gérard Vigner paru en 2011 et accessible à l’URL : https://www.cairn.info/revue-le-francais-aujourd-hui-2011-2-page-21.htm
Par ailleurs on ne manquera pas de souligner que”l’orthographe, la grammaire, la syntaxe se doivent d’être irréprochables dans le monde professionnel” !
Mais au delà des exigences du « monde de la formation et du travail “on fera aussi mention ce qu’il est convenu d’appeler la langue de bois … telle que présentée par exemple dans Wikipedia : “L’expression « langue de bois » désigne un cliché rhétorique péjoratif, visant à disqualifier un discours adverse en affirmant que son argumentation est tissée de formules stéréotypées”. “La langue de bois est quelquefois appelée ironiquement la xyloglossie, du grec xylon, bois et glossa, langue. C’est un discours parlé ou écrit convenu, figé, incantatoire, délivrant un message coupé de la réalité, n’apportant aucune information nouvelle ou intentionnellement truqué, voire manipulatoire.”
L’origine de « langue de bois » est russe. L’expression « langue de chêne » était utilisée avant la révolution pour qualifier la bureaucratie du tsar. Elle est devenue « langue de bois » pour le discours idéologique de l’URSS. En France, la langue de bois est souvent associée à la façon de parler des énarques.
C’est une forme d’expression employée par les hommes politiques, les responsables d’entreprises, les technocrates,… dans le but de : masquer une absence d’information précise, éviter de répondre à des questions embarrassantes, ne pas attirer l’attention sur un argumentaire défaillant, ne pas choquer un interlocuteur, dissimuler une vérité désagréable tout en feignant de la décrire, cacher des objectifs réels inavouables, faire adhérer à une idée en donnant l’impression de s’intéresser aux préoccupations du plus grand nombre,imposer une idéologie ou une vision du monde.”
URL :https://www.toupie.org/Dictionnaire/Langue_de_bois.htm
On notera aussi l’irruption depuis Orwell du néoparler et de sa déclinaison française… la novlangue :
La (ou le) novlangue (en anglais « Newspeak »), ou néoparler depuis une nouvelle traduction de 2018, est la langue officielle d’Océania, inventée par George Orwell pour son roman d’anticipation 1984 (publié en 1949).C’est une simplification lexicale et syntaxique de la langue destinée à rendre impossible l’expression des idées potentiellement subversives et à éviter toute formulation de critique de l’État, l’objectif ultime étant d’aller jusqu’à empêcher l’« idée » même de cette critique.Hors du contexte du roman, le mot novlangue est passé dans l’usage, pour désigner péjorativement un langage ou un vocabulaire destiné à déformer une réalité, ou certaines formes de jargon. Si le mot est au masculin dans la première traduction française du roman par Amélie Audiberti, il est souvent employé au féminin (la novlangue, calqué sur la langue) dans le langage courant. (Wikipedia :https://fr.wikipedia.org/wiki/Novlangue)
Ceci nous conduit immanquablement à :
L’argot :
Un argot est un « langage ou vocabulaire particulier qui se crée à l’intérieur de groupes sociaux ou socio-professionnels déterminés et par lequel l’individu affiche son appartenance au groupe et se distingue de la masse des sujets parlants ».
C’est un sociolecte qu’il faut distinguer du jargon, qui est propre aux représentants d’une profession ou d’une activité commune se caractérisant par un lexique spécialisé.
Selon certains, la fonction première de tout argot serait de chiffrer la communication, afin qu’un non-initié ne la comprenne pas (https://fr.wikipedia.org/wiki/Argot)
Le globish :
Le globish (mot-valise combinant global, « planétaire », et English, « anglais ») est une version simplifiée de l’anglais n’utilisant que les mots et les expressions les plus communs de cette langue. C’est le jargon utilisé par des locuteurs de diverses autres langues quand ils veulent communiquer en anglais.Parfois appelée aussi broken English (« anglais hésitant », « mauvais anglais » ou « anglais d’aéroport » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Globish)
Le sabir :
Un sabir désigne une langue née du contact entre des locuteurs parlant des langues maternelles différentes placés devant la nécessité de communiquer. Le sabir est par définition une langue véhiculaire et non maternelle, produit du mélange de plusieurs langues maternelles, et donc un pidgin, mais particulièrement pauvre (voir la différence entre un pidgin, un créole et un sabir). Les sabirs ont ainsi un lexique sommaire, limité aux besoins immédiats des locuteurs, et une syntaxe simplifiée par rapport aux langues d’emprunt.Historiquement, le terme sabir désigne la langue utilisée dans les milieux du commerce pour communiquer en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, mélange de plusieurs langues méditerranéennes.( https://fr.wikipedia.org/wiki/Sabir)
Le gazouillis :
Le site de microblogage Twitter est à l’origine de tout un nouveau vocabulaire, à l’orthographe variable et, à ce jour, sans équivalent français. Peut-on utiliser ces anglicismes ? Comment les écrire ? La question est complexe…Seuls les deux dictionnaires de référence généralistes les plus usuels, ainsi que Wiktionnaire, enregistrent les nombreux mots issus de l’usage du site Twitter. Ils n’ont pas encore d’équivalents français officiellement recommandés.
« Gazouillis » :Twitter [ˈtwɪtɚ]5 (litt. « gazouillis » en anglais) est un réseau social de microblogage géré par l’entreprise Twitter Inc. Il permet à un utilisateur d’envoyer gratuitement des micromessages, appelés tweets ou gazouillis, sur internet, par messagerie instantanée ou par SMS. Ces messages sont limités à 280 caractères.
Pour ce qui est de tweet, le Petit Robert fut le premier à le faire entrer dans sa nomenclature sous sa forme anglaise dans son édition 2012. Il l’atteste en 2009 et indique : mot anglais « gazouillis », sans mentionner l’orthographe « twitt ». Il introduit alors, en sous-entrée, tweeter, verbe intransitif, dans le sens de « poster des tweets ». C’est dans son édition 2013 qu’il modifie l’étymologie en précisant «tweet, marque déposée par la société Twitter Inc. ».
Voir par exemple :https://paulcarnet.wordpress.com/2017/03/28/gazouillis-ou-tweet/
Langue véhiculaire : selon Wikipedia, il s’agit d’une langue ou d’un dialecte servant systématiquement de moyen de communication entre des populations de langues ou dialectes maternels différents, tout particulièrement lorsqu’il s’agit d’une langue tierce, différente des deux langues natives. Elle se distingue de la langue vernaculaire, communément utilisée au sein d’une population, sachant qu’une langue peut être à la fois véhiculaire et vernaculaire (par exemple l’anglais à l’international et au Royaume-Uni).
Langue vernaculaire : c’ est la langue locale communément parlée au sein d’une communauté. Ce terme s’emploie souvent en opposition avec les termes de langue véhiculaire, standard, classique ou liturgique (d’après Wikipedia ).
La liste de ces “variantes” de la langue française, est loin d’être exhaustive car à l’évidence notre langue est vivante et sollicitée sans cesse par des évolutions voire des révolutions pacifiques … l’essentiel restant de pouvoir communiquer et échanger avec l’autre et au mieux de se faire comprendre.
Sans doute est-iI salutaire -en la matière- de pouvoir revenir aux sources, celles dont l’Académie française est dépositaire . Voir par exemple, sans compter les items sur la féminisation de notre langue ou l’écriture dite inclusive, les adresses suivantes :
-https://www.academie-francaise.fr/la-langue-francaise/le-francais-aujourdhui
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Acad%C3%A9mie_fran%C3%A7aise
– https://www.academie-francaise.fr/dire-ne-pas-dire
Quoi qu’il en soit et en pareil contexte, on comprendra aisément le propos et l’indignation de la philosophe Catherine Kintzler qui, dans son Blog Mezetulle, interpelle les visiteurs au moyen d’un article paru le 31 octobre 2021. Il est intitulé :
Vous avez dit « maîtrise de la langue » ?
Cent-t-euros ou cent-z-euros ?
Les visiteurs pourront le consulter en cliquant ici ou en allant à l’adresse :
https://www.mezetulle.fr/vous-avez-dit-maitrise-de-la-langue/
Que Catherine Kintzler soit remerciée de nous autoriser à reproduire ledit article en vue de son insertion sur ce site.