Contre vents et marées et en dépit de l’Avent en cours (sic !) nous continuons d’accumuler les pièces d’un dossier à charge essentiellement pour l’église catholique .
Les visiteurs pourront consulter avec quelque sidération les longues listes nourries de semaine en semaine tant des rebondissement des « affaires » en cours que de l’irruption de nouveaux scandales défrayant la chronique ;
1. 11 articles pour la semaine du 1er au 7 décembre 2025, avec les sujets suivants :
Collège Ozanam de Limoges (9) Communauté des Béatitudes (40) Congrégation de Bétharram (72) Corref (11) Croix de Dozulé (2) Diocèse de Bayeux-Lisieux (8) Diocèse de Cambrai (2) Diocèse de Limoges (7) Diocèse de Lyon (14) Diocèse de Marseille (5) Diocèse de Nantes (14) Diocèse de Papeete (Polynésie française) (2) Diocèse de Strasbourg (17) Enseignement privé catholique (175) Formation (84) Madeleine Aumont (2) Mgr Jacques Habert (4) Mgr Olivier de Germay (6) Mgr Pascal Delannoy (4) Notre-Dame de l’Abbaye de Chantenay (1) Père Charles Sighieri (4) Père Jean-Michel Verstraete (2) Père Mathieu Hammel (1) Père Noël Ato Nohotemorea (2) Prélature de la Mission de France (4) Prières de guérison et de délivrance (6) Sectes et dérives sectaires (7) Témoignage (24)
Collège Ozanam de Limoges : les premières indemnisations via la CRR
Cinq Limougeauds ont dénoncé des châtiments corporels, des humiliations et des viols.
Comment reconnaître une dérive sectaire ?
Une vidéo extrêmement pédagogique.
Communauté des Béatitudes : le DIAM sous pression
L’association AP21 va devoir expliquer ses méthodes aux conseils de la CEF.
Diocèse de Papeete : l’ex père Noël Ato Nohotemorea condamné
Condamné à quatre ans d’emprisonnement dont un ferme, il fait également l’objet d’une enquête pour viols.
Mgr Habert déclare définitivement non surnaturels et sans origine divine les prétendus « événements dits de la haute butte de Dozulé ».
Le père Charles Sighieri ne respecte pas les sanctions canoniques dont il fait l’objet
« Il a refusé l’appartement qui lui avait été assigné », reconnaît le diocèse.
Le père Jean-Michel Verstraete condamné pour des faits d’agressions sexuelles sur mineurs
Il est condamné à cinq ans d’emprisonnement totalement assortis d’un sursis.
Le père Mathieu Hammel relevé de son ministère
Cela fait suite à l’ouverture d’une procédure judiciaire par le parquet de Strasbourg.
Les vidéos de l’assemblée générale de la Corref
Des interventions de grande qualité à écouter en ligne.
N’éteignez pas l’esprit, […] examinez tout
Le curieux encouragement de Mgr Olivier de Germay.
Notre-Dame de l’Abbaye de Chantenay : le témoignage d’une victime
Cet établissement dépend des Frères de l’Instruction chrétienne de Ploërmel.
2. 11 articles pour la semaine du 8 au 14 décembre 2025, avec les sujets suivants :
Diocèse d’Amiens (2) Diocèse de Créteil (2) Diocèse de Fréjus-Toulon (17) Diocèse de Luçon (4) Diocèse de Nantes (15) Diocèse de Nevers (2) Diocèse de Saint-Dié (2) Diocèse de Strasbourg (19) Diocèse de Tarbes et Lourdes (15) Diocèse du Mans (3) Enseignement privé catholique (176) Etablissement d’Angreviers (Gorges) (3) Formation (85) Maria Stella Matutina (5) Mgr Dominique Blanchet (1) Mgr François Gourdon (2) Mgr Gérard Le Stang (2) Mgr Grégoire Drouot (2) Mgr Jean-Pierre Vuillemin (5) Mgr Pascal Delannoy (6) Mgr Renauld de Dinechin (1) Notre-Dame de Bétharram (45) Père Bruno Delaroche (2) Père Éloi Legrand (1) Père François-Régis Fabre (1) Père Gaston Rouzeau (2) Père Jacques Delfosse (2) Père Mathieu Hammel (2) Père Noël Honoré (1) Père Pierre-Marie Brochery (1) Suisse (18)
Etablissement d’Angreviers : de nouveaux témoignages
Un collectif de victimes a également été mis en place.
La difficile intégration de trois prêtres du diocèse de Fréjus-Toulon dans le diocèse d’Amiens
La médiatisation a contraint Mgr Le Stang à communiquer publiquement.
Les sœurs de Maria Stella Matutina s’implantent en Suisse
Un accueil qui interroge, alors que la communauté reste très décriée.
Mgr Renauld de Dinechin : le souci des victimes d’abus sexuels dans ses priorités
« Je souhaite résolument poursuivre cette mission »
Nomination ratée au diocèse de Strasbourg
Le témoignage de celle qui aurait pu devenir vice-chancelière.
Notre-Dame de Bétharram : résumé de la semaine
10 nouvelles plaintes, et la piste de l’indemnisation via le Fonds de garantie des victimes.
Père Bruno Delaroche : après les sanctions civiles, les sanctions canoniques
Il sera vraisemblablement proposé comme aumônier à une communauté religieuse.
Père Gaston Rouzeau : la cellule d’écoute du diocèse de Nevers peu sollicitée
Mgr Drouot, évêque de Nevers, avait lancé un appel à témoignages.
Père Jacques Delfosse : le communiqué de Mgr Blanchet
Un communiqué extrêmement sobre dans une affaire pourtant hors normes.
Père Mathieu Hammel : l’étrange chronologie des faits
Un départ de paroisse du jour au lendemain en plein été un an avant l’ouverture d’une procédure judiciaire.
Père Noël Honoré : appel à témoignages de Mgr François Gourdon
Ce prêtre est aujourd’hui décédé.
3. les 8 articles pour la semaine du 15 au 21 décembre 2025, avec les sujets suivants :
Abbé Pierre (36) Compagnie de Jésus (18) Congrégation de Bétharram (73) Diaconie de la Beauté (1) Diocèse d’Évry-Corbeil-Essonnes (2) Diocèse de Bayonne (54) Diocèse de Créteil (3) Diocèse de Gap-Embrun (7) Diocèse de Lille (4) Diocèse de Nantes (16) Diocèse de Paris (16) Emmaüs (18) Enseignement privé catholique (178) Etablissement d’Angreviers (Gorges) (4) Institut Sainte-Croix de Riaumont (20) Mgr Jean-Michel Di Falco (6) Notre-Dame de Bétharram (46) Patrick Martin (3) Père Gaël Giraud (1) Père Jacques Delfosse (3) Riaumont (23) Village d’enfants de Riaumont (19)
Abbé pierre : la possibilité de détournements importants de fonds et d’abus sur mineurs à l’étranger
Une enquête du journal Le Monde explore ces deux hypothèses.
Un viol est également dénoncé.
Mgr Jean-Michel Di Falco mis en cause au civil
Il était convoqué devant le tribunal civil de Paris ce jeudi.
Michael Lonsdale était-il sous emprise à la fin de sa vie ?
L’association diocésaine de Paris, « déshéritée », demande la nullité de testaments litigieux.
Notre-Dame de Bétharram : la prescription écartée pour Patrick Martin
Les faits reprochés sont les suivants : « viols aggravés, agressions sexuelles et violences », commis entre 1991 et 2004.
Père Gaël Giraud : le cumul de dérives universitaires et du cléricalisme ?
L’article de Flore Pierson publié dans La Vie a été très commenté cette semaine.
Père Jacques Delfosse : de nouveaux témoignages et plaintes
De plus, le procureur de Lille lance une cartographie nationale des victimes.
Riaumont : l’utilisation d’un bâtiment aménagé en dortoir interdite
Un arrêté a été pris en urgence à la suite d’un contrôle des services de l’État.
4. Dossier de La Croix : l’Eglise face à la pédophilie et aux abus sexuels
· La future archevêque de Canterbury accusée d’avoir mal géré une affaire d’agression
· Vatican : Léon XIV reçoit pour la première fois une organisation internationale de victimes d’abus
-Euphémie
Par
Michel Théron
Golias, 3 décembre 2025
https://www.golias-editions.fr/2025/12/03/euphemie/
C’est une tendance naturelle de l’esprit humain, qui ne se satisfait pas de la vision normale, factuelle des choses, qu’elle recouvre pour s’en protéger d’un voile embellissant. Mais cette intention consolatrice ne doit pas faire oublier la falsification du réel, dans le but fréquent de tromper.
Premier exemple. Récemment une annonce immobilière proposait un minuscule local de 2 m² à acheter dans le XIIᵉ arrondissement, pour la modique somme de 14 000 euros. Le vendeur vantait la possibilité d’en faire un espace « cosy et intimiste ». En réalité sur les photos, le bien, au lieu d’un logement, n’est qu’un petit débarras. L’annonce évoquait pourtant « une opportunité exceptionnelle au cœur de Paris » et un « potentiel incroyable pour une rénovation personnalisée ». (Source : actu.orange.fr, 12/11/2025)
On voit l’incroyable disproportion, entre la réalité de ce qui est évoqué et le discours chargé d’en faire l’éloge, à des fins mercantiles. Les internautes se sont levés en masse pour dénoncer le procédé, et évidemment ils ont eu raison de l’insupportable falsification. Voilement : le voile ment.
… Mais une autre actualité, toute différente, a montré qu’à l’inverse l’euphémie est parfois préférée par beaucoup, tandis que la vision du réel nu suscite leur hostilité. Le général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, a déclaré, lors du dernier Congrès des maires de France, que face à un possible conflit armé impliquant la France « dans trois, quatre ans » il fallait « accepter de perdre nos enfants », trouver « la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est ». Ces propos ont provoqué des réactions très vives au sein de la classe politique, qui les a jugés dangereusement « guerriers ». (Source : actu.orange.fr, 19/11/2025)
Mais qu’a dit ce général de répréhensible ? Au moins a-t-il été franc dans son langage, n’a-t-il pas euphémisé, menti sur le réel qu’il a évoqué. La guerre est toujours possible, et elle tue, c’est évident. Vaut-il mieux éluder ce fait, endormir les gens, les anesthésier par de belles paroles embellissantes ? Ou bien au contraire les réveiller d’une naïve illusion pacifiste ?
Bien sûr il est des cas où l’euphémie est nécessaire pour rendre la vie supportable, et ce n’est pas le lieu de le développer ici. Mais merci à ces deux exemples de m’avoir permis de montrer ses défauts. Michel Théron
Laïcité : en finir avec les 12 idées fausses qui nous égarent
par
Nicolas Cadène
Golias,3 décembre 2025
https://www.golias-editions.fr/2025/12/03/laicite-en-finir-avec-les-12-idees-fausses-qui-nous-egarent/
20 ans après la loi du 9 décembre 1905, la question reste légitime, et les innombrables confusions autour de ce principe républicain partent de la réponse donnée à cette question.
En ce domaine plus qu’en d’autres, chacun·e a souvent tendance à identifier sa propre vision subjective à ce que la laïcité devrait être dans l’absolu. À l’ère de la post-vérité, cela est peut-être encore plus marqué aujourd’hui qu’hier.
La laïcité, c’est, juridiquement, la séparation entre les organisations religieuses et l’État. Il en découle la neutralité de celui-ci — et de l’administration publique en général —, et son impartialité vis-à-vis des citoyen·nes, quelles que soient leurs convictions ou religions. Jusque-là, tout le monde est à peu près d’accord.
Mais allons plus loin : comment s’applique la laïcité sur le terrain ? Qu’est-ce qui est autorisé et interdit ? Qui est soumis à la neutralité et quand ? A-t-on le droit de manifester ses convictions dans l’espace public et, le cas échéant, de quelle manière ? Qu’en est-il de la gestion des faits religieux dans l’entreprise ? D’ailleurs, d’où vient la laïcité ? Comment a-t-elle été pensée ? Est-ce une exception française ? Y a-t-il différentes « laïcités » ?
Toutes ces questions renvoient à des idées reçues largement répandues dans la population. Cela tient aussi au fait que, reconnaissons-le, nombre de prescripteur·trices d’opinion (éditorialistes, chroniqueur·ses, polémistes, intellectuel·les, journalistes, personnalités politiques, etc.) se laissent aller à la petite phrase qui fera le buzz et le clic, ou au culte du clash et de l’immédiateté, renforcé par l’information en continu et les réseaux sociaux ainsi que par leurs algorithmes.
Les Français·es ne sont pas dupes. Ils·elles sont nombreux·ses (67 %) à estimer que « la laïcité est trop souvent instrumentalisée par les personnalités politiques » (sondage Viavoice pour l’Observatoire de la laïcité, 2021), ce qui peut la transformer en élément de conflit ou de divisions, alors qu’elle devrait être un élément de concorde.
Lorsqu’elle est bien comprise et bien appliquée, la laïcité est un trésor et un formidable outil de cohésion nationale, comme le serait l’outil d’un maçon pour bâtir la maison commune. Mais lorsqu’elle est pervertie, c’est cette même cohésion nationale qui en est la première victime.
Alors que la France et le modèle démocratique laïque dans le monde traversent une crise protéiforme et que les tensions sociales sont vives, faisons, collectivement, preuve de responsabilité.
C’est dans ce contexte que le livre En finir avec les idées fausses sur la laïcité (éditions de l’Atelier) connaît une 3ème édition, que j’ai voulu largement augmentée et actualisée, à l’occasion des cent vingt ans de la loi du 9 décembre 1905. Je reviens, le plus précisément et le plus clairement possible, sur des affirmations erronées, répétées souvent sans contestation sur les plateaux télé, les radios, les réseaux sociaux ou dans certaines réunions publiques. Je souhaite qu’il puisse permettre, à toutes et tous, d’y voir plus clair et de participer activement à la pédagogie de la laïcité autour de nous. Car la laïcité se vit et se pratique au quotidien. Bien sûr, certain·es sont plus concerné·es que d’autres : les fonctionnaires, et en particulier les enseignant·es, les élu·es locaux·ales, les encadrant·es des mouvements d’éducation populaire, les responsables associatifs, etc. Mais chacun·e de nous est amené·e un jour à appliquer la laïcité, même parfois sans le savoir : en tant que salarié·e d’une caisse primaire d’assurance maladie, ai-je le droit de porter un signe religieux sur mon lieu de travail ? En tant que responsable d’un culte, ai-je le droit d’organiser une manifestation religieuse sur une place de ma ville ? En tant que candidat·e à une élection, puis-je faire état de mes croyances ? En tant qu’usagère d’une piscine publique, m’est-il possible de venir en maillot couvrant ma tête ? En tant que militaire en opération extérieure, puis-je demander un repas casher ? En tant qu’aumônier·e, m’est-il possible d’aller à la rencontre de l’ensemble des patients d’un service d’hôpital ? En tant que fonctionnaire, ai-je le droit de me rendre à une cérémonie religieuse à titre officiel et dans quelles conditions ? En tant que sportif·ve, puis-je porter en compétition un accessoire pour me conformer à ma pratique religieuse ? Etc.
Ce livre rappelle que, s’il y aura toujours des débats d’idées sur la laïcité et une multitude d’interprétations intellectuelles à son sujet, il n’y a en droit et au regard de son histoire qu’une seule laïcité qui s’applique.
J’essaie ici de l’expliquer et de la décliner sur tous les grands sujets pratiques et d’actualité, en la rendant concrète, vivante, accessible et compréhensible par toutes et tous. Ce que je vous propose, c’est donc, loin des polémiques stériles des plateaux médiatiques, un voyage en laïcité concrète.
Nicolas Cadène
Affaire Abbé Pierre – La machine à secrets
par
Golias, 10 décembre 2025
https://www.golias-editions.fr/2025/12/10/affaire-abbe-pierre-la-machine-a-secrets/
Alors que je m’y étais inscrit de longue date, je décide de ne pas me rendre au Forum mondial des alternatives qui se tient à Poitiers du 17 au 20 septembre 2024. Emmaüs international organise la deuxième édition de ce rassemblement des groupes Emmaüs du monde. J’avais participé, en qualité d’animateur d’ateliers, à la première édition de cet événement, à Genève en 2018, au cours duquel des groupes Emmaüs et des alliés (autres associations, experts et témoins) sont venus échanger sur différentes problématiques dans le but de présenter des solutions contre la misère et l’exclusion, à l’échelle de la planète. Compte tenu de la temporalité des révélations, je considère inepte qu’Emmaüs international puisse se positionner comme une organisation portant une parole crédible contre les grandes injustices de notre temps. Il aurait fallu reporter ce rassemblement d’au moins un an. D’autant plus que quelques jours plus tôt, j’ai une conversation téléphonique stupéfiante avec la présidente d’Emmaüs Europe, Carina Aaltonen. Femme engagée en politique, et à Emmaüs Finlande depuis 1996, elle a exercé dans son pays des mandats de conseillère municipale, de députée et de ministre des Affaires sociales et de l’Environnement au sein d’un gouvernement régional, dans les îles Åland où elle vit. En 2019, alors présidente d’Emmaüs Finlande depuis quatre ans, elle est élue présidente d’Emmaüs Europe. Avec son conseil d’administration, elle vient passer quelques jours pour un séminaire au Centre abbé Pierre – Emmaüs d’Esteville. Elle me raconte alors qu’elle a rencontré l’abbé Pierre a plusieurs reprises et qu’il était « crazy about women », sans me préciser ce qu’elle entendait exactement.
Antiqua et nova : l’Église se penche sur l’IA
par
Michel Labonté
Golias,28 novembre 2025
L’Église catholique a publié cette année une note intitulée Antiqua et nova, portant sur «les relations entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine». Le texte d’une centaine de pages a été rédigé conjointement par le dicastère pour la Doctrine de la Foi et le dicastère pour la Culture et l’Éducation.
Cette publication survient au moment où l’usage des outils d’intelligence artificielle (IA) se répand auprès du grand public, suscitant de nombreux questionnements concernant l’impact de ces technologies dans nos vies quotidiennes et sur l’avenir de l’humanité.
Un changement d’époque
Les travaux de l’informaticien John McCarty, présentés à la conférence de Dartmouth en 1956, furent peut-être les premiers signes clairs d’une volonté de donner à la machine des potentialités d’avancement qui pourraient éventuellement égaler, voire surpasser les capacités d’analyse humaine. Or, ce qui pouvait apparaître comme de la science-fiction est en phase de devenir réalité.
Aujourd’hui, alors que les chercheurs continuent de travailler au développement d’une IA générative, on semble se diriger vers ce que certains scientifiques appellent une « superintelligence » : une IA qui serait capable de « dépasser les capacités intellectuelles humaines » et même de contribuer à la accroître considérablement la longévité humaine en convergeant avec les progrès des biotechnologies.
Face à ce « changement d’époque », où les technologies de l’information viennent bousculer nos façons de travailler, de penser l’éducation, la médecine et même la prise de décision, l’Église catholique affirme qu’il est « d’une importance cruciale d’examiner ses implications anthropologiques et éthiques ».
L’IA est-elle véritablement intelligente ?
L’une des questions fondamentales qu’aborde Antiqua et nova est celle de la différence entre l’IA et l’intelligence humaine. Pour y répondre, les auteurs mobilisent les sources classiques de la philosophie et de la théologie (Aristote, Augustin, Thomas d’Aquin). Celles-ci reconnaissant en l’esprit humain une capacité d’abstraction et d’appropriation personnelle de la connaissance qui le distingue du reste du monde animal. En résumé : « La tradition chrétienne en est venue à comprendre la personne comme un être composé d’un corps et d’une âme, à la fois profondément lié à ce monde et s’étendant au-delà. »
Ainsi compris, les termes «raison» et «intellect» dépassent la simple définition fonctionnelle que tend à leur donner le contexte contemporain. L’intelligence humaine ne se contente pas d’accumuler et de trier des données, elle cherche la vérité, discerne le bien, contemple le beau. Capable de recul critique et de libre arbitre, l’intelligence humaine est donc inséparablement cognitive, intuitive, morale et spirituelle.
Plus que tout, affirment les auteurs, cette intelligence est relationnelle, c’est-à-dire capable de don, de communion et d’amour. Il n’existe donc pas d’équivalent artificiel à l’intelligence humaine, tranche la note : « L’IA ne doit pas être considérée comme une forme artificielle d’intelligence, mais comme l’un de ses produits. »
Pour un usage responsable
Concernant l’utilité sociale de l’IA, le document propose quelques balises susceptibles d’alimenter la réflexion éthique. Les grandes entreprises privées qui développent l’IA et qui la mettent en marché sont conviées à prendre en considération le « développement intégral de l’être humain et de la société », ce qui inclut l’importance du travail humain comme lieu de réalisation de la personne. Tous ces bouleversements technologiques, s’ils n’ont pas d’encadrement éthique, deviennent susceptibles de brimer la liberté humaine et d’affecter la recherche de vérité, avertissent les auteurs.
Soulevant l’exemple des « deep fake » – ces images ou vidéos réalisées par IA et destinées à simuler des gestes ou des paroles de personnes réelles – le document affirme : « Cette tromperie généralisée n’est pas un problème mineur : elle touche au cœur de l’humanité, démolissant la confiance fondamentale sur laquelle les sociétés sont construites. »
Le concept de « dignité intrinsèque de l’être humain » revient tout au long de la note et se décline en plusieurs mises en garde : le danger de «remplacer» l’humain par la machine, d’appliquer aux êtres humains des critères d’« efficacité » empruntés au monde technologique et surtout de « déléguer » à l’IA une responsabilité morale qui revient à la personne humaine. «Ceux qui utilisent l’IA pour effectuer une tâche et en suivre les résultats créent un contexte dans lequel ils sont en fin de compte responsables du pouvoir qu’ils ont délégué», considèrent les auteurs.
De manière plus terre-à-terre, ceux-ci rappellent également que, dans chaque demande faite à l’IA se pose la question de la responsabilité de l’utilisateur face au bien commun. Le texte souligne à ce sujet l’aspect écologique lié à l’IA, laquelle demeure une technologie exigeant la consommation de nombreuses ressources non renouvelables.
Nécessité d’un encadrement éthique
Si Antiqua et nova ne nie pas les avancées positives permises par l’IA, la note formule toutefois de sérieuses mises en garde. Le document souligne le danger que représente à notre époque une fascination excessive pour la technologie, nous faisant oublier que l’IA est «un outil et non une personne».
Contre cette fascination, poursuite le texte, il convient de garder en mémoire que nous sommes toutes et tous « […] appelés à nous impliquer de manière sérieuse et engagée dans le monde, au point de nous identifier aux pauvres et aux souffrants, de consoler ceux qui souffrent et de créer des liens de communion avec tous » rappelle en particulier le texte. À ce titre, la note des Dicastères se situe en continuité avec les grands appels du pape François en faveur de la fraternité humaine.
Au final, Antiqua et nova rappelle que, dans une perspective chrétienne, le développement humain est en péril s’il ne suit pas l’appel à aimer et à servir son prochain, à espérer le Royaume de Dieu hic et nunc et à œuvrer pour la justice sociale et le bien commun. L’humanité dans son ensemble est ainsi interpellée à demeurer vigilante pour que la technologie soit au service de l’être humain et non l’inverse. Michel Labonté – en partenariat avec presence-info (https://presence-info.ca/article/vivre/science/antiqua-et-nova-leglise-se-penche-sur-lia/)
N. B. : Michel Labonté est animateur à l’éducation citoyenne et identitaire en milieu scolaire. Il vit à Hamilton (Ontario) depuis 2012. Il détient une maitrise en théologie de l’Université de Sherbrooke et un D.E.S.S. en théologie pastorale de l’Institut de formation théologique de Montréal (IFTM).
Quand l’Ecole fait sécession
par
Golias, 17 décembre 2025
https://www.golias-editions.fr/2025/12/17/quand-lecole-fait-secession/
Ces dernières semaines, Golias Hebdo s’est penché à plusieurs reprises sur les controversées écoles Espérance Banlieues et Excellence Ruralités. Les deux entités qui possèdent le statut de Fondation ont été créées par la Fondation pour l’école (FPE), elle-même sortie de terre en 2007 pour soutenir les écoles hors contrat, religieuses ou non. Elle se dit aconfessionnelle mais abrite pourtant plusieurs établissements catholiques et soutient de nombreuses autres écoles dont plusieurs sont liées aux intégristes de la Fraternité Saint-Pie-X. Elle compte parmi ses troupes, des contestataires de la forme moderne de l’impôt et de l’Etat, voire de la République et prône une école libre… Un sous-entendu lourd de sens pour cette organisation qui gravite au cœur des réseaux conservateurs et d’extrême droite.
Le groupe Casino au service de l’éducation réactionnaire
par
Alexandre Ballario
Golias , 10 décembre 2025
https://www.golias-editions.fr/2025/12/10/le-groupe-casino-au-service-de-leducation-reactionnaire/
De la fin du mois d’août et jusqu’à la fin du mois de septembre 2025, dans les supermarchés du groupe Casino, les terminaux de paiement par carte bancaire proposaient aux clients d’arrondir au demi-euro supérieur le montant de la note en incitant à « lutter contre le décrochage scolaire » par un don à « l’association Espérance banlieues ». (Cf. Golias Hebdo n°885). Depuis, de nombreuses enquêtes dont celles du média StreetPress ont montré que derrière Espérance Banlieues, se cache une démarche politique ancrée très à droite, qui promeut un modèle d’éducation élitiste auprès d’enfants venus de quartiers défavorisés. Le réseau possède 17 établissements et encadre 1 000 élèves, il entend officiellement « arracher les enfants des banlieues à l’abandon scolaire ». Mais en pratique, ce vivier catholique très conservateur s’efforce de « franciser » les enfants de confessions musulmanes à coups d’uniformes, de marseillaise et d’amour du drapeau. Pour ce faire, il bénéficie du soutien financier de plusieurs acteurs privés (Auchan, Bouygues, Axa, Vinci ou encore la fondation Bettencourt) mais aussi de juteuses subventions de la région Auvergne-Rhône-Alpes de Laurent Wauquiez.
En ce qui concerne le groupe Casino, de nombreuses voix se sont élevées contre le strapontin offert à l’association fondée en 2012 par Éric Mestrallet, proche du catholique d’extrême droite vendéen Philippe de Villiers. Sur les réseaux sociaux, le collectif « Le Mouvement » dénonce le financement par Casino d’un « réseau accusé de racisme, d’humiliations et de violences contre des enfants ». Il appelle à « rompre immédiatement ce partenariat » pour soutenir « des causes réellement inclusives ». Contacté par les journalistes de StreetPress, le groupe Casino n’a pas semblé échaudé par la critique, précisant ne pas vouloir « s’engager dans des polémiques politiques » et disant refuser « d’être instrumentalisé ». Business is business… Par ailleurs, Casino reconnaît que si « Espérance banlieues » est d’abord née à l’initiative de la Fondation pour l’école, liée à la « Manif pour tous », elle est désormais sous l’égide de la Fondation de France, reconnue d’utilité publique, ce qui légitime pour l’enseigne son soutien à cette association qui « répond aux valeurs du
groupe ».
Pourtant, en 2022 déjà, le média OFF Investigation enquêtait au sujet de ces établissements « qui rêvent de franciser les petits musulmans ». En 2023, quatre familles ont déposé plainte contre la direction de l’une des écoles privées hors contrat pour « violences volontaires sur mineurs », « harcèlement moral » et « dénonciation calomnieuse ». Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Pontoise dans la foulée. Contacté par StreetPress, le parquet indique qu‘« aucune suite n’a été donnée à cette procédure qui est toujours en cours ». Autant d’éléments importants dont le consommateur n’a probablement pas connaissance au moment d’appuyer sur un bouton vert devant le terminal de paiement d’un supermarché.
Alexandre Ballario
5. On ne manquera d’effectuer des ajouts à cette liste déjà impressionnante à savoir deux coupures de presse qui nous ont été adressées par des visiteurs bien informés, de surcroît lecteurs du quotidien La Croix :
–Parution du vendredi 5 décembre 2025 : « L’école catholique sous pression » ; soumis à d’importants contrôles des rectorats, les établissements de l’enseignement privé sous contrat se trouvent obligés de préciser le périmètre et l’application concrète de leur « caractère propre » …
–Parution du vendredi 19 décembre 2025 : « La mairie de Paris suspend de nouveau le versement de la dotation du Collège Stanislas ; « la mairie de Paris a annoncé le mercredi 17 décembre 2025, lors d’un conseil municipal,suspendre à nouveau le versement du forfait communal dû à Stanislas, établissement catholique sous contrat. L’établissement privé parisien a saisi le préfet…
Que les rédacteurs en chef des medias concernés par cette parution et notamment Christian Terras (Golias) soient très sincèrement remerciés de nous permettre la reproduction des compilations remarquables qu’ils réalisent au fil du temps.
