Petite chronique nostalgique d’un retour vers le futur antérieur des écoles normales (I)

Les visiteurs intéressés par cette longue histoire initiée par Lakanal en 1794 pourront consulter trois fichiers :
 
Fichier 1 :  Document pdf introductif à cette chronique 
 
Fichier 2 :« Écoles normales du XXIe siècle » : « normales » surtout, « du XXIe siècle », moins     par Jean-Pierre Véran
 
 Fichier 3 : Concours du professorat : Bac+3 pour tout le monde par Lilia Ben Hamouda

“Les enfants du silence”

Tel était le titre (Children of a Lesser God) du film dramatique américain sur le monde des  sourds et malentendants réalisé par Randa Haines, sorti en 1986. Il s’agissait de l’adaptation de la pièce de théâtre du même nom d’après l’œuvre de Mark Medoff ( 1979)  (Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Enfants_du_silence).

Il est repris par  Paul Fleuret dans Golias news dans un article dévolu à l’analyse de « Paternel », un film dramatique français sorti en 2024  réalisé par Ronan Tronchot .

Ce film est  consacré à l’histoire étonnante d’un prêtre-père partagé entre son engagement sacerdotal et spirituel et ses responsabilités familiales… Selon Allociné ; « dans une petite ville du centre de la France, Simon est un prêtre dévoué à sa paroisse. Au cours d’une messe, Louise, qu’il n’avait pas revue depuis son séminaire, il y a des années, refait surface. Elle lui présente Aloé, enfant de 11 ans, dont il est le père. Cette nouvelle va bouleverser son quotidien : peut-il être un bon prêtre pour ses fidèles, et un bon père pour son enfant ? Simon va tenter de convaincre les plus hautes instances de l’Église que sa vocation est compatible avec l’amour paternel » (Cf. https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=299482.

Ce thème relevant des turpitudes cléricales  et contre-turpitudes ecclésiales largement documentées sur ce site notamment depuis la publication du rapport de la Ciase ( 5 octobre 2021) n’y avait guère donné lieu jusqu’à présent à  publication,tant la question fait l’objet d’une omerta au sein  de l’église catholique … sans doute en relation avec le sacrosaint  soi-disant célibat des prêtres.

Pourtant, La Croix du 12 06 2019  titrait « les enfants de prêtre sortent de l’ombre » (cf. https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/enfants-pretres-sortent-lombre-2019-06-12-1201028313)  en soulignant que plusieurs de ces « enfants du silence » racontent leur besoin de reconnaissance et leur souffrance liée au poids du secret. Ils témoignant du fait que le bien de l’enfant et de la mère doit primer et que le prêtre doit abandonner son ministère pour assumer officiellement son enfant !…

Le film en question contribue à faire connaître ce sujet douloureux  relevant  lui-aussi des dérives cléricales et autres emprises  stigmatisées dans le « Rapport Sauvé ». Il ne manque pas dès sa sortie de susciter de nombreuses critiques parmi lesquelles on mentionnera  celle qui suit, mise en ligne sur le site d’Allociné et accessible à l’URL : https://www.allocine.fr/film/fichefilm299482/critiques/spectateurs/ :

« Prêtre à Auxerre, Simon (Grégory Gadebois) se dévoue corps et âme à ses paroissiens. Au beau milieu de l’enterrement de l’un d’entre eux, Louise (Géraldine Nakache), avec qui il avait eu une liaison, douze ans plus tôt, avant son ordination, revient dans sa vie et lui présente son fils, Aloé. Elle lui demande de le reconnaître.

Le cinéma décidément aime à s’emparer des sujets de notre temps. L’Eglise en est un. « Grâce à Dieu » documentait le combat mené par les victimes d’abus sexuels commis par le père Breynat et couverts par l’archevêque de Lyon Philippe Barbarin. « Magnificat », que je n’ai pas vu tant les critiques qui ont accompagné sa sortie l’été dernier étaient cinglantes, avait pour héroïne une femme cachant son sexe pour devenir prêtre.

« Paternel » (qui aurait pu s’appeler « Mon père ») interroge le célibat des prêtres et l’obligation de chasteté « parfaite et perpétuelle » à laquelle ils sont tenus, une règle instaurée depuis le XIème siècle dans l’Eglise catholique. Le droit canonique est plus flou sur une éventuelle paternité. On conçoit aisément qu’elle suppose une violation du devoir de chasteté si la paternité intervient après l’ordination et qu’elle est donc, dans cette hypothèse, interdite. Mais quid d’une paternité intervenant avant l’ordination, par exemple pour des veufs auxquels la procréation dans le cadre du mariage ne serait entachée d’aucun manquement ? Ont-ils le droit de devenir prêtre ou le fait d’avoir des enfants le leur interdit-il ?

Rassurez-vous cher lecteur : « Paternel » ne s’enferme pas dans les arguties juridiques qui font le bonheur d’un conseiller d’Etat en exercice ou d’un vice-président honoraire (dont le rapport sur les abus sexuels dans l’Eglise qu’il a rédigé est dûment cité dès les premières minutes du film) qui en ont devisé ensemble jeudi soir sous la pluie. Beaucoup plus classiquement, « Paternel » décortique le dilemme auquel Simon est confronté lorsqu’il apprend brutalement sa paternité : devoir renoncer à sa vocation pour assumer sa paternité.

« Paternel » a un immense mérite. Il documente avec une grande précision et, autant que j’en puisse juger malgré ma médiocre expérience, sans la caricaturer, la vie quotidienne d’un prêtre. Il en montre la grandeur et les servitudes : les offices qui se succèdent, les sollicitations des fidèles, la vie à la cure, en compagnie d’un autre prêtre (l’excellent Lyes Salem) et de l’intemporelle « bonne du curé » (interprétée par Françoise Lebrun qu’on n’a jamais autant vue sur les écrans que depuis qu’elle approche ses quatre-vingts ans), la solitude sentimentale aussi…

« Paternel » a néanmoins un grave inconvénient : on en connaît par avance l’issue
. Gregory Gadebois est un gros nounours si attachant, la foi chrétienne qui l’inspire est tellement soucieuse de l’Autre et généreuse dans l’amour qu’elle lui porte, qu’on n’imagine pas un instant que Simon puisse fermer sa porte à son enfant. Il suffit de jeter un oeil à l’affiche, à la bande-annonce et à cette critique (!) pour que tout suspense – si suspense il y eût – soit éventé.”

 En réalité il apparaît aussi que   « Enfants du silence, Enfants de prêtre » (i.e.EDS)  est aussi l’intitulé de l’association nationale/ tribune des enfants de prêtre que l’on pourra découvrir à l’adresse : https://enfantsdusilenceblog.wordpress.com/

On découvre ainsi  que « EDS a entamé une discussion avec une Commission de la CEF – Conférence des évêques de France. Et il faut dire que l’atmosphère est bienvaillante.
Lors de la dernière rencontre, un communiqué a été établi. Il demande que les archives des évêchés et des congrégations soient ouvertes aux enfants de prêtres (devenus adultes ) qui désirent en savoir plus sur l’histoire de leur père.
Ladite association souhaite  aider ses requérants  à retrouver leur  identité cachée.

D’autre part EDS a ouvert un second volet de discussion. «  A une époque, lorsque le prêtre avait eu un ou des enfants, un contrat était proposé au prêtre et surtout à la mère. Le prêtre était encouragé à continuer son ministère,  Le contrat stipulait que la mère recevrait un pécule, modeste, pour l’entretien et l’éducation de l’enfant mais elle devait s’engager d’une part à ne parler à personne du père de l’enfant, à ne pas révéler à celui-ci le nom de son père, enfin à garder le secret sur ce contrat. L’omerta complète !
La mère a dû travailler dur pour assurer le soin des enfants, l’entretien de la maison, un travail professionnel indispensable pour garnir la marmite, parce que, double punition, le père n’apportait pas grand secours financier pour la femme et l’enfant ! Depuis l’intervention du pape François disant qu’un père devait en priorité subvenir aux besoins de ses propres enfants, la situation aurait pu changer. Mais ce n’est pas toujours le cas. Certains prêtres ne souhaitent pas personnellement, au-delà des impositions hiérarchiques, que leur procréation soit connue ni qu’elle les connaisse,  au détriment et des enfants et de la mère. On peut s’interroger, « Comment peuvent-ils proclamer un message de libération ? alors qu’ils maintiennent leur compagne (fut-elle d’un jour ou d’une nuit !) et son enfant dans les chaines de la pauvreté matérielle et les privent de l’affection d’un père ? Ah si ! En n’étant que des  fonctionnaires du culte , comme le disait Eugen Drewerman dans un livre paru en 1995 ».

 Ceci état posé, voire révélé, les visiteurs de ce site pourront consulter en cliquant ici l’article de Paul Fleuret intitulé :

« Paternel » : les enfants du silence

Golias news, 10 avril 2024

Le document est égalemement accessible à l’URL :. https://www.golias-editions.fr/2024/04/10/paternel-les-enfants-du-silence/

 Reprenant le propos de l’auteur , il apparaît que : « Je suis allé voir le film Paternel. Surprise : une seule salle de Nantes et agglomération met ce film à son programme et à la séance où j’assiste nous sommes moins de dix spectateurs. Est-ce à dire que le thème ne suscite pas un intérêt très grand – et ce à cause de son thème : un problème de curés ? Fort probable : la vie de l’Eglise catholique importe aussi peu aux Français que celle de la religion tibétaine ou sikh… Il n’empêche que ce film vaut la peine d’être vu car il pose au grand jour un problème largement caché par les autorités ecclésiales. »  

Les visiteurs pourront aussi prendre connaissance du fichier qui lui a été associé , traitant d’une autre souffrance  des « EDS », sans doute plus diffuse (quel euphémisme !). Il s’intitule :

« Testament volé : l’histoire d’Isabelle, enfant du silence » par Jean Combe, Golias news , 23 août 2023

URL . https://www.golias-editions.fr/2023/08/23/testament-vole-lhistoire-disabelle-enfant-du-silence/

Que Christian Terras , rédacteur en chef de Golias soit chaleureusement  remercié de nous autoriser ces deux emprunts.

Apprendre à croire sans fanatisme

Déjà  en  2015, J-M.Muglioni posait la question de savoir ce «  Que signifie enseigner sous protection policière ? »Cfhttps://www.mezetulle.fr/que-signifie-enseigner-sous-protection-policiere/
Ceci faisait suite  à sa réflexion «   sur un paradoxe  » révélé par un  fait divers  : on fait appel à la police pour installer la discipline que l’école ne sait pas faire respecter. Mais cela n’installe pas pour autant l’autonomie véritable de la discipline scolaire. Loin d’un rappel à l’ordre, ce recours est l’indice d’un profond désordre. Une fois de plus, l’école, qui a été rendue incapable de se concentrer sur ses missions propres, est renvoyée à son extériorité. »

Ancien enseignant, cet auteur observait qu’ il se trouvait « dans une position que beaucoup ne comprendront pas : parce qu’il soutenait  la nécessité d’un strict respect de la discipline à l’école et qu’il n’admettait pas que l’école se défausse de sa tâche sur les institutions policières et judiciaires, comme cela se passe aujourd’hui et comme il semble que le ministère de l’Éducation nationale l’envisage officiellement dans sa lutte légitime contre le terrorisme. »

 Neuf années plus tard, J-M. Muglioni apprend dans les medias que l’on se propose d’ instituer « une police spéciale » pour assurer la sécurité des établissements scolaires puisque des fanatiques   se sont donnés l’objectif  de détruire l’Ecole et l’institution républicaine et émancipatrice qu’elle représente . Ceci le conduit  à un nouvel appel à tous les défenseurs de l’école publique où  il rappelle que l’instruction libère les hommes de leurs croyances et leur apprend à croire sans fanatisme.

Les visiteurs de ce site pourront consulter  cet article de J-M. Muglioni  en cliquant ici.

Que Catherine Kintzler soit remerciée pour nous autoriser  ce nouvel emprunt à son blog revue Mezetulle.

Max raconte ses exploits de jeunesse : Une relation précoce et momentanée au tabac .

Initiation  précoce au tabagisme,  addiction à la nicotine  confortée pendant ses études normales et sevrage salutaire en début de parcours professionnel…  le récit des moments marquants de l’expérience  d’un ancien adepte de la « cibiche » ..
Sur ce thème les visiteurs pourront consulter  deux fichiers :
Fichier 1 (pdf). A propos du Tabac et du tabac .
Fichier 2 . L’addiction  par André Le Goff.

Turpitudes cléricales et contre-turpitudes ecclésiales

(suite, avril 2024)

Le décours des nouvelles en  matière de « dérives »  dans les institutions  religieuses  conduit parfois à différer leur mise en ligne sur ce site afin de les examiner  en faisant référence  à la laïcité  républicaine  et à son respect selon les termes de la Loi. Une attention particulière est portée au dossier de suivi des dérives ayant cours au sein de l’Eglise en matière  de pédophilie ,de dérives sectaires et d’emprises à caractère sexuel telles  que documentées sans faiblesse dans le quotidien La Croix que l’on ne peut  a priori accuser de partialité en ces domaines !…

C’est à ce titre que l’on pourra consulter ici-même :

1 . Les écoles où le mérite s’hérite

  Golias news,20 mars 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/03/20/les-ecoles-ou-le-merite-sherite/

Les élites françaises se reproduisent. Elles s’arrogent des cursus sélectifs, qui leur décernent un capital symbolique qui les distingue du commun des mortels. L’affaire Oudéa-Castéra a mis un coup de projecteur sur les écoles de l’élite et les stratégies de la haute bourgeoisie pour y placer leurs enfants. De quoi tordre le cou au mythe du mérite.

 

Si le portrait de la France n’est pas réjouissant, il suit une certaine logique. Une industrie qui a presque disparu après des années de délocalisations et de ventes des fleurons nationaux à des groupes financiers, hexagonaux ou étrangers. Des pans entiers de l’Etat qui ne fonctionnent plus : en totale déshérence, l’école a été transformée en gare de triage ; les délais d’intervention sont si longs aux urgences hospitalières que plusieurs syndicats de soignants évaluent à 1 500 le nombre de morts qui pourraient être évitées chaque année si des moyens en adéquation avec l’activité étaient octroyés. L’hôpital et l’école ne sont que les exemples les plus visibles de l’asphyxie des services publics. Des ‘‘réussites’’ qui résultent d’une politique de réformes permanentes vantée par les élites politiques, qui ne tiennent pas compte des protestations de l’opposition.

Ces élites se félicitent en revanche des records que battent les profits et les distributions de dividendes. Les grands groupes français constituant le CAC 40 ont réalisé près de 154 milliards d’euros de profits en 2023. Un montant inégalé qui a donné lieu au paiement d’un peu moins de 68 milliards d’euros de dividendes et de 30,1 milliards de consacrés aux rachats d’actions. Les profits totalisaient 142 milliards en 2022, à la suite déjà d’une forte poussée. « Il aura fallu aux entreprises du CAC 40 plus de dix ans après la crise financière de 2008 pour franchir la barre des 100 milliards d’euros par an, souligne Arnaud Girod, responsable de la recherche économique et de la stratégie chez le courtier Kepler Cheuvreux (Le Monde, 07.03.24). La crise due au Covid leur a permis de crever ce plafond de verre. Et depuis, elles parviennent à maintenir des niveaux de profits élevés. »

Cette augmentation des inégalités se déroule en totale déconnection d’avec les aspirations populaires, comme le montre le Baromètre d’opinion publié l’été dernier par le service des études et de la recherche du ministère des Solidarités et de la Santé. Il est réalisé chaque année, depuis 2000, auprès de 4 000 Français pour recueillir leur opinion à l’égard de la santé, de la protection sociale et des inégalités sociales. Pour les deux-tiers des personnes interrogée considèrent comme « normal » le montant consacré au financement de la protection sociale (33 % du revenu national). Parmi le tiers restant, elles sont autant à déclarer ce montant excessif qu’insuffisant (17 %).

2. La méritocratie, ce mythe

 Golias news,20 mars 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/03/20/la-meritocratie-ce-mythe/

Après l’épisode Oudéa-Castéra, cette ministre issue du monde du privé et des gros patrimoines, les projecteurs ont été placés à nouveau sur la fabrique scolaire de l’élite et des barrières sociales qui la protège de la concurrence avec la masse de la population. Ces cursus, débouchant sur les écoles de commerce, Science Po et l’Institut national du service public (ex-ENA), permet des carrières dans la haute-fonction publique (ambassades, Cour des comptes, Conseil d’État ou Inspection des finances) ; mais aussi l’accès aux cabinets ministériels, au gouvernement, voire l’Elysée, sans oublier les grands médias ou les postes de direction au sein du CAC 40.

 

Plusieurs livres analysent ces cursus. Celui du Le sociologue Paul Pasquali – « Héritocratie ? Les élites, les grandes écoles et les mésaventures du mérite (1870-2020) », Paris, La Découverte, 2021, 320p. – est important parce qu’il complète la thèse habituelle de l’école de Pierre Bourdieu sur les stratégies des familles bourgeoises en étudiant le rôle que jouent, dans le même sens que ces familles, les grandes écoles et leurs filières sélectives.

 

Au passage, il tort le cou au mythe de la méritocratie, aujourd’hui mais également lors de la IIIe République, une période qui apparait dans le débat public comme l’âge d’or de l’avancement au mérite. Les écoles de l’élite ont toujours combattu les demandes d’ouverture venant de la société. Le Front populaire avait l’ambition de démocratiser l’accès aux hautes fonctions de l’État. Dans sa ligne de mire, l’ancêtre de Science Po. Mais le projet très progressiste de Jean Zay, ministre de l’Enseignement dans le cabinet Blum, a été contré par la droite, les centristes, le patronat, parmi lesquels on comptait un grand nombre d’anciens élèves de cette école.

 

3. Une profonde blessure

Golias news,19 mars 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/03/19/une-profonde-blessure/

Jean-Guy Nadeau est professeur honoraire à la Faculté de théologie et des sciences des religions de l’Université de Montréal. Spécialiste en théologie pratique et en analyse sociale, il est l’un des premiers experts dans le domaine des abus sexuels du clergé. Dans son livre Une profonde blessure1, il expose les conséquences humaines et spirituelles des abus sexuels dans l’Église. Il esquisse également une analyse des causes, le cléricalisme en étant la principale. Les extraits qui suivent concernent uniquement cet aspect.

 

Un cléricalisme tenace

Combien de fois depuis la crise des abus sexuels dans les années 1980 a-t-on entendu le pape ou les évêques dénoncer l’animosité du monde à l’égard de l’Église ou encore affirmer leur foi dans le travail de l’Esprit Saint ? Ces affirmations sont devenues gênantes, surtout le recours à l’Esprit Saint qui guide son Église alors que le monde séculier a compris beaucoup plus rapidement tout le mal fait aux enfants ! Le cardinal Ratzinger, à la veille de son élection comme pape Benoît XVI était plus circonspect : « Il y a trop d’exemples de papes que l’Esprit Saint n’aurait évidemment pas choisis 2. » On parlera donc du cléricalisme comme d’un système puissant qui rend l’Église peu perméable à la Parole ou à la Lumière de l’Esprit. Un système clos dans lequel on se protège contre la vérité. (…)

 

L’Église catholique est gouvernée par une structure hiérarchique dans laquelle les responsables ont très peu de compte à rendre et ne les rendent qu’à des gens comme eux qui sont aussi célibataires et prêtres. Les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires sont entre les mains des mêmes personnes, comme le souligne la Commission royale australienne (vol. 16, t.1, p.44). Ces clercs prennent leurs décisions derrière des portes closes, sans transparence aucune, et gèrent comme ils le veulent les avis d’experts laïcs qu’il leur arrive de consulter, mais qui n’ont aucun pouvoir sur les décisions, à peine leur mot à dire, en fait, et sont exclus de ce leadership ecclésial fermé sur lui-même. Dans cette structure, les nominations relèvent de l’adhésion à la culture et aux fonctionnements de l’Église. (…) Tout se passe pour plusieurs comme si un statut plus élevé dans cette hiérarchie équivalait à être un bon serviteur selon le cœur de Dieu, voire à être plus proche de Dieu.

Le déséquilibre du pouvoir est notable entre les clercs et les laïcs. La constitution Lumen Gentium de Vatican II, pourtant célébrée comme un grand pas en avant par rapport à la mentalité précédente, affirme : « Le Christ Seigneur pour paître le Peuple de Dieu a institué des ministères variés qui visent au bien de tout le corps » (LG 18). Oui, il s’agit bien de paître, et cela reste le vocabulaire actuel ! Ainsi, le pape François convoque les prêtres et les évêques à être « des pasteurs pénétrés de ‘l’odeur de leurs brebis’ », c’est-à-dire « au milieu de leur troupeau3 » Belle image pastorale, mais qui confirme on ne peut mieux la différence radicale dans ce système entre le pasteur et les brebis.

Le gouvernement ecclésial relève d’une monarchie pyramidale sur le plan diocésain comme sur le plan mondial. Bien qu’une certaine supervision soit effectuée par le Vatican (et donc par d’autres clercs), ni les diocèses ni les communautés religieuses n’ont vraiment de compte à rendre, surtout pas à quelque organisation laïque ou civile que ce soit. (…)

 

Le cléricalisme viendrait aussi des laïcs !

À la suite du rapport du grand Jury de Pennsylvanie qui a fait le tour du monde, le pape François a appelé tous les baptisés à lutter contre le « cléricalisme » dont il les fait complices4 : « Le cléricalisme est une attitude négative. Et elle est complice, car elle se fait à deux, comme le tango qui se danse à deux 5. » Le mois suivant, Mgr Aupetit, l’archevêque de Paris, reprenant le propos du pape, demandera lui aussi leur aide aux laïcs dans la lutte contre le cléricalisme, pour lequel il leur attribue une part de responsabilité : « Les fidèles ont peut-être trop attendu du prêtre, projetant sur lui quelque chose qui n’appartient qu’à Dieu 6. » Le propos est choquant. (…)

 

Ce ne sont pas les laïcs qui ont construit la théologie du sacerdoce, de la potestas sacra (puissance sacrée) du prêtre alter Christus (autre Christ). Ce ne sont pas non plus les laïcs qui ont déterminé la formation dans les séminaires. Ce ne sont pas les laïcs qui refusent l’ordination des femmes. Ce ne sont pas les laïcs qui décident de modifier le Droit canonique. Ce ne sont pas les laïcs qui résistent à l’application des demandes de la Commission pontificale pour la protection des mineurs ou même aux normes contre les abus sexuels envoyées par le Vatican aux évêques du monde entier. Et ce sont les laïcs qui peuvent régler cela !

 

Ce slogan qui demande aux laïcs de collaborer est presque indécent. Quelle belle démonstration de cléricalisme, tout en le dénonçant ! Comme si la théologie du ministère ordonné, toute écrite par des prêtres, n’avait pas magnifié la figure du prêtre au-delà de toute décence, en inventant son identité d’alter Christus (autre Christ), puis en la faisant déborder sur tout son être. Comme si c’était un laïc et non le pape Jean-Paul II qui avait magnifié la figure du prêtre, alors que ce dernier était déjà au courant des abus sexuels commis par les prêtres.

 

Heureusement, les laïcs n’ont pas attendu le pape François ou Mgr Aupetit pour apporter leur contribution. Sinon, on en serait encore en 1985, voire en 1960-70, au plus fort des abus. Mais on fait semblant de ne pas voir ce qu’ils ont fait. Ni qu’on leur a constamment résisté. Les laïcs ont dévoilé les abus dont eux ou leurs enfants ont été victimes. Ils ont dénoncé ces crimes dans les (méchants) médias et même au cinéma. Ils ont été l’objet d’opprobres, comme l’ont reconnu les évêques chiliens et le pape François en mai 2018. Ils ont été accusés de calomnie, même par ce pape pourtant sympathique aux victimes. Ce sont des laïcs qui ont été membres de différentes commissions d’enquête aux États-Unis, en Irlande, en Australie, en Allemagne, etc. Ce sont des laïcs qui étaient membres du grand jury de Pennsylvanie, dont le rapport a déclenché la convocation à Rome « sur la protection des mineurs » et la publication du motu proprio Vos estis lux mundi sur la gestion des allégations d’abus. Par ailleurs, ce ne sont pas les laïcs qui peuvent modifier la théologie romaine, fût-elle réputée universelle, le Droit canon, la liturgie, les signes cléricaux, etc. Tout au plus peuvent-ils y participer. Si on les y invite. Si on les écoute sérieusement. Mais ils n’ont aucun pouvoir décisionnel dans le gouvernement ecclésial.

 

Je parlerai donc d’un cléricalisme aveugle sur ses sources et ses constructions théologiques, un cléricalisme fermé à toute critique. Depuis des décennies, des théologiens et des théologiennes dénoncent et analysent le cléricalisme, mais s’en trouvent soupçonnés d’hérésie, voire sanctionnés par la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui paraît cependant moins portée sur la chose depuis l’élection du pape François. (…)

 

La théologie du ministère, le prêtre alter Christus

Le Directoire pour le ministère et la vie des prêtres considère le prêtre comme un frère qui agit au nom du Christ-Tête et pasteur, un père, un médiateur, fils de la Vierge Marie, etc. Les identités s’accumulent, comme c’est la norme dans les textes du Magistère sur les prêtres. On comprendrait que le prêtre lui-même soit perplexe sur son identité. Chose certaine, à tout le moins, il est supérieur à tous, même à la Mère du Seigneur. Pas seulement représentant du Christ mais autre Christ. Dans mon enfance, on racontait que, si la Vierge Marie et un prêtre se présentaient en même temps à une porte, c’est le prêtre qui avait la préséance. Ce n’est jamais écrit ainsi, mais à force de représenter Dieu et d’agir en son nom même à l’extérieur de la fonction sacramentelle, c’est là qu’on arrive. (…)

 

Bien que le terme ne soit pas utilisé comme tel, la théologie d’un changement ontologique du prêtre fait problème à plusieurs. Cette conception théologique n’a évidemment aucun fondement empirique ni même évangélique. Nous sommes dans le domaine de la religion, et non de la foi, et cela pourrait toujours aller. Sauf que cette affirmation porte une lourde dose de supériorité contre laquelle les papes ont récemment réagi, signifiant ainsi que ce sentiment est bien réel et ne constitue pas l’exception. « Les clercs se sentent supérieurs, ils sont très distants du peuple 7 », affirmait le pape François. Il sentait ailleurs le besoin de préciser : « La configuration du prêtre au Christ-Tête (…) n’entraîne pas une exaltation qui le place en haut de tout le reste. Dans l’Église, les fonctions « ne justifient aucune supériorité des uns sur les autres » (8). » S’il faut le préciser, c’est que l’expérience montre le contraire. Même lorsque le prêtre est renvoyé de l’état clérical (l’expression officielle dans le Droit canonique), il ne perd pas ce caractère ontologique, si ce n’est par une décision spéciale du pape. Ce qui suggère que le pape, même hors d’un acte sacramentel, aurait le pouvoir de modifier ontologiquement un être humain. Est-ce le sommet du cléricalisme ou du papisme ? Je ne sais. Quoi qu’il en soit, le prêtre que l’ordination dote aussi d’un pouvoir sacré (sur le plan liturgique), en devient lui-même un être sacré, extrait du monde9, au-dessus, et ce n’est pas sans raison que le pape François demande aux prêtres de sentir la brebis ou la chèvre. Selon cette théologie, ils n’en sont plus. (…)

Devant le spectacle de certaines ordinations, mais surtout la foule de prêtres et d’évêques qui s’y presse parfois, il faudrait penser à des ordinations moins triomphalistes. Tout se passe comme si ce sacrement était le plus important de la vie de l’Église, plus même que le baptême. (…) De telles célébrations contribuent fortement à assurer le statut supérieur du prêtre. Et d’abord aux yeux du jeune prêtre lui-même, pour qui se sont déplacés tous ces gens importants et très occupés. Contrairement aux discours papaux, le prêtre n’est pas un frère parmi les frères. Ce que disent ces célébrations, c’est qu’il est extrait du monde des frères pour devenir un clerc parmi les clercs. Jean-Guy Nadeau, en partenariat avec le blog : Dieu maintenant

1. Jean-Guy Nadeau, Une profonde blessure, Médiaspaul 2020.
2. Cardinal Ratzinger « Entrevue avec Avvenire 1997 », Avvenire, 12 mars 2013
3. Pape François, Homélie, Messe chrismale du Jeudi saint, Basilique vaticane, 28 mars 2013.
4. Pape François, Lettre au peuple de Dieu, 20 août 2018.
5. Pape François, Entretien du pape François avec l’Union internationale des supérieures générales (UISG), Vatican, 12 mai 2016.
6. Mgr Aupetit : « Les fidèles doivent nous aider dans la lutte contre le cléricalisme », Vatican News, 8 sept 2018.
7. Pape François, Homélie devant les membres du Conseil des cardinaux, 13 décembre 2016, n° 104.
8. Pape François, exhortation apostolique Evangelii gaudium sur l’annonce de l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui, 24 novembre 2013, n° 104.
9. Ignace Maduku Ndongala et Ruphin Isay Onkiri, Le sacerdoce : un métier vocationnel ? chap. 2.

 

4. Lâcheté

 Golias news,26 mars 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/03/26/lachete/

Notre président a dit que face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie l’Occident ne devait pas faire preuve de lâcheté. Je pense qu’il a raison face à la situation actuelle. La lâcheté serait le pire des comportements.Elle est pire même, disait Péguy, que la méchanceté effectivement agissante. Car celui qui fait a au moins le courage de faire, tandis que celui qui laisse faire, à son refus d’agir ajoute la poltronnerie. Le silence des pantoufles est pire que le bruit des bottes. Ne pas intervenir quand survient une agression est s’en rendre complice. Et complice, concluait Péguy, c’est pire qu’auteur, infiniment pire. On nous dit que dans un monde désormais multipolaire il n’y a pas lieu de défendre un Occident qui s’est discrédité dans le passé par la colonisation, et en voulant imposer ses valeurs et son modèle à l’ensemble de la planète. C’est un fait que l’Occident porte ici le poids de sa culpabilité, qui peut toujours le pousser à ne pas intervenir dans les conflits extérieurs : ainsi fit le président états-unien Obama en 2013 en Syrie, sans penser que sa décision de non-intervention pouvait pousser le président russe à en profiter pour envahir et annexer la Crimée un an plus tard.

5. « Nous parents catholiques d’enfants homosexuels »

  Golias news,6 mars 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/03/06/nous-parents-catholiques-denfants-homosexuels/

Dans cette interview, des parents fondateurs de Reconnaissance, association de parents catholiques d’enfants homosexuels, racontent leur itinéraire et la genèse de leur association. Comment l’homosexualité de leur enfant a percuté leurs vies de paroissiens engagés et les a menés sur un chemin de conversion, marchant de façon inattendue vers ce que l’Église nomme les « périphéries ». Comment ils veulent donner à voir, à l’intérieur de l’Église, des réalités dignes de l’Évangile. Et à ceux qui les soupçonnent de vouloir détruire les fondements de l’Église, ils répondent qu’ils veulent au contraire agrandir la maison.

 

Golias Hebdo : Comment est née votre association ?

 

Reconnaissance : Tout est parti d’un groupe de parole pour parents et proches de personnes homosexuelles, qui s’est créé il y a dix ans à la Maison des Familles du diocèse de Nanterre. Il s’agit d’accueillir une fois par mois, en compagnie d’une thérapeute, des familles qui, apprenant l’homosexualité de leur enfant, ont besoin de partager leurs interrogations, de se confier, d’échanger autour de leur « coming out de parents », notamment auprès de l’entourage familial et amical.

 

Près de 200 familles sont passées par ces groupes, parfois brièvement, parfois sur plusieurs années. Les histoires se ressemblent : souvent une grande sidération, l’homosexualité étant un sujet invisibilisé, pour ne pas dire diabolisé, dans les milieux catholiques. Les mêmes questions reviennent : est-ce pour toujours ? Suis-je responsable ? Il (ou elle) sera-t-il heureux(se) ? Sans parler du choc du discours de l’Église : au-delà des paroles gênées ou maladroites de certains clercs, les paragraphes du Catéchisme de l’Eglise catholique sur l’homosexualité sont d’une violence inouïe pour des parents. Dans toute famille, toute culture, le chemin est complexe, lorsqu’on se découvre homosexuel. Dans les milieux catholiques, malheureusement, plus la famille est engagée dans l’Église, plus le sujet est inflammable. Nos enfants ont tous été blessés au plus profond d’eux-mêmes par ce qu’ils ont entendu à l’aumônerie, aux scouts, lors de retraites, dans leurs écoles… Ils ont été en grande souffrance, certains ont eu des pensées suicidaires. D’où ce besoin, pour les parents et proches, de se retrouver et de partager, en confiance.

 

G. H. : Peut-on revenir sur ce que vous avez ressenti, vous, au moment du coming out de vos enfants ?

 

Reconnaissance : Nous étions tous des croyants engagés : catéchisme, scoutisme, équipe d’animation pastorale, préparation au mariage, mouvements d’action catholique… Il y avait parmi nous des différences de degrés dans la liberté intérieure par rapport au discours de l’Église, mais, pour tous, l’annonce de l’homosexualité de nos enfants a été d’abord un choc, auquel nous n’étions nullement préparés : notre modèle familial, leur modèle, était exclusivement hétérosexuel. En découvrant une réalité dont nous ignorions presque tout, nous avons dû faire le deuil de tout ce que nous avions pu projeter pour eux, et vécu l’événement dans l’angoisse. Peur pour leur bonheur, pour leur avenir, découverte de ce par quoi ils étaient passés, de leur solitude parfois depuis l’enfance, de leur cheminement jusqu’au coming out… Et puis, il y avait aussi la question du regard des autres, de la religion, de l’interdit, d’un imaginaire homosexuel qui, d’ailleurs, ne correspondait pas du tout à ce que nous observions.

 

À ce choc d’une nouvelle inattendue s’en est ajoutée un autre, et non des moindres. Sur le sujet, l’Église, qui est notre famille et notre maison, ne fait qu’ajouter de la souffrance à la souffrance. Nos enfants nous l’ont tous dit, elle a accentué leur profonde détresse. Cela nous a révoltés : pour nous, l’Église est avant tout le lieu de transmission de l’amour miséricordieux du Christ. Nous nous sommes alors penchés sur les textes. Entre autres, l’encyclique Persona Humana2La lettre aux évêques sur la pastorale des personnes homosexuelles3, et bien sûr le Catéchisme, avec ses fameux paragraphes, qui nous ont stupéfiés : à la fois compassionnels – les pauvres ! – et tranchés – s’ils s’installent en couple, leur conduite est intrinsèquement désordonnée, ils sont en état de péché. Le texte est d’autant plus insultant qu’il catalogue les « actes homosexuels » sur le même registre que la fornication, la prostitution, le viol, la pornographie. Vous voyez le tableau !

 

Interdire à nos fils et nos filles toute vie affective intégrale, pour une orientation non choisie, au risque de leur enlever jusqu’à l’envie de vivre, est mortifère. En mettant ces textes en vis-à-vis du visage de nos enfants, nous entrons dans le vif d’un conflit de loyauté. Comment réconcilier l’amour inconditionnel de nos enfants et rester fidèle à l’Église ? C’est là que se situe toute la raison d’être de Reconnaissance. Parce que l’Église, c’est nous, ce sont nos enfants baptisés, et que nous avons le devoir de témoigner : ce chemin que nous avons fait, aux côtés de nos enfants, les souffrances engendrées par certains discours, cette déconnexion entre la doctrine de l’Église et la réalité, la dignité des chrétiens homosexuels au regard de l’Évangile et des Béatitudes, les rencontres de chrétiens LGBT et leur ferveur magnifique, la possibilité d’un amour stable et respectueux, la relecture de la Bible et la théologie morale sous ce prisme… Comment ne pas les dire haut et fort ? C’est un devoir d’état, de parents et de chrétiens, pour employer une terminologie catholique.

 

6. Violences systémiques dans l’Eglise catholique – apprendre des victimes

  Golias news,28 février 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/02/28/violences-systemiques-dans-leglise-catholique-apprendre-des-victimes/

 

Un anthropologue, une juriste et un théologien1, membres de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique, dans un ouvrage récemment paru , fondent leur approche sur la parole même des victimes, sans intermédiaires. Leur réflexion met en lumière les éléments constitutifs des violences sexuelles au sein de l’Eglise catholique pour penser une nouvelle politique criminelle restaurative qui place la victime au centre.  Elle met en lumière les éléments constitutifs des violences sexuelles dans l’Eglise catholique, et, au-delà, à d’autres institutions.

 

Le point de départ de l’ouvrage Violences systémiques dans l’Eglise catholique : apprendre des victimes est le rapport de la Ciase et la démonstration qu’il apporte du caractère massif des violences sexuelles commises au sein de l’Église. L’essai est destiné à un large public et veut aider à la prise de conscience du désastre que représente pour les victimes d’abord, et pour l’Église catholique romaine ensuite, le caractère systémique des violences sexuelles. Cet essai se veut également un prolongement du rapport de la Ciase en ce qu’il s’intéresse à sa réception dans et par l’Église catholique en France et la société, en prenant en compte ce que la parole des victimes comme savoirs d’expérience provoque sur la gouvernance et la doctrine d’une institution.

La parole des victimes : une expertise sur l’Eglise

Le chapitre premier revient sur la fabrique de la Ciase puis reconstitue, à partir des paroles des victimes qui se sont confiées à la Ciase, la réalité du phénomène des violences sexuelles sur mineurs et personnes vulnérables dans l’Église catholique en France des années 1950 à aujourd’hui, et montre ce qui, pour la Ciase, en fait une « violence systémique ». Pour cela, les auteurs restent au plus près des paroles de victimes et, en restituant le travail de terrain et d’analyse mené par les membres de la Ciase, ils font émerger un autre regard sur l’Église. En effet, les victimes ne se contentent pas de relater des faits, elles apportent aussi une expertise sur l’Église, sa gouvernance, sa doctrine et son rapport à la société, plus de cent ans après la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’État. On y découvre tout à la fois la « banalité du mal » et son caractère systémique, rendu possible par un détournement voire, comme le démontrent les auteurs, un véritable dévoiement de l’autorité et du sacré induisant le déni conforté par le silence des familles. On saisit alors pourquoi si peu de victimes ont porté plainte, les chiffres de la criminalité ne représentant que la partie émergée de l’iceberg.

 

On comprend pourquoi il y eut finalement si peu de répression, tant du côté de l’Église que de la justice étatique. Si ces analyses ont pu être produites, comme le montrera enfin cette première partie, c’est qu’un des aspects majeurs du rapport de la Ciase est d’avoir placé au cœur de la démarche la parole des victimes. C’est tout l’apport de l’anthropologie que d’avoir permis un travail de collecte de témoignages, leur analyse et la co-construction des recommandations avec les victimes. Cette méthode a marqué les esprits. En les écoutant pour apprendre d’elles eten mettant en valeur leur expertise sur les violences qui les ont frappées ainsi que sur le système qui a permis ces violences, la Ciase a ouvert une voie nouvelle dans la compréhension et le traitement des traumatismes institutionnels.

7. Bienvenue au monastère : les Frères de Saint-Jean montent au créneau

  Golias news26 mars 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/03/26/bienvenue-au-monastere-les-freres-de-saint-jean-montent-au-creneau/

 

Très récemment (Cf. Golias Hebdo n°806 ainsi que le site Golias-News dans un article du 2 janvier 204), notre rédaction décryptait l’émission de télé-réalité « Bienvenue au monastère » diffusée sur la chaine de télévision C8 du groupe Canal+ de Vincent Bolloré. Une reprise d’un concept néerlandais importé dans l’Hexagone par la fondation chrétienne Zewatchers branchée « évangélisation ». Une fondation pilotée par Chantal Barry, proche de Vincent Bolloré. On admirera la cohérence d’ensemble. Sauf que pour évangéliser, la chaine a jugé bon d’enfermer six personnalités dans le couvent Saint-Dominique de Corbara en Corse dans des mises en scène pour le moins caricaturales.

 

Mais bien plus grave, la retraite spirituelle (et promotionnelle) de ces personnalités était dirigée par deux « coachs » : sœur Catherine Thiercelin de la communauté des Béatitudes et frère Baudouin Ardillier de la communauté Saint-Jean. Deux entités bien connues pour leurs dysfonctionnements en tous genres (dérives sectaires, emprise, abus sexuels). Pour mémoire, un rapport de 800 pages, sorti en juin dernier à la demande de la communauté elle-même, a identifié 72 frères de Saint-Jean ayant commis des abus sexuels sur 167 victimes. Deux prêtres des Béatitudes ont, par ailleurs, été pointés du doigt par une enquête de La Croix Hebdo pour des agressions sexuelles. Leurs fondateurs avaient déjà été accusés d’abus spirituels et d’agressions sexuelles au début des années 2000.

8.Abus sexuels et emprise : une hémorragie sans fin

  Golias news,20 mars 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/03/20/abus-sexuels-et-emprise-une-hemorragie-sans-fin/

Trois récentes affaires viennent nous rappeler l’immensité de la tâche qui se dresse encore et toujours devant l’Eglise catholique au sujet des abus en tous genres. Le parquet de Paris a annoncé le 8 mars dernier l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « agression sexuelle » à l’encontre de l’abbé Luc de Bellescize. L’homme connaissait jusque-là une certaine exposition médiatique et était connu pour ses contributions dans la presse catholique conservatrice (Famille Chrétienne et la Nef ). Il a également été l’ancien secrétaire particulier de l’ex-archevêque Michel Aupetit, blanchi en septembre dernier des soupçons d’agressions sexuelles qui pesaient sur lui. Selon Le Monde, les faits concernent une jeune femme, majeure au moment des faits qui aurait évoqué une relation toxique et des comportements inappropriés avant une agression sexuelle. Une affaire de plus à gérer pour Laurent Ulrich, à la tête de l’archevêché depuis deux ans, qui récupère l’héritage compliqué de l’ère Aupetit, et qui s’efforce depuis de réagir avec promptitude dans ce type de dossier.

 

Du côté du Lot, la situation de l’abbé de Gouvello a évolué. Evincé de la Cathédrale de Cahors en 2019 pour des « manquements à ses engagements sacerdotaux ». Après une enquête canonique de cinq ans et le classement sans suite de l’enquête pénale, des restrictions sont imposées au curé. Dans un communiqué publié sur le site du diocèse, Laurent Camiade, évêque de Cahors, a annoncé le 3 mars 2024 que « l’abbé de Gouvello continuera d’exercer son ministère de prêtre en respectant les restrictions qui lui sont imposées pour cinq ans, notamment l’interdiction d’accompagner spirituellement et de confesser des femmes. » Ce que ne dit pas le communiqué, c’est que, selon les informations de France Info, l’abbé a été exfiltré à Talence en Gironde. Un grand classique et une situation qui devra être réévaluée dans cinq ans.

 

9. Drôle de Carême à Lagrasse

  Golias news,13 mars 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/03/13/drole-de-careme-a-lagrasse/

L’auteur de ces lignes reçoit bien malgré lui la littérature prolifique de l’abbaye de Lagrasse1, située dans le sud de la France, au cœur du massif des Corbières. Un lieu idyllique, pour des religieux atypiques…

 

Dans ce monde traditionaliste totalement décomplexé, les publications sont nombreuses et particulièrement instructives. La dernière en date vaut son pesant d’or… Il s’agit du calendrier de Carême de nos bons moines, qui prétendent élever « les âmes » en les rendant encore plus soumises aux ecclésiastiques qui en ont la charge. On y demande à pleine voix des prêtres « qui soient des saints, qui nous fassent entrevoir le ciel et même qui nous lavent dans le sang du Christ ». Vision extraordinaire d’un sacerdoce dominant les consciences et les cœurs !

 

Aillet et Valentin en guests stars

Si vous avez la faiblesse, à l’occasion d’une visite du site de l’abbaye, de laisser votre adresse, vous recevrez un livret qui peut vous plonger dans la plus grande des perplexités. D’abord pour le crédit photos, particulièrement soigné. Il s’agit de mettre en scène la vitalité d’une communauté de conquistadores pris sous toutes les coutures avec, auprès d’eux, les « excellents » évêques Aillet et Valentin en guests stars hollywoodiennes. La moitié des images sert donc la gloire d’un triptyque parti à l’assaut du grand Sud : le Père (Aillet), le Fils (Valentin) et le Saint Esprit, toujours présent mais en retrait (le révérendissime père abbé Emmanuel Lefébure)

 

10.Diocèse de Lyon : qui veut faire de Guignol un chariscomique (1) ?

    Golias news,6 mars 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/03/06/diocese-de-lyon-qui-veut-faire-de-guignol-un-chariscomique-1/

Par une lettre aux prêtres de l’évêque auxiliaire Loïc Lagadec du 23 février, les charismatiques dévoilent leur plan d’action pour la prise en main du diocèse de Lyon. Il leur est proposé de s’inscrire à un parcours Alpha « pasteurs selon mon cœur » ; au projet « cœurs d’apôtres » animé par des spécialistes revendiqués en accompagnement « avec une solide expérience à l’international en entreprise » ; à des propositions de « transformation pastorale », avec, au passage, une formation à la Louange (entendue uniquement sur le mode charismatique) et à « la prière des frères » (élément de la panoplie charismatique pour le recrutement) ; à la participation au coaching par Talenthéo (cf. Golias Hebdo n° 733), un redoutable réseau à visée globale pour contrôler (je cite) « les prêtres, les évêques, les religieux et les responsables laïcs par le coaching et l’animation de sessions de formation au service de la conversion relationnelle et pastorale des paroisses, des diocèses et des communautés » ; à se faire suivre par le « coaching diocésain » pour affronter des « situations professionnelles de salariés, de LEME2, de diacres et de prêtres du diocèse ».

 

Un bon fidèle pourrait s’étonner que Golias alerte sur ce qui peut paraître à première vue, moderne et positif, et trouver qu’il est exagéré de râler perpétuellement. Sauf qu’il y a deux sujets qui ne passent pas : premièrement l’enrôlement d’office et en sous-main de l’ensemble de rien moins que le diocèse de Lyon dans la mouvance charismatique qui va ainsi s’imposer progressivement à tous. On fait faire aux grenouilles (de bénitier) l’expérience de la casserole à feu doux ; tôt ou tard elles seront cuites et consommées au beurre aillé et persillé charismaniaque. Il sera impossible de pratiquer sa foi chrétienne autrement qu’en priant en langues et, si on résiste, à se faire envoyer délivrer par des exorcistes improvisés (cf. l’affaire Emmanuel Dumont ou les centres du Chemin Neuf, par exemple) du démon de la résistance qu’on vous aura trouvé. Tous ces groupements de bénévoles, Alpha et tous les bêtas qu’on voudra, sont irradiés non par les rayons gamma mais par le pentecôtisme américain…

 

11. Salon de l’agriculture : de la jachère à la friche politique

  Golias news,6 mars 2024

 

https://www.golias-editions.fr/2024/03/06/salon-de-lagriculture-de-la-jachere-a-la-friche-politique/

 

En déstructurant volontairement le champ politique depuis le début de son premier septennat, le président Macron a créé les conditions d’un profond désordre démocratique dont, après la crise des Gilets jaunes et celle des retraites, celle des agriculteurs montre que les dégâts ne cessent de s’amplifier. « Qu’ils viennent me chercher ! » disait-il pour éluder de s’exonérer de l’affaire Benalla. Au Salon de l’agriculture, la violence a répondu à l’imprudente injonction ! C’est la légitimité du pouvoir démocratique qui a été menacée et insultée en la personne du chef de l’État. « Macron démission » est un cri séditieux, pas une contestation de sa politique. Parce qu’il n’y a plus d’espace politique.

 

Depuis que le gouvernement est aux prises avec certains agriculteurs, le président Macron va quelque peu à l’aveuglette. Impéritie – il n’a rien vu venir malgré son copinage avec la FNSEA –, coups de communication (M. Attal, Premier ministre aux champs sur sa botte de paille), tolérance abusive – et très sélective – les manquements graves à l’ordre public, se sont soldés par une avalanche de promesses irréalisables ou dangereuses pour le bien commun. Et ça n’a pas suffit. Tout au contraire, on a vu les bonnets jaunes de la Coordination paysanne, animée et soutenue par le RN, prendre ouvertement la tête du mouvement et empêcher pendant plusieurs heures le président de la République d’inaugurer le Salon de l’agriculture.

 

Avant ce triste épisode, retiré sur son Aventin, le président de la République a laissé le Premier ministre errer et s’empêtrer dans des promesses de promesses de mesures dont on verrait bientôt les effets. Jeu pipé en défaveur de M. Attal, qui – le bras déjà tordu par l’émeute – ne pouvait faire plus que ce qu’il faisait, d’autant que la FNSEA n’a pas fait un geste pour l’aider un peu… Alors, tombant la veste, le président propose de rééditer le coup du prétendu Grand Débat. Il va tout prendre en charge et réduire les contradictions qui opposent écologistes, agriculteurs, agro-industriels et distributeurs. Tout le monde repartira content. Quels travers de pensée rendent crédibles un tel projet ?

 

12. Crise paysanne : capitulation en rase campagne

 Golias news,14 février 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/02/14/crise-paysanne-capitulation-en-rase-campagne/

Les manifestations de certains agriculteurs et les réponses de l’État montrent et préparent des dérèglements majeurs de la vie démocratique, mettent en péril l’avenir de l’agriculture et de la santé publique. Populisme gouvernemental, cynisme du principal syndicat agricole, récupération par l’extrême droite… Rien de cela n’était imprévisible, puisque l’agriculture est livrée à l’idéologie libérale. La complaisance des médias, leur suivisme, ont rendu inaudibles quelques voix empreintes de respect de la nature et de la dignité humaine et plus conscientes des vrais enjeux. (illustration : sirinapa@123RF.com)

 

Fin novembre 2023, à l’entrée des villes et villages ruraux, beaucoup de panneaux indicateurs ont la tête en bas. Les Jeunes Agriculteurs (JA), affiliés à la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) manifestaient « que l’agriculture marche sur la tête ». Par exemple, les jeunes agriculteurs de l’Auxerrois exposent ainsi leurs revendications : « On demande une pause normative pour arrêter la superposition de normes et réglementations qui sont très lourdes de conséquences sur les exploitations. (…) On est en train de sacrifier la production en Europe et en France au profit de l’importation. De nombreux marchés sont aujourd’hui déstabilisés par la suppression des moyens de production ou par l’absence de normes strictes imposées au moment de l’importation. (…) La production s’écroule au profit de l’importation. »Occupé à séduire la droite par la loi de répression contre les migrants, le gouvernement Borne a dédaigné ce qu’il a tenu pour une rituelle manifestation de la « grogne » ordinaire du milieu agricole, pourtant bien cajolé depuis 2017.

 

Labours, semailles et moissons…

On récolte ce qu’on sème. M. Macron a multiplié les faveurs pour le milieu agricole et rural, sous la coupe de la FNSEA, de lobbies divers et d’un populisme émanant du RN. Cela a ouvert les appétits ! Les subventions ont été octroyées larga mamu aux chasseurs. Elles sont passées de 27 000 € en 2017 à 11 460 000 € en 2021, tandis que l’État refuse obstinément de mettre des limites au « droit » des chasseurs d’occuper la campagne au mépris de la liberté des citoyens de s’y promener le week-end, les mercredis ou les vacances scolaires. Dès 2017, des mesures favorables aux chasseurs sont annoncées : autorisation des réducteurs de son sur les carabines, allongement de la période de chasse à l’oie, baisse du prix du permis de chasse de 400 à 200 euros. Il sera bientôt possible d’acheter des cartouches dans certains bureaux de tabac… De notoriété publique, M. Macron entretient d’excellentes relations avec Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs qui proclame sur son site « défendre la ruralité et préserver la biodiversité ». Ce qui est d’une évidence certaine.

Ce copinage avec le monde de la chasse – manifesté par la réouverture des « chasses présidentielles » – n’est pas exempt de contradictions pour l’Européen convaincu qu’est M. Macron. Les chasseurs sont en effet d’ardents souverainistes dans leurs cantons et réserves. Ils sont particulièrement hostiles à l’Europe pour ses directives « Oiseaux » et « Natura 2000 » qui limitent la possibilité de tirer sur tout ce qui bouge, partout et tout le temps. Pour la campagne des législatives de 2017, LREM et les chasseurs avaient signé un accord dans lequel la mise en cause des normes européennes sur la chasse et l’environnement était inscrite. Avec les mêmes arguments que sur les barrages de tracteurs.

 

13. Abus sexuels : une longue histoire

par

Alexandre Ballario

Golias news,6 mars 2024

Le théologien catholique et historien allemand Ulrich L. Lehner vient de publier son dernier ouvrage, Une chasteté de façade-crimes sexuels dans la Compagnie de Jésus aux XVIIe et XVIIIe siècles (éditions De Gruyter). Interviewé par le site suisse Cath.ch, ce professeur de théologie à la prestigieuse Université de Notre Dame aux États-Unis précise le contenu de l’ouvrage. Les problèmes actuels sont tout sauf inédits… Selon l’auteur, « les jésuites aimaient se présenter comme un ordre particulièrement chaste. Cette mise en scène fonctionnait parce que les cas de violence sexuelle sur les élèves et les membres de l’ordre étaient tenus secrets. Les délinquants étaient tout simplement renvoyés dans le clergé séculier, bien que cela soit contraire aux statuts de l’ordre. En revanche, on a gardé dans l’ordre les abuseurs les plus influents, et on les a couverts ».

 

Impossible donc de ne pas faire le lien avec l’époque actuelle : « Oui, les mécanismes étaient similaires à ceux que nous observons dans la crise actuelle des abus. A l’époque aussi, il y avait des rumeurs auxquelles on ne voulait pas croire. On transférait simplement les gens. Le problème était aussi que les victimes n’étaient jamais considérées en tant que telles. » Des dissimulations à grande échelle : « Pour les jésuites qui étaient professeurs à part entière – et ils étaient peu nombreux – on n’envisageait un licenciement que dans des cas extrêmes. La plupart du temps, on les transférait ailleurs. (…) On ne voulait pas ternir la réputation de l’ordre par un travail de mémoire. Il y avait toutefois aussi des lanceurs d’alerte internes à l’Ordre qui ne pouvaient pas concilier leur conscience avec le fait de rester »insouciants. Ce sont eux qui ont mis en route certaines affaires. »

 

Une thèse qui vient en contradiction totale avec les idées répandues dans les milieux traditionalistes, selon lesquelles les abus dans l’Eglise sont un problème moderne lié à la révolution sexuelle des années 1960. Les abus sont bien un phénomène systémique. Ce que confirme Ulrich L. Lehner : « J’ai en tout cas trouvé de nombreux liens entre l’encadrement spirituel et les abus. Aujourd’hui comme hier, il y avait des lois ecclésiastiques strictes, mais on ne les appliquait pas souvent ou seulement lorsqu’il y avait un risque de scandale public. L’abus sexuel n’est certainement pas un problème moderne. » Et l’historien de rappeler, pour conclure, que le combat est loin d’être gagné : « Le pape François n’améliore en rien la situation. Il suffit de regarder la « réhabilitation » de l’évêque John Nienstedt, il y a quelques semaines. Dix ans après sa démission, les fidèles sont désormais invités, sans une ligne de justification ou de preuve, à faire confiance au tribunal suprême du Vatican, selon lequel il n’y aurait rien eu de vrai dans les accusations portées contre Mgr Nienstedt. » La route est encore longue. Alexandre Ballario

 

14. Ritrit.fr : à boire et à manger

  Golias news, 26 mars 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/03/26/ritrit-fr-a-boire-et-a-manger-2/

Plus de 130 monastères et communautés se sont réunis sur la plateforme internet Ritrit.fr afin de proposer à un public plutôt jeune des retraites spirituelles. Et le but affiché est d’attirer des personnes éloignées de l’Eglise :  « Nous ne voulons pas apparaître comme trop ‘cathos’. Nous faisons aussi attention aux photos et au vocabulaire employés. Par exemple, nous allons montrer des frères ou des sœurs au jardin plutôt qu’en prière à l’église. Car nous nous adressons à un public éloigné de l’Eglise », explique l’un des porte-paroles du site Augustin MarbacherMais attention aux novices, tout n’est pas recommandable puisque la plateforme répertorie de retraites proposées par des mouvements connus pour leur ligne hyper conservatrice et pour avoir abrité des dérives en tous genres : les Chanoines de Lagrasse, la Communauté Saint-Jean ou encore les Chanoines de Saint-Victor. Vigilance est de mise afin de discerner le bon grain de l’ivraie. Golias

 

15. Vatican : l’affaire Rupnik se réveille

        Golias news,6 mars 2024

https://www.golias-editions.fr/2024/03/06/vatican-laffaire-rupnik-se-reveille/

L’affaire Rupnik en était restée à l’annonce du pape, autorisant la levée de la prescription afin qu’un procès puisse avoir lieu1. L’annonce remonte à fin octobre, depuis : silence. Ce silence vient d’être troublé par de méchants perturbateurs. Le 21 février, était organisée une conférence de presse au siège de la Fédération nationale de la presse italienne.

 

C’était la première fois que deux victimes, anciennes religieuses, Gloria Branciani, italienne, et Mirjam Kovac, d’origine slovène, à qui l’on doit le travail en coulisses pour retrouver et réunir les victimes de Rupnik, acceptaient de parler publiquement, après s’être d’abord exprimées sous pseudonymes. « Nous avons décidé de parler pour nous opposer au mur de caoutchouc que les autorités ecclésiastiques ont érigé toutes ces années. » Bishop Accountability étaient les instigateurs de cette conférence de presse. Basée aux Etats-Unis, cette organisation tient, depuis 2003, un registre des évêques impliqués dans la couverture d’abus sexuels du fait de membres du clergé. Anne Barrett Doyle, codirectrice, était présente ainsi que l’avocate des victimes, Laura Sgro.

 

 

Mirjam Kovac explique : « Personnellement, je n’ai pas été abusée sexuellement mais seulement psychologiquement. Pendant longtemps, je n’ai pas vu ce qui se passait autour de moi. Nous étions toutes des jeunes filles pleines d’idéaux. Ce n’est qu’après que Gloria a quitté la communauté de Loyola, à Ljubljana, que j’ai commencé à comprendre. Trois ans plus tard, je suis partie à mon tour. Les sœurs qui sont parties sont nombreuses et beaucoup d’entre elles vivent les conséquences de ce qu’elles ont souffert. »Puis Gloria Branciani a exposé le mécanisme psychologique de l’emprise et ses conséquences : « Je me suis échappée de la communauté en 1993 parce que je voulais mourir et ne plus souffrir. J’avais subi la perte totale de mon identité. Je n’arrivais pas à penser à quelque chose de positif pour ma vie. » Elle a repris en détail ce qu’elle a subi, notamment les traces de ce qui pourrait être qualifié de faux mysticisme : les relations sexuelles à trois « à l’image de la Trinité ». « Si je ne me pliais pas à ses exigences sexuelles, il disait que c’était à cause de mon appauvrissement spirituel. »N’en rajoutons pas, ces faits ont été déjà relatés par Golias quand l’affaire a été révélée2.

 

16. L’Église face à la pédophilie et aux abus sexuels

In La Croix

https://www.la-croix.com/Religion/l-Eglise-face-a-la-pedophilie

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Que Christian Terras, Rédacteur en chef à Golias, soit très sincèrement remercié  de nous  avoir autorisé la reproduction et la représentation  de nombreux articles en ligne  sur Golias news et ses nombreuses sous-rubriques .

A propos de la Loi du 15 mars 2004 et de son 20è anniversaire

On sait qu’elle fut tantôt appelée la loi « sur le voile » tantôt la loi « antivoile » ; ceci étant rappelé, elle demeure jusqu’à plus ample informé  une loi de la République. Elle est chargée  d’encadrer, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les Ecoles,Collèges et Lycées publics.  Elle stipule :

L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

 

Article 1 :


Il est inséré, dans le code de l’éducation, après l’article L. 141-5, un article L. 141-5-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 141-5-1. – Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.
Le règlement intérieur rappelle que la mise en oeuvre d’une procédure disciplinaire est précédée d’un dialogue avec l’élève. »

Article 2


I. – La présente loi est applicable :
1° Dans les îles Wallis et Futuna ;
2° Dans la collectivité départementale de Mayotte ;
3° En Nouvelle-Calédonie, dans les établissements publics d’enseignement du second degré relevant de la compétence de l’Etat en vertu du III de l’article 21 de la loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie.
II. – Le code de l’éducation est ainsi modifié :
1° Au premier alinéa de l’article L. 161-1, les références : « L. 141-4, L. 141-6 » sont remplacées par les références : « L. 141-4, L. 141-5-1, L. 141-6 » ;
2° A l’article L. 162-1, les références : « L. 141-4 à L. 141-6 » sont remplacées par les références : « L. 141-4, L. 141-5, L. 141-5-1, L. 141-6 » ;
3° A l’article L. 163-1, les références : « L. 141-4 à L. 141-6 » sont remplacées par les références : « L. 141-4, L. 141-5, L. 141-6 » ;
4° L’article L. 164-1 est ainsi modifié :
a) Les références : « L. 141-4 à L. 141-6 » sont remplacées par les références : « L. 141-4, L. 141-5, L. 141-6 » ;
b) Il est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L’article L. 141-5-1 est applicable aux établissements publics d’enseignement du second degré mentionnés au III de l’article 21 de la loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie qui relèvent de la compétence de l’Etat. »
III. – Dans l’article L. 451-1 du même code, il est inséré, après la référence : « L. 132-1, », la référence : « L. 141-5-1, ».

Article 3


Les dispositions de la présente loi entrent en vigueur à compter de la rentrée de l’année scolaire qui suit sa publication.

Article 4


Les dispositions de la présente loi font l’objet d’une évaluation un an après son entrée en vigueur.
La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.


Fait à Paris, le 15 mars 2004.


Jacques Chirac


Par le Président de la République :



(1) Travaux préparatoires : loi n° 2004-228.
Assemblée nationale :
Projet de loi n° 1378 ;

Rapport de M. Pascal Clément, au nom de la commission des lois, n° 1381 ;
Avis de M. Jean-Michel Dubernard, au nom de la commission des affaires culturelles, n° 1382 ;
Discussion les 3, 4 et 5 février 2004 et adoption le 10 février 2004.
Sénat :
Projet de loi, adopté par l’Assemblée nationale, n° 209 (2003-2004) ;
Rapport de M. Jacques Valade, au nom de la commission des affaires culturelles, n° 219 (2003-2004) ;
Discussion et adoption le 3 mars 2004.

La mise en application de la dite  loi sur le terrain  a conduit à soulever des problèmes d’une extrême gravité au point où Le Monde du 26 mars 2024  pouvait titrer :
« Lycée Maurice-Ravel de Paris : menacé de mort, le proviseur a quitté ses fonctions »

Cf. https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/26/lycee-maurice-ravel-de-paris-menace-de-mort-le-proviseur-a-quitte-ses-fonctions_6224300_3224.html

En réalité ce journal  rapportait   que “le proviseur, qui avait demandé à des élèves de retirer leur voile au sein de son établissement, avait été la cible de menaces de mort proférées en ligne… ». Quel triste anniversaire pour l’Ecole publique de la République devenue l’Ecole de la peur (cf.Iannis Roder in Franc Tireur n°124 du 27 mars 2024), l’Ecole de l’autocensure prise au piège des « entrepreneurs de l’interdiction du voile islamique » ayant inscrit leur volonté dans la loi de 2004. S’agit-il du boomerang que l’on croyait éviter ? Il n’est plus temps de s’en lamenter…Il s’agit de savoir comment réinstituer l’Ecole et ses maître et, pour y parvenir, comment sauvegarder la laïcité menacée.

Les visiteurs pourront déjà rester informés et prendre connaissance du bilan qui fut établi en juillet 2005, 16 mois après la promulgation de la loi de 2004 bilan présenté  par Hanifa Chérifi, Inspectrice générale de l’Education nationale, publié dans Hommes et migrations,2005,1258, 33-47 (https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_2005_num_1258_1_4391 ).Il leur apparaitra  que des éléments nouveaux , intervenus dans l’intervalle,  ont  grossi le « dossier » ; l’institution scolaire porteuse de la laïcité en est la victime.

Ils pourront aussi consulter, pour remettre les faits en perspective, cinq fichiers  fondateurs dévolus à la question  et qui sont accessibles en  cliquant sur Fichier(s) 1, 2, 3 et 5 ou en se rendant aux URL indiquées :

Fichier 1..Vingtième anniversaire de la loi dite sur le «  voile »  par Gérard Delfau, Mezetulle , 24 mars 2024.

URL. : https://www.mezetulle.fr/vingtieme-anniversaire-de-la-loi-dite-sur-le-voile-par-gerard-delfau/

Fichier 2. Loi de 2004,retour aux sources de la laïcité par Benoît Drouot,LEDDV, 15 mars 2024.

URL. : https://www.leddv.fr/analyse/loi-de-2004-retour-aux-sources-de-la-laicite-20240315

Fichier 3. Laïcité scolaire : une règle claire à valeur éducative par Catherine Kintzler, Mezetulle , 12 décembre 2023.

URL. : https://www.mezetulle.fr/laicite-scolaire-une-regle-claire-a-valeur-educative/

URL. https://www.leddv.fr/analyse/laicite-scolaire-une-regle-claire-a-valeur-educative-20231210

Fichier 4. Dossier 20è anniversaire de la loi du 15 mars 2004 par   Catherine Kintzler, Mezetulle,  27 mars 2024

URL. https://www.mezetulle.fr/dossier-20e-anniversaire-de-la-loi-du-15-mars-2004/

Fichier 5. La loi du 15 mars 2004 a 20 ans : quelques réflexions par Catherine Kintzler, Mezetulle, 27 mars 2024

URL . https://www.mezetulle.fr/la-loi-du-15-mars-2004-a-20-ans-quelques-reflexions/

Pour reprendre le propos de  Catherine Kintzler : « la loi du 15 mars 2004 (interdiction des manifestations ostensibles d’appartenance religieuse par les élèves à l’école publique) a vingt ans. Je n’aurai pas la prétention de retracer l’histoire de cette adoption, me contentant de renvoyer au livre Préserver la laïcité que Iannis Roder, Alain Seksig et Milan Sen viennent de publier sur ce sujet1 et à l’article que Gérard Delfau a bien voulu confier à Mezetulle2. Je propose quelques réflexions, d’abord sur certaines critiques dont cette loi est régulièrement l’objet, ensuite sur sa valeur éducative3 » .

Au final de la célébration-pour le moins discrète- du 20è anniversaire de la loi de 2004 et au moment où s’instaure  dans nos Ecoles, Collèges et Lycées publics un climat d’insécurité sans doute souhaité  par  certains contempteurs de la laïcité républicaine, il ne s’agit point de sombrer corps et âme  dans « le pas de vagues  et l’autocensure » sachant cependant  qu’en 2024    « on  peut mourir d’enseigner en France ».

Que Catherine Kintzler soit chaleureusement remerciée pour ses contributions personnelles en ligne dans son blog revue Mezetulle et pour nous autoriser à reproduire et représenter certains articles de ses auteurs invités.

« La Grande Marie » ,figure emblématique de l’émancipation féminine.

Sur ce site dévolu à l’histoire de la laïcité et  à celle de ses maîtres formés  à l’Ecole normale on a déjà fait paraître un article célébrant la Journée Internationale des Droits des Femmes (Cf. https://asvpnf.com/wpcontent/uploads/2024/03/La-Journee-internationale-des-droits-des-femmes.pdf) .

Compte tenu de l’importance humaine et sociétale des problèmes posés et à résoudre et de  leur prégnance  dans certains medias nous avons eu  l’opportunité d’y revenir à la suite d’une publication dans le quotidien l’Humanité .

 Ceci nous conduit à une nouvelle  mise en ligne permettant de faire  le point sur l’histoire des grandes figures du féminisme international et sur  celle  de   Marie Guillot  ,   largement impliquée dans l’émancipation des femmes françaises au début du 20è siècle alors qu’elle exerçait son métier d’institutrice publique dans le département de Saône- et-Loire.

S’agissant de l’émergence du féminisme international on pourra consulter un article documenté publié par la télévision suisse romande ( URL. https://www.rts.ch/decouverte/monde-et-societe/economie-et-politique/feminisme/9312476-les-grandes-figures-du-feminisme-international.html). On y  met en évidence les contributions éminentes de 10 personnalités :

Christine de Pizan

Christine de Pizan est née à Venise en 1364 et morte au monastère de Poissy vers 1430. Elle est considérée comme la première femme écrivaine de langue française ayant vécu de ses écrits.En 1405, Christine de Pizan écrit La Cité des dames qui est un des premiers ouvrages féminists connu à ce jour. Elle y imagine une ville fortifiée utopique dont chaque pierre serait une femme douée de talents et de vertus. Elle s’oppose ainsi à l’idée, alors largement répandue, selon laquelle les connaissances et le savoir pervertiraient les femmes.

Olympe de Gouges

Olympe de Gouges, née à Montauban le 7 mai 1748, est une femme de lettres française, devenue femme politique. Elle est considérée comme une des pionnières du féminisme français notamment après la publication en 1791 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.Elle s’est également faite connaître en publiant les textes anti-esclavagistes L’Esclavage des Noirs, Le Marché des Noirs ainsi que Réflexions sur les hommes nègres qui lui ouvrirent les portes de la Société des amis des Noirs. Elle est morte guillotinée à Paris le 3 novembre 1793.

Robert Diedrichs (1923–1995)

Clara Zetkin

C.Zetkin (18571933) estune enseignante, journaliste et fem-me politique allemande, figure historique du féminisme et initiatrice de la Journée de la Femme.À Copenhague, en 1910, Clara Zetkin propose, pour la première fois, d’organiser une Journée internationale des femmes afin de militer pour le droit de vote et l’égalité entre les sexes. La conférence réunit une centaine de femmes venues de 17 pays et adopte aussitôt cette proposition, inspirée des manifestations d’ouvrières qui se sont déroulées aux États-Unis en 1908 et en 1909.En 1921, c’est Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine qui décrète la Journée internationale des femmes à la date du 8 mars. Il faudra attendre 1977 pour que l’ONU officialise cette journée.

 

Emmeline Pankhurst

Emmeline Pankhurst est une femme politique britannique féministe. En 1903, elle fonde, avec ses deux filles, l’Union Féminine Sociale et Politique, un groupe de femmes britanniques rapidement nommé suffragettes. Leur slogan: « deeds, not words » traduit « des actions, pas des mots ».Parmi elles, la suffragette Emily Wilding Davison milite en pratiquant la désobéissance civile. Elle est emprisonnée à plusieurs reprises et meurt renversée par un cheval lors d’une action dans un hippodrome.La famille Pankhurst et la Women’s Social and Political Union sont connues pour leurs actions coup de poings, contrairement à l’activisme du groupe les suffragists qui sont plus pacifistes. Bien que très critiqué, le militantisme d’Emmeline Pankhrust est largement reconnu comme un élément décisif pour l’obtention du droit de vote pour les femmes en Grande-Bretagne.En 1918, les femmes britanniques obtinrent le droit de vote à partir de 30 ans. Les hommes pouvaient, eux, voter dès l’âge de 21 ans. L’égalité fut établie dix ans plus tard, lorsque les femmes furent autorisées à voter dès 21 ans en 1928.

commons.wikimedia.org

Emilie Gourd

Émilie Gourd, née le 19 décembre 1879 et morte le 4 décembre 1946, est une journaliste et militante genevoise du droit des femmes, figure importante du féminisme suisse et international.Après avoir suivi des cours universitaires d’histoire et de philosophie, elle rejoint une association féministe nommée l’Union des femmes. Puis, en 1909, elle s’engage au sein de l’Association genevoise pour le suffrage féminin, dont elle deviendra présidente.En 1912, Émilie Gourd fonde le journal Le Mouvement féministe dont elle s’assurera le poste de rédactrice en chef jusqu’à sa mort. Durant cette période, elle multiplie ses activités féministes, jusqu’à être nommée secrétaire de l’Alliance internationale pour le suffrage des femmes en 1923.

 

Simone de Beauvoir

Simone de Beauvoir, née le 9 janvier 1908 à Paris, ville où elle est morte le 14 avril 1986, est une philosophe, romancière, mémorialiste et essayiste française.Simone de Beauvoir est souvent considérée comme une théoricienne importante du féminisme, et a participé au mouvement de libération des femmes dans les années 1970. Son livre « Le deuxième sexe » est un des plus grands livres de la philosophie contemporaine sur le féminisme.

Harling/AFP – Roger Viollet

Marguerite Yourcenar,

 Elle est née le 8 juin 1903 à Bruxelles. D’origine française, l’écrivaine part pour les USA en 1939. Dix ans plus tard, elle obtiendra la nationalité américaine. Poète, essayiste, traductrice et critique littéraire, elle enseigne également la littérature française et l’histoire de l’art.En 1980, elle est la première femme élue à l’Académie française.Marguerite Yourcenar est partisante de la « fraternité humaine » et s’oppose au féminisme qui pense la femme en opposition à l’homme. Elle pense que les femmes sont prisonnières des circonstances sociales. En 1981, l’auteure donne une série d’entrevues sur la condition féminine.

 

Rosa Parks

Rosa Parks, née le 4 février 1913 en Alabama et morte le 24 octobre 2005 à Détroit, dans le Michigan, est une femme afro-américaine qui devint une figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux États-Unis, ce qui lui valut le surnom de « mère du mouvement des droits civiques » de la part du Congrès américain. Rosa Parks a lutté par la suite contre la ségrégation raciale avec Martin Luther King.Elle est devenue célèbre le 1 décembre 1955, à Montgomery (Alabama) en refusant de céder sa place à un passager blanc dans l’autobus conduit par James F. Blake. Arrêtée par la police, elle se voit infliger une amende de 15 dollars le 5 décembre 1955 ; elle fait appel de ce jugement.Un jeune pasteur noir de 26 ans, Martin Luther King, avec le concours de Ralph Abernathy, lance alors une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus qui durera 380 jours. Le 13 novembre 1956, la Cour suprême des États-Unis casse les lois ségrégationnistes dans les bus, les déclarant anticonstitutionnelles.

 

Simone Veil

Simone Veil, née le 13 juillet 1927 à Nice et morte le 30 juin 2017 à Paris, est une femme d’État française.Née dans une famille juive, elle est déportée à Auschwitz à l’âge de 16 ans, durant la Shoah, où elle perd son père, son frère et sa mère. Rescapée du camps de concentration, elle suit des études de droit et de science politique avant d’entrer dans la magistrature comme haute fonctionnaire.En 1974, elle est nommée ministre de la Santé par le président Valéry Giscard d’Estaing, qui la charge de faire adopter la loi dépénalisant le recours par une femme à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), loi qui sera ensuite couramment désignée comme la « loi Veil ». Elle apparaît dès lors comme icône de la lutte contre la discrimination des femmes en France.En 2006 Simone Veil est élue à l’Académie française. Elle entre au Panthéon le 1er juillet 2018.

Malala Yousafzai

Malala Yousafzai est une militante pakistanaise des droits des femmes née le 12 juillet 1997.Elle se fait connaître en 2009, alors qu’elle n’a que 11 ans, en écrivant un blog appelé Journal d’une écolière pakistanaise pour la BBC. Elle y raconte son point de vue sur l’éducation et sa vie sous la domination des Talibans.En 2012, elle est victime d’une tentative d’assassinat par des talibans où elle est grièvement blessée. Cette attaque est condamnée par toute la classe politique du pays. Elle est transférée vers l’hôpital de Birmingham au Royaume-Uni pour suivre un traitement plus poussé. Cette attaque conduit à une médiatisation internationale de Malala Yousafzai.En 2014, âgée de 17 ans, elle obtient le Prix Nobel de la paix avec l’Indien Kailash Satyarthi, ce qui fait d’elle la plus jeune lauréate de l’histoire de ce prix.

 

Marie Guillot (1880-1934) ne fait pas partie de cette liste emblématique et c’est bien dommage car elle-aussi  a joué un rôle éminent dans l’émancipation de la femme française notamment dans la profession enseignante. C’est ce qui ressort de l’article de l’historien Morgan Poggioli paru dans le numéro spécial de l’Humanité du 8 mars 2024 .

Intitulé «  Marie Guillot ,figure de l’émancipation féminine », il fait apparaître son engagement comme première dirigeante de la CGTU  en 1922   et souligne que cette institutrice militante féministe et pacifiste fut pour suivie pour « propagande anticonceptionnelle » en 1927.  En réalité « elle récusait la misogynie et l’idée selon laquelle  le travail des femmes concurrence celui des hommes ».

L’article en question est accessible soit en se rendant à l’adresse Marie Guillot, syndicaliste et figure de l’émancipation féminine – L’Humanité

 

 

Les visiteurs de ce site pourront également consulter  une biographie complète  de la « Grande Marie » en se rendant à l’adresse : https://maitron.fr/spip.php? article87178, notice GUILLOT Marie, Louise. Dite la Grande Marie par Slava Liszek, version mise en ligne le 1er avril 2010, dernière modification le 28 août 2022. On y  souligne entre autres que « née le 9 septembre 1880 à Damerey (Saône-et-Loire), morte le 4 mars 1934 dans une clinique de Lyon (Rhône) ; institutrice, pionnière du syndicalisme enseignant ; féministe, elle fonda la Commission féminine de la CGT ; pacifiste puis, en 1919, chef de file de la minorité révolutionnaire de la CGT où elle mit en place les comités syndicalistes révolutionnaires ; révoquée de l’enseignement en avril 1921, elle fut élue secrétaire de l’UD de Saône-et-Loire, secrétaire générale de la Fédération de l’enseignement (1921-1922) ; secrétaire confédérale de la CGTU (1922-1923) ; elle s’opposa à la subordination de la CGTU au Parti communiste à partir de 1923 ». 

On notera ici que la « Grande  Marie »,  après avoir été lauréate du concours d’entrée à l’Ecole Normale de Châlon,  dut renoncer à la scolarité normalienne pour des raisons personnelles…

Que les responsables de la rédaction de l’Humanité soient chaleureusement remerciés de nous avoir accordé l’autorisation de reproduire et de représenter l’article original de Morgan Poggioli.

L’école et la sociologie sociologisante

Sous  cet intitulé –   aux apparences quelque peu provocatrices- d’un article  paru récemment dans Mezetulle le blog revue de Catherine Kintzler , J-M. MUGLIONI réagissant à l’écoute d’une émission de radio,  revient sur l’idée que la catastrophe de l’école ne s’explique pas par des raisons sociales mais par l’oubli de la vraie nature de l’école.  Selon cet auteur   « l’essence de l’école étant d’instruire, c’est le contenu des savoirs enseignés qui doit servir de principe à tout ce qui se fait dans un établissement scolaire »
Les visiteurs intéressés par cette approche et concernés par la refondation de l’école publique pourront consulter l’article en question
en cliquant ici
Que Catherine Kintzler soit chaleureusement  remerciée pour ce nouvel emprunt !

Anciens élèves-maîtres, nostalgiques de la « petite reine »…

Les deux protagonistes en question, amoureux inconditionnels de « la petite reine », invitent les visiteurs de ce site à consulter le récit de leurs exploits  cyclistes respectifs accomplis-sans concertation préalable- à différents moments de leurs  parcours d’enseignants. Leur cursus normalien, effectué au début de la seconde moitié du 20è siècle ne les préparait pas particulièrement  à une utilisation ludique ou sportive de la bicyclette. En  effet leurs enfances   s’étaient déroulées dans les campagnes finistériennes au moment de l’occupation allemande  où pour des raisons stratégiques ( ?) les vélos en bon état de marche avaient « disparu » de nos contrées. Ce n’est qu’à partir  de la Libération qu’il leur fut donné d’ expérimenter  les joies de la bicyclette  au moyen de nouvelles machines (aux marques restées dans les mémoires telles Stella, Mercier, Glorius, Gitane ou de celles  retrouvées, parfois comme par enchantement, après la fuite  de l’occupant…Mais il faut bien le reconnaître, à l’époque  la bicyclette demeurait un  objet précieux que l’on ne confiait  pas facilement aux enfants. On était encore loin  des plans vélos et autres activités cyclistes développées dans les écoles et les collectivités à la faveur de divers plans citoyens et écologiques de développement durable. On parle désormais du vélo de fonction  mis à disposition des travailleurs en entreprise , vélo devenu un vecteur de décarbonation (quel vocabulaire !) des déplacements des salariés.

Mais la popularité de leur « petite reine »  tient aussi au développement du sport cycliste initié qu’il fut par le Tour de France  (inventé en 1903)  et popularisé par un magazine tel « Miroir Sprint »créé en 1946 par d’anciens Résistants et  dont les images furent fondatrices pour  nos deux protagonistes  et nombre de leurs comparses. Certes  ledit journal glorifait la vision mythique des champions exemplaires des routes du Tour de France suscitant engouement, vocations cyclistes et cyclopédestres. Ce n’était point le temps de l’assistance électrique c’était celui des « jarrets bien garnis » « construits à dure enseigne ».

On renverra les visiteurs à l’évocation poétique de la « petite reine » en les orientant vers l’adresse du   Petit Braquet   (Cf.  https://www.lepetitbraquet.fr/chron24_Michaux.html)

et : https://www.lepetitbraquet.fr/bicyclette-et-poesie.html.)

Ils y apprendront avec Aristide Bruant que :

« Le bicycliste a le cerveau tranquille,
Bon estomac, excellent appétit,
Loin des tracas et du monde imbécile,
Il est toujours frais de corps et d’esprit.
Pédalons donc tous autant que nous sommes,
Tournons, virons, courons dur et longtemps,
La bicyclette améliore les hommes,
Et l’on vivra bientôt jusqu’à cent ans. »

Et avec Jean Mélis que :

« Je sais que toi, ma petite reine,
Ma compagne fidèle et docile,
Comprenais que hors du domicile
On pouvait oublier soucis et peine.

Toujours tu seras au fond de mon cœur
Et ensemble dans notre garage
Nous évoquerons notre jeune âge
Et retrouverons un peu de bonheur.

Tu n’es qu’une simple bicyclette
Mais nous pourrons toujours nous comprendre,
Nous aimer et converser ensemble
D’une façon simple et muette. »

Mais … « petite reine » de quoi, au juste ?

Cette expression remonte au XIXe siècle et tire son origine dans l’histoire des Pays-Bas, au temps du règne de Wilhemine d’Orange Nassau . En effet en 1890, en succession à Guillaume III, la reine, âgée de 10 ans à peine, est à la tête de l’Etat néerlandais.

« Quelques années plus tard, la Presse française en visite, souligna la drôle habitude qu’avait la reine de se déplacer à vélo dans le royaume. C’est ainsi que l’expression «la petite reine à bicyclette » fut reprise par de nombreux journaux français et l’expression « la petite reine » fut adoptée par l’ensemble de la population pour désigner la bicyclette.  Wilhemine deviendra une icône non seulement dans l’histoire de son pays mais aussi dans l’histoire de la bicyclette française ! Mais les visiteurs intéressés trouveront une définition plus complète en se rendant à l’adresse :https://www.sudouest.fr/archives/tour-de-france-2023-pourquoi-le-velo-est-il-surnomme-la-petite-reine-15882253.php. où on remonte à l’histoire de Wildemine en passant par celles du poète  Edmond Haraucourt et du journaliste sportif Pierre Giffard,inventeur du Paris-Brest-Paris de 1200km en 1905 !

Ce sont donc  les contributions originales de nos deux compères de l’ENG de Quimper  qui nous ont orienté vers ces aspects historiques et parfois romantiques de l’histoire de  la « petite reine ». Nous leur savons gré  de nous avoir permis d’évoquer ces effets collatéraux  ayant imprégné durablement tant nos scolarités normaliennes que nos cursus professionnels.

Les visiteurs pourront consulter les deux fichiers suivants d’un simple clic gauche .Ils nous sont parvenus  dans l’ordre de leur présentation :

Fichier 1. Les cyclo randonneurs par André Le Goff.

Fichier 2. Souvenirs vélocipédiques  par Pierre Guinamant, agrémentés d’ un crobar de Max.

Que nos amis André Le Goff et Pierre Guinamant soient chaleureusement remerciés pour leurs nouvelles contributions.

MAYOTTE et le droit du sol

Le droit de la nationalité est un « reflet de l’histoire et de l’idéologie migratoire »… nous en avons le témoignage dans les péripéties et évènements qui  ont cours actuellement à Mayotte( F-101) en relation avec  l’immigration « illégale » qui prend ce territoire ultra-marin pour destination. Ceux-ci donnent lieu  à une profusion  d’articles de presse dans lesquels les citoyens ordinaires (et émancipés) peinent à rester éclairés malgré  bonne volonté et bon sens.  Il  n’est pas question de procéder ici à une revue de presse sur la question mais simplement de pointer quelques articles à ce propos  parus récemment  dans le journal Le Monde  (cf. https://www.lemonde.fr/mayotte/) .Les visiteurs   qui auront  constaté la diversité des points de vue sur la question pourront y avoir accès pour une première analyse :

1.Avec la remise en cause du droit du sol, la crise à Mayotte menace de gangrener un fondement de la Républiqu

Dénoncer la proposition de l’exécutif ne signifie pas nier la nécessité de tenir un discours de vérité et d’apporter des réponses à la crise qui sévit sur l’île.

 

2. Les Comores ont les clés pour résoudre nombre de problèmes affectant Mayotte 

Supprimer le droit du sol sur l’archipel mahorais sera sans efficacité, juge Fahad Idaroussi Tsimanda, spécialiste des questions migratoires, dans une tribune au « Monde ». Selon lui, seule une action concertée avec les îles voisines pourrait endiguer l’immigration massive et la violence à Mayotte.

3.Mayotte au bord de l’effondrement économique

Les entrepreneurs du département alertent sur la situation économique catastrophique et en appellent au soutien de l’Etat, alors que douze barrages étaient encore en place mardi.

 4.Manuel Valls : « Croire que le droit du sol est responsable de la situation insupportable que connaît Mayotte est une erreur d’analyse »

Réformer l’obtention de la nationalité française dans l’archipel constitue une mesure inutile et dangereuse, estime l’ancien premier ministre, qui préconise, dans une tribune au « Monde », d’actionner d’autres leviers pour diminuer l’immigration.

5. Patrick Weil, historien : « A Mayotte, le président choisit de modifier la Constitution, au risque d’un chaos politique, civique et constitutionnel »

Dans une tribune au « Monde », le directeur de recherche au CNRS conteste la pertinence de la réforme de la nationalité souhaitée par le gouvernement et rappelle que ce qui guide la migration dans l’archipel, c’est d’abord la survie, pas le droit du sol.

6. Emmanuel Macron défend la suppression du droit du sol sur l’île de Mayotte, devenue « la première maternité de France »

« Des femmes viennent accoucher [à Mayotte] pour faire des petits Français », avance le chef de l’Etat dans un entretien à « l’Humanité ». Selon lui, il faut « casser le phénomène migratoire » sur l’île « au risque d’un effondrement des services publics ».

7.Droit du sol : Gérard Larcher suggère de ne « pas limiter le débat à Mayotte »

Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé dimanche un projet de révision de la Constitution pour supprimer ce droit dans le 101ᵉ département français.

 

8. Fin du droit du sol à Mayotte : « L’attractivité de notre droit de la nationalité relève assez largement du mythe »

Les professeurs de droit public Marie-Laure Basilien-Gainche, Jules Lepoutre et Serge Slama expliquent, dans une tribune au « Monde », pourquoi le projet du ministre de l’intérieur constitue une rupture fondamentale avec les principes de la République.

Ce qui précède ne peut constituer l’état des lieux de problèmes complexes mais on devine  que  l’une des questions posée aux politiques (elle n’est pas la seule) ayant  à assurer l’ordre  au sein de ce département de la République réside dans l’attribution (ou non) de la citoyenneté  francaise   à toute personne parvenue à s’implanter sur ce territoire ultra-marin au demeurant fort  singulier dans l’archipel des Comores (Les Comores, amputées de Mayotte forment une République fédérale islamique, RFIC)

On peut être tenté de résoudre la question par l’argument juridique républicain tel qu’on peut le trouver formulé  par l’INSEE(Cf.(https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1796) dans un article dévolu à l’attribution de la citoyenneté française en date du 10 février 2022 :

 

« La nationalité désigne un lien de rattachement d’un individu à un Etat donné, instituant tant des devoirs que des droits en contrepartie, de cet individu par rapport à cet Etat. En France, elle est accordée de droit à la naissance dans certains cas (droit du sol, droit du sang) mais peut également faire l’objet d’une demande de la personne.

La nationalité française peut résulter :

·         d'une attribution par filiation (droit du sang) ou par la naissance en France (droit du sol) ;
·         d'une acquisition à la suite d'évènements personnels (mariage avec un Français, par exemple) ou d'une décision des autorités françaises (naturalisation).

La nationalité française est attribuée de plein droit à la naissance :

·         à l'enfant, légitime ou naturel, dont l'un des parents au moins est français (droit du sang) ;
·          à l'enfant, légitime ou naturel, né en France lorsque l'un de ses parents au moins y est lui-même né (double droit du sol).

 

Mais comme  on l’a vu récemment ceci ne semble pas assez explicite , la situation créée continuant à susciter  palabres et joutes  politico-journalistiques tant sur les définitions  de droit du sol et de droit du sang que sur leur applicabilité quand il s’agit de résoudre,entre autres, le problème du respect de l’ordre public  .

On se limlitera ici  au point de vue d’un sage  à savoir :  «  le régime de droit du sol applicable en France aux enfants d’étrangers présents sur notre sol (c’est le cas pour certains enfants présents à Mayotte département français depuis mars 2011) est le suivant  : un enfant né en France de parents tous deux nés à l’étranger et y ayant vécu au moins 5 ans depuis l’âge de 11 ans peut devenir français à sa majorité s’il a sa résidence habituelle en France » ( F.B. ;communication personnelle).

Dans un tel contexte on pourra consulter l’article récent de Dominique Schnapper  intitulé :

Mayotte ; et le droit du sol

paru dans Telos , le 27 février2024 il est accessible soit directement en cliquant ici soit à l’adresse ;

https://www.telos-eu.com/fr/mayotte-et-le-droit-du-sol.html

L’auteure,membre honoraire du Conseil constitutionnel, souligne d’emblée :  « Il y a  deux semaines, une polémique a éclaté quand le ministre de l’Intérieur a évoqué l’éventualité d’une réforme de l’application du droit du sol au cas de Mayotte. Une telle évolution, dont on ne connaît pas encore le détail, mérite d’être mise en perspective: avec les autres pays démocratiques, mais aussi avec les discussions qui ont animé les débuts de la IIIe république et, plus récemment, la période 1980-2000. »

 

 Que Dominique Schnapper soit chaleureusement remerciée  de nous avoir autorisé à reproduire et à représenter l’article qu’elle a fait paraître récemment dans Telos